Assassinat commis par
le FPR de 22 ecclésiastiques catholiques rwandais entre le 21 avril et le 5
juin 1994 : crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre
l'humanité : quatorzième anniversaire.
par Dr. Jean-Paul PUTS
Il y a quatorze ans, des meurtres systématiques de
prêtres catholiques rwandais et étrangers ont été perpétrés par le FPR dans le
secteur sous son contrôle exclusif.
Les cellules de Nyabisindu,
Rukiri et Kimironko à Remera-Kigali ont été investies par les Inkotanyi
du 3 Bn qui sont sortis du C.N.D.
au cours de la nuit du 06 au 07 avril 1994, aux ordres du lieutenant-général
Charles Kayonga (GAMU06 ; JLBR03 ;
DFAM09) et du colonel Charles Karamba
(GAMU17 ; DFAM34). Le 12 avril 1994, l'unité Alpha Mobile aux ordres du
colonel Sam « Kaka »
Kanyemera fait la jonction avec le 3 Bn au C.N.D. Au cours de leurs
opérations conjointes, ils ont, le 13 avril 1994, laissé se commettre le
meurtre de 17 ecclésiastiques et fidèles catholiques au Centre Christus,
situé à Remera. Après avoir laissé perpétrer ces
massacres ciblés qui servaient leurs intérêts, les Inkotanyi
ont transformé le Centre Christus en champ de mines antipersonnel pour protéger
le front oriental de leurs positions.
Le 23 avril 1994, neuf ecclésiastiques la Paroisse
de Rwesero ont été assassinés à Karushya par les rebelles du FPR aux ordres du lieutenant-colonel
Martin Nzaramba (GAMU13), commandant de la 21
Mobile Unit, lors de sa progression vers le sud, accompagnant dans la mort
trois religieuses et de nombreux paroissiens civils. L'officier D.M.I. Anthony Rusagara a
supervisé ces massacres. Les prêtres sont :
·
l'abbé Joseph HITIMANA, recteur du Petit Séminaire de Rwesero,
·
l'abbé Fidèle MULINDA,
·
l'abbé Faustin MULINDWA,
·
l'abbé Athanase NKUNDABANYANGA, Econome général du
Diocèse de Byumba, ainsi que
·
l'abbé Gaspard MUDASHIMWA,
·
l'abbé Christian NKILIYEHE,
·
l'abbé Alexis HAVUGIMANA,
·
l'abbé Célestin MUHAYIMANA et
·
l'abbé Augustin MASHYENDERI.
Le 2 juin 1994, les Inkotanyi
se lancent dans la phase finale de l'attaque de Kabgayi
en bombardant la colline de Fatima qui surplombe la ville et où sont retranchés
les derniers défenseurs FAR. Deux compagnies de la 157 Mobile Unit progressent
rapidement vers Kabgayi en contournant Fatima, celle
aux ordres du major Wilson Kazungu, et celle
aux ordres du capitaine Willy Gabage. C'est
ainsi que, progressant vers le centre stratégique de Kabgayi,
ils découvrent environ 30.000 réfugiés en majorité Tutsi, rassemblés dans le
couvent. Dès la prise de la ville, le lieutenant colonel Fred Ibingira vient dans le quartier de l'évêché. Il
constate que les Inkotanyi sont mêlés à la foule avec
laquelle ils lient conversation. Il ordonne aux commandants de donner des coups
de chicotte à ces Inkotanyi et leur interdit de se
mêler à la foule. Il découvre alors le grand nombre de prêtres et d'évêques
rwandais : personne n'a fui, ni vers les axes de Ngororero
ou de Kibuye qui n'ont pas encore été investis par le
FPR. Sont alors restés sur place pour surveiller les V.I.P. : ·
la garde personnelle du lieutenant colonel Fred Ibingira,
·
les agents du D.M.I. aux ordres du major Wilson Gumisiriza, dont le capitaine ougandais Rabooni Okwiiri, le lieutenant
Innocent Kabandana, le lieutenant Peter Kalimba, et une poignée de leurs tueurs,
·
des soldats de l'état-major de la 157 Mobile Unit, dont le spécialiste en
artillerie lourde et en manipulation de missiles sol-air, le lieutenant Patrick
Kamaramaza et ses subordonnés,
·
les gardes du corps du major Mubarakh,
ainsi que
·
des militaires de la compagnie du major John « Kawaïda » Tibesigwa.
