Jean de Dieu Mucyo responsable de nombreux crimes contre l'humanité.

Par IBUKA-BOSE

Qui est vraiment Jean De Dieu Mucyo ?


Président de la Commission Mucyo, ancien Ministre de la Justice et ancien Procureur Général de la République. Seulement ?

Le professeur André GUICHAOUA nous en apprend plus dans son livre "Rwanda 1994. Les politiques de Genocide à Butare". Editions Karthala, 2005, Paris.

Extrait de l’encadré 26 {Page 306, paragraphe 2- fin Page 307}.

 

"Accessoirement, le nouveau régime élimine ou neutralise ainsi les témoins des exactions commises par l’APR au cours du conflit et plus particulièrement lors de la prise du pouvoir. Les crimes de guerre et crimes contre l’humanité imputables à l’APR furent particulièrement nombreux en juillet et août 1994 dans la préfecture de Butare qui fut livrée à l’arbitraire des militaires, aux actes de vengeance des returnees et plus prosaïquement à l’accaparement par les exilés tutsi « burundais » des biens et des terres dont les propriétaires s’étaient enfuis ou furent assassinés.

 

Dans cette optique, on pourrait rapporter un épisode très précis relaté par divers témoins directs. Le 30 juin 1994, l’APR avait pris le contrôle de Shyanda et, le 1er juillet ses éléments avancés entraient dans la commune de Mbazi via Save. Personne ne les attendait si vite. A la hauteur du secteur Mwulire, cellule Murambi, des soldats de l’APR se rendirent sur la colline de résidence de l’un d’eux à quelque 300 mètres de la route macadamisée et tombèrent entre 15 et 16 heures en pleine réception de mariage de la famille Mussa Kabwana (hutu, Butare, Mbazi). Ils ne supportèrent pas le spectacle des réjouissances et sans aucune sommation, abattirent plus d’une vingtaine de convives avant de regagner leur unité. A Mbazi, comme dans toute la préfecture, une autre période, marquée par une sévère répression et d’innombrables actes de vengeance, s’ouvrait.

 

Le soldat originaire de cette colline s’appelait Jean de Dieu Mucyo (tutsi, FPR, Butare, Mbazi).

Sauvé le vendredi 8 avril avec une trentaine d’autres Rwandais tutsi par le major Pascal Ngirumpatse (Hutu, FAR, Butare) qui les transféra à l’Hôtel des Mille Collines, il gagna les rangs du FPR au cours de la guerre, il subit une formation accélérée et fut affecté en mai comme aide de camp du Lieutenant Colonel Augustin Tuhagara (tutsi, APR/FPR, Ouganda), un des adjoints du colonel Charles Muhire (twa, APR/FPR, Ouganda), commandant de la 101ème unité. À la fin juin, à Gitarama, les éléments de 101ème, de la 157ème et de la 59ème unité qui avaient une formation de juriste furent regroupés pour constituer la base d’une future gendarmerie susceptible d’assurer le maintien de l’ordre dans les zones conquises et d’établir des enquêtes pour les futurs parquets. A partir de Gitarama, le soldat Mucyo, devenu sergent, conduisit ensuite de nombreuses enquêtes. Sans cadre hiérarchique formel, toujours en mouvement et sans cesse sollicité en tant que rescapé originaire de Butare, il disposa de larges marges de manœuvre pour mener des opérations de « maintien de l’ordre » dans le cadre de ses fonctions ou à titre personnel. Il fit rapidement l’objet d’accusations pour ses méthodes expéditives, et participa, selon plusieurs témoins, à des massacres collectifs de civils hutu organisés alors par l’actuel général Fred Ibingira, (commandant de la division centre Kgali-Gitarama). Pour mettre fin à ces accusations, il fut rapidement nommé au ministère de la justice comme chargé des enquêtes et instructeur à l’EGENA de Ruhengeri. En 2005, lors de la rédaction de ce chapitre, il occupait les fonctions de Procureur général de la République Rwandaise, poste auquel il accéda après avoir été Ministre de la Justice de Février 1999 à Septembre 2004".

 

Note de la rédaction :

Jean de Dieu Mucyo est notamment responsable de l’enlèvement suivi d’assassinat d’Élodie Nkundabagenzi, tutsi veuve de feu Bonaventure Nkundabagenzi, hutu, ancien directeur de la Banque commerciale du Rwanda à Butare.

Le professeur André Guichaoua qui a témoigné comme expert dans plusieurs procès du TPIR et dont nous connaissons la probité devrait rendre publics tous les témoignages qu'il détient à charge du soldat Jean-de-Dieu Mucyo. La place de ce dernier est à Arusha et non à la tête d'une commission chargée de blanchir les crimes de ses supérieurs militaires.