LA DIFFERENCE ENTRE UBUHAKE ET UBURETWA.
Rwanda:
L'expansion militaire tutsi et la consolidation socio-politique
Nyiginya
(1350-1895)
Si l'ubuhake était donc un système propre à
l'aristocratie tutsi, il n'en était pas de même pour la structure uburetwa. L'immense majorité du peuple hutu y était
soumise. L'uburetwa consistait en l'obligation
pour chaque homme de travailler deux jours par semaine (et la semaine
traditionnelle ne comptait que cinq jours) au service du chef politico-administra tif (cf. graphique) et cela sans être
payé. Il s'agissait d'une corvée en échange de laquelle il n'y avait aucune
compensation de quelque nature que ce soit. Il aurait été instauré par le Mwami Kigeri IV Rwabugiri et imposé aux cultivateurs hutu comme mesure de
représailles. En effet, raconte la légende, pendant une guerre que Kigeri IV faisait en Ankole, au
sud de l'Uganda, il envoya des troupes hutu, armées d'arcs, de flèches et de
lances, comme avant-garde. Elles rencontrèrent les Banyankole et les Baganda qui, eux, étaient armés de
fusils. Les Hutu périrent en grand nombre ou s'enfuirent. Ensuite, les Tutsi
reprirent le combat; également armés d'armes traditionnelles, ils subirent le
même sort. Le Mwami attribua sa défaite aux Hutu, et
pour les punir, il promulgue l'uburetwa. Les
relations entre Tutsi et Hutu, à l'origine exclusivement de nature économique,
principalement par troc, eurent désormais un caractère de soumission et
d'esclavage des Hutu vis à vis des maîtres tutsi.
En général, les
Tutsi étaient exempts de l'uburetwa, méme s'ils n'appartenaient pas à la noblesse. C'est ainsi
qu'ils acquirent un statut de privilégiés par rapport à la grande majorité des
Hutu. L'uburetwa était la manifestation la
plus humiliante et la plus répandue de la soumission du peuple. L'introduction
de l'uburetwa a signifié pour les Hutu un
profond changement de la société traditionnelle. La réciprocité, qui
caractérisait autrefois les relations, était complètement absente dans l'uburetwa, qui était marqué plutôt par l'exploitation
des pauvres et des faibles de la part des riches et des puissants. L'uburetwa était donc une vraie structure de pauvreté.
Il marquait la soumission totale de la majorité hutu de la population à la
minorité tutsi qui s'était emparée du pouvoir. Ce fut
une forme d'exploitation terrible. Le fardeau de cette corvée, deux jours sur
cinq de travail obligatoire non payé, fut un obstacle énorme pour les hommes,
empêchés de travailler régulièrement et suffisamment leurs propres champs.
Cette tâche incombait donc pour une grande partie aux femmes, qui portaient
déjà la lourde charge du ménage et des enfants. De plus, elles aussi pouvaient
être appelées pour certaines tâches dans la maison du chef. Tout ceci
provoquait une situation de misère sans précédent, la famille ayant à peine
assez de nourriture et devant vivre sous la menace permanente de la famine.
L'uburetwa causait une pauvreté à laquelle personne ne
pouvait échapper et qui gardait le peuple en soumission totale. Mais il existait
en outre d'autres formes de pauvreté pour quelques individus ou familles, qui
étaient encore bien plus menaçantes. Cela concerne la situation des banyaruharo et des bacanshuro.
..."
Nkeka ko ariko byaba byiza
musomye article yose hano :
http://www.inshuti. org/expansio. htm