Pendant
ce temps, le spécialiste en télécommunications HF de la 157 Mobile Unit, le
lieutenant Muvunyi, prit contact avec le
signaleur du général major Paul Kagame, le sergent
Shaïja Steven. La communication établie entre la
157 Mobile Unit et « ZERO BRAVO », le lieutenant colonel Fred Ibingira informa le général major Paul Kagame
de la présence du grand nombre de déplacés internes et des ecclésiastiques. Il
reçut du boss l'ordre d'éliminer les religieux mais de façon discrète et à
distance des réfugiés. Le même jour à 02:30 pm, les religieux sont escortés à
l'école des infirmières de Kabgayi. Le soir, après le
coucher du soleil, l'archevêque et les évêques sont conduits sous escorte à
l'évêché et reçoivent l'ordre d'emmener avec eux quelques effets personnels
dans un petit baluchon. Ce stratagème avait pour but de ne pas éveiller les
soupçons parmi la foule des déplacés. Peu après leur arrivée auprès des autres
religieux, l'ensemble du groupe d'ecclésiastiques reçoit l'ordre d'aller
étudier le problème de la sécurité du couvent de Kabgayi.
Les agents du D.M.I. sous les ordres du lieutenant
Innocent Kabandana, ainsi que l'escorte du major
Wilson Gumisiriza les accompagnent dans la nuit. La
compagnie du capitaine Willy Bagabe surveillaient le
noviciat et empêchaient tout passage de témoins. En sa qualité d'agent de
renseignement DMI, le sergent John Butera a évacué avec six soldats à
ses ordres tous les religieux appréhendés vers la maison communale de Ruhango, en catimini et en pleine nuit, officiellement pour
« assurer leur sécurité ».
Ces religieux sont restés enfermés à Ruhango
jusqu'au dimanche 5 juin 1994 avant-midi. Ils ont ensuite été conduits au
noviciat des Frères Joséphites de Kabgayi.
Cette technique de déplacement des religieux d'étape en étape est digne de la classique technique du voleur chinois qui déplace
petit à petit un objet convoité jusqu'à ce qu'il ne soit plus à portée de vue
du propriétaire distrait par diverses galipettes. Le FPR l'applique aussi aux
prisonniers politiques et aux otages emprisonnés en les déplaçant régulièrement
de prison aux quatre coins du pays, de sorte que tout contact est rompu avec la
famille et les amis, jusqu'au moment opportun où on les fait disparaître. Vu la
présence de religieux Tutsi, le lieutenant colonel Fred Ibingira
reprit contact HF avec le général major Paul Kagame
qui lui confirma l'ordre d'extermination.
Le 5 juin 1994, vers 19 heures, les treize
ecclésiastiques catholiques rwandais étaient rassemblés dans le réfectoire du
Noviciat des Frères Joséphites dans la paroisse de
Gakurazo, en attendant la prétendue réunion de
sécurité. Cette tactique nocturne fait partie des prolégomènes mensongers
classiques du FPR en vue de commettre des assassinats extralégaux. La manière
avec laquelle la phase finale de cette opération a été exécutée, est typique
des Inkotanyi, lesquels se nommaient initialement
« Inyeenzi », les « cancrelats »
qui surgissent en silence et agissant ensemble de nuit pour razzier la
nourriture. Ces ecclésiastiques martyrs étaient :
·
Mgr Vincent NSENGIYUMVA, archevêque Hutu de Kigali,
·
Mgr Joseph RUZINDANA, évêque Tutsi de Byumba,
·
Mgr Thaddée NSENGIYUMVA, évêque Hutu de Kabgayi et
président de la conférence épiscopale rwandaise,
·
Mgr Jean Marie Vianney RWABILINDA, vicaire général Hutu du diocèse de Kabgayi,
·
Mgr Innocent GASABWOYA, ancien vicaire général Hutu,
·
l'Abbé Hutu Emmanuel UWIMANA, recteur du Petit
Séminaire,
·
l'Abbé Hutu Sylvestre NDABERETSE, économe général,
·
l'Abbé Hutu Bernard NTAMUGABUMWE, représentant préfectoral
de l'enseignement catholique,
·
l'Abbé Hutu François Xavier MULIGO, curé de la
cathédrale de Kabgayi, avec
·
son vicaire Hutu Alfred KAYIBANDA et
·
son vicaire Hutu Fidèle GAHONZIRE, tous du même
diocèse,
·
l'Abbé Tutsi Denis MUTABAZI du diocèse de Nyundo ainsi que
·
le Frère Tutsi Jean Baptiste NSINGA, Supérieur Général
Tutsi des Frères Joséphites.
C'est dans ce local exigu que ces martyrs ont été impitoyablement
massacrés vers 19 h 10 par un peloton d'exécution de six membres du FPR, dont
les noms de quatre sont connus. Un seul prêtre, l'abbé Vénuste Linguyeneza, a réussi à s'enfuir de la salle lors de
la fusillade en se sauvant par une porte arrière. D'après lui, « ceux
qui étaient près de la porte, comme Sylvestre NDABERETSE, étaient réduits à de
véritables passoires. Toutes les victimes étaient allongées et avaient reçu le
coup de grâce, une balle dans la tête. RWABILINDA et GAHONZIRE avaient même les
yeux crevés » [Dialogue, n°213, 1999, pp.79-88].
Le témoin TAP-043 du juge espagnol Don Fernando Andreu
Merelles (DFAM) a identifié les commandants qui sont
intervenus directement au cours de cette opération, signalant les suivants, par
grade hiérarchique décroissant :
-
général major Paul Kagame (DFAM00 ;
JLBR00 ; GAMU01),
-
colonel Fred Ibingira (DFAM04 ;
GAMU05), Commanding Officer
du Bataillon 157 Mobile Unit, sous les ordres stricts du général-major
Paul Kagame,
-
colonel Erik Murokore (DFAM12 ;
GAMU08 ; JLBR), adjoint au Commanding Officer du Bataillon 157 Mobile Unit,
-
capitaine Wilson Gumisiriza (DFAM24 ;
GAMU10), officier du D.M.I au sein du 157 Mobile
Unit, et
-
capitaine Willy Bagabe (DFAM25), officier du D.M.I., adjoint du précédent.
Le témoin TAP-043 du juge espagnol Don Fernando Andreu
Merelles (DFAM) a identifié deux des six tireurs qui
ont assassiné les ecclésiastiques catholiques le 5 juin 1994 :
-
lieutenant Wilson Gaboniza (DFAM26) et
-
caporal Samuel Karenzezi alias « Viki » (DFAM27).
Le lieutenant colonel Fred Ibingira avait
aussi ordonné initialement au capitaine Willy Bagabe
d'abattre les religieux, ce qu'il ne fit pas personnellement quoiqu'il donna
lui-même l'ordre d'ouvrir le feu, tout en restant à l'extérieur de la maison.
Il faut y ajouter le témoignage indirect du lieutenant (rtd/xld) Joshua « Abdul » Ruzibiza
et le témoignage direct de l'abbé Vénuste Linguyeneza, survivant de ces massacres, qui citent
d'autres militaires de la 157 Mobile Unit comme membres du peloton
d'exécution :
-
sous-lieutenant Patrick Kamaramaza et
-
sergent John Butera.
Il est important de recadrer ces événements
intolérables dans la stratégie de progression des troupes du FPR en 1994, après
leur coup d'Etat militaire contre l'Etat rwandais et le gouvernement du
président Juvénal Habyarimana. La 157 Mobile Unit s'est signalée comme
opérateur systématique de massacres discriminés et indiscriminés tout au long
de son parcours de conquête du pouvoir après le coup d'Etat du 06 avril 1994
perpétré par le High Command du FPR aux ordres du général-major Paul Kagame.
L'itinéraire de cette unité criminelle fut : axe Mulindi-Kibungo,
puis axe Kibungo-Bugesera en passant par Mayange, Gako, Nzagwe et Ruhuha (24 mai) en commune
de Ngenda, puis le pont Rwabusoro,
puis commune de Muyira, Nyabisindu
(29 mai), Kabgayi, Gitarama
pour bifurquer vers Butare et le secteur Turquoise.
Dans le sillage de la 157 Mobile Unit, suivaient deux pelotons de tueurs
encadrés par trois sous-officiers du D.M.I., les sergents
Dieudonné Rukeba, Mathieu Ntegano
et Burabyo, aux ordres du lieutenant
Wilson Ukwishaka. Le chef militaire de la 157
Mobile Unit était le lieutenant-colonel Eric Murokore.
Lors de la progression ultérieure vers Butare, la 157
Mobile Unit se joignit à la jeune 15 Mobile Unit aux ordres du capitaine
Paul Katabarwa, détaché de la 157ème,
l'ensemble des deux unités relevant à présent de l'autorité du colonel Fred Ibingira.
Le 3 juillet 1994, la ville universitaire de Butare
fut capturée quasi sans coup férir. Le gros des troupes se répartit en deux
contingents, l'un, constitué par la 15 Mobile Unit en direction de Gikongoro, aux ordres du capitaine Paul Katabarwa,
et l'autre en direction du Burundi, composée de compagnies de la 157 Mobile
Unit aux ordres du lieutenant-colonel Eric Murokore.
Sont restés à Butare le major Wilson Gumisiriza, le capitaine Okwiiri Rabooni, un mercenaire ougandais, le lieutenant Peter Kalimba et le lieutenant Innocent Kabandana.
Les deux pelotons de tueurs encadrés par les agents du renseignement militaires
recevaient les ordres du lieutenant Innocent Kabandana,
lequel les recevait du major Wilson Gumisiriza. Ils
massacrèrent systématiquement les habitants de Butare
qui étaient restés dans la ville à l'approche des Inkotanyi
car ils pensaient que la guerre était terminée. Du 3 au 11 juillet 1994 inclus,
la ville étant ceinturée, les victimes étaient appréhendées une à une ou en
petits groupes, officiellement pour participer à des réunions de sécurité, puis
rassemblées dans l'arboretum, une forêt située autour de l'Université Nationale
de Butare (U.N.R.), dans
les bois de Huye, dans les locaux de l'école agri-vétérinaire de Rwasave ou,
pour les intellectuels et hommes adultes valides (H.A.V.)
dans les locaux de l'U.N.R., où ils furent massacrés
systématiquement. Dès le 12 juillet, les déplacés internes de Tumba et des autres quartiers périphériques de Butare furent rassemblés, leur identité relevée, et après
un délai visant à gagner leur confiance, conduits à bord de camions vers
l'école agri-vétérinaire où ils étaient interrogés
quant à leur participation au meurtre de Tutsi ou pour aider les Inkotanyi à localiser les autorités rwandaises encore
présentes dans la ville. Les malheureux étaient assassinés par balle ou par des
coups secs de houe usagée agafuni sur le sommet du
crâne.
Le lieutenant Joshua « Abdul » Ruzibiza
a rapporté qu'au moins 1.750 personnes ont ainsi été assassinées à Kabutare après interrogatoire. Quant aux personnes qui
furent l'objet de la « délation in extremis » de ce premier lot de
chair à canon, elles furent à leur tour éliminées une à une, de nuit par les
commandos du FPR. Le FPR organisa ensuite le
transport de ces cadavres par rotations de camions jusqu'en décembre 1994, en
vue de leur incinération dans la forêt de Nyungwe,
principalement, d'une part, à Kamiranzovu, une zone
assez clairsemée et marécageuse située au nord de la grand route dans la forêt,
en préfecture de Cyangugu, où les derniers éléphants
nains de montagne ont été tués par les Batwa, et,
d'autre part, plus à l'est, Kuwasenkoko, là où la
grand route croise la jonction entre les préfectures de orientale de Gikongoro et occidentale de Cyangugu.
Personnellement, je suis aussi persuadé que des fours crématoires en plein air
étaient entretenus du côté de Pindura, là où une
petite route quitte la grand route en direction de la
frontière rwando-burundaise.
Lors d'un voyage éclair effectué jusqu'à Cyangugu
en octobre 1994, j'ai personnellement constaté, lors du retour vers 10:00 pm,
que « cela sentait la brochette » dans la forêt depuis le check-point de Pindura et Kuwasenkoko, une zone facile à repérer même de nuit car, en
cheminant vers l'est, la route monte jusqu'au point le plus élevé de la route à
environ 2.767 mètres d'altitude, avant de redescendre vers la périphérie de la
forêt de Nyungwe où les Batwa
fabriquent le charbon de bois avant d'arriver à Mudasomwa.
Arrêté pour interrogatoire par un groupe d'Inkotanyi,
j'ai été escorté par l'officier le plus élevé en grade à la barrière, lequel
circula avec une moto rouge jusqu'à Butare,
accompagné à l'arrière par un kadogo, kalashnikov au poing. A Butare,
nous avons été enfermés dans la maison d'un afande
et réinterrogés par lui, lequel, me faisant finalement confiance, m'aida à
accomplir ma mission.
Penchons-nous maintenant sur les « boucs émissaires »
arrêtés au Rwanda le 12 juin 2008 et transféré à la prison militaire de Mulindi, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat des
treize ecclésiastiques catholiques à Gakurazo le 5
juin 1994.
1/ Le brigadier général Wilson Gumisiriza
(DFAM24 ; GAMU10) est un ancien Intelligence Officer
(I.O.) du Bataillon 157 Mobile Unit. Le 24 mai
1994, alors major, il ordonna à ses subordonnés du D.M.I.
d'éliminer la population civile de Ruhuha en commune
de Ngenda, ainsi qu'autour du pont Rwabusoro. Le 13 juin 1994, dès la capture définitive de la
ville de Gitarama, les Inkotanyi
ont rassemblé la population civile sur diverses places publiques (marchés,
écoles, terrain de football) avant de les massacrer. Les principaux
responsables de ces massacres sont le major Sam Bigabiro (A.P.R.), le major
Wilson Gumisiriza (D.M.I.),
le lieutenant Innocent Kabandana (D.M.I.)
et le capitaine Jimmy « Mwesigye » Muyango (D.M.I.). Ils ont aussi
continué leurs massacres à Mututu, Mugina et Mukingi, notamment à Rugogwe où le major Wilson Gusimiriza
ordonna d'abattre environ 500 personnes rassemblées pour une prétendue réunion
d'information. Pour empêcher que la population de Gitarama
ne s'enfuie vers Kigali, la route fut barrée à Mu cya
kabili près de Murambi par
la compagnie du major Wilson Kazungu.
En 1994, il avait pour adjoint le capitaine Willy Bagabe (DFAM25) lors de la prise de Kabgayi
au début du mois de juin 1994.
Actuellement, il a été nommé Commandant du Secteur 1
des Forces Rwandaises de Défense (F.R.D.) envoyées au
Soudan par l'Union Africaine sous mission des Nations Unies dans son programme
au Soudan (UNAMIS). Cette force internationale est devenue ensuite une force
hybride unifiée sous le sigle UNAMID Force, et répartie en quatre secteurs
opérationnels (Northern, Western, Southern).
L'armée rwandaise a une compagnie au Western Darfur,
au centre du Western UNAMID Sector, une seconde
compagnie au sud à Mukhjar, une troisième compagnie à
l'est, basée à Nertiti, ainsi qu'une troisième
compagnie en plus de la compagnie QG, basées entre les trois précédentes, à Zalingeï. Dans le Northern Darfur et le Northern UNAMID Sector, les militaires rwandais sont rassemblés dans la
zone méridionale. A l'ouest de cette zone se trouve une compagnie rwandaise
basée à Sarif Umra. A l'est
de celle-ci, une compagnie et la compagnie QG sont basées à Kabkabiya.
Plus à l'est encore, on trouve une compagnie à Sortoni,
au sud est de laquelle sont basées deux compagnies à Shangil
Tobay. Toujours à l'est, sur la route entre El Fasher et En Nahud (Western
Kordofan), on retrouve deux compagnies rwandaises et une compagnie QG. Dans le Northern Sector, on retrouve la compagnie QG du secteur ainsi que
deux companies rwandaises et leur propre companie QG. Enfin le Quartier
Général d'Etat-Major du dispositif UNAMID se trouve à
El Fasher, protégé par une compagnie de Gambie et une
companie de MPs du Kenya.
Le général-major Karake Karenzi (JLBR ; DFAM ; GAMU) est le commandant en
second de l'ensemble du dispositif UNAMID et est basé à El Fasher.
Rappelé à Kigali, le brigadier-général Wilson Gusimiriza a été arrêté le 12 juin 2008 et transféré à la prison militaire de Mulindi, près de Masaka/Kanombe, et mis à disposition de l'auditorat militaire rwandais.
2/ Le capitaine John Butera est un ancien membre de la
157 Mobile Unit avec grade de sergent en 1994. Il est co-responsable de
l'assassinat des ecclésiastiques catholique à Gakurazo
(Byimana) le 4 juin 1994 comme membre du peloton
d'exécution de 6 hommes obéissant aux ordres supérieurs venant ab initio du général major Paul Kagame.
En sa qualité d'agent de renseignement DMI, le sergent John Butera a
commencé par évacuer en catimini en pleine nuit tous les religieux appréhendés
dans la maison communale de Ruhango, officiellement
pour « assurer leur sécurité ». Ces religieux sont restés enfermés à Ruhango jusqu'au dimanche avant-midi. Ils ont ensuite été
conduits au noviciat des Joséphites de Kabgayi. Cette technique de déplacement des religieux
d'étape en étape est digne de la classique technique
du voleur chinois. Le FPR l'applique aussi aux prisonniers politiques et aux
otages emprisonnés en les déplaçant régulièrement de prison aux quatre coins du
pays. Selon le lieutenant Joshua « Abdul » Ruzibiza
et l'abbé Vénuste Liguyeneza,
le lieutenant-colonel Fred Ibingira avait
ordonné au capitaine Willy Bagabe, au sous-lieutenant
Patrick Kamaramaza et au sergent John Butera
de tuer rapidement ces religieux. Le peloton d'exécution qui est entré dans la
salle était composé du sous-lieutenant Kamaramaza
Patrick et du sergent John Butera ainsi que de quatre autres
soldats. D'autres militaires encerclaient les maisons alentours, lorsque le capitaine
Willy Bagabe a donné l'ordre de tirer. Il était
lui-même resté assis dehors, en retrait, en attendant d'apprendre que tous les
religieux étaient rentrés dans la salle. Les religieux ont été massacrés le 5
juin 1994, le soir à 19 h 10.
Plus tard, le sergent John Butera fut incorporé au Bataillon n° 59 lors des opérations au Congo/Zaïre. A ce titre, il a participé en 1996-1997 aux massacres contre les réfugiés rwandais au Congo/Zaïre et contre la population congolo-zaïroise à Bukavu, Numbi, Walikale, Tingi-Tingi, Ubundu, Bokungu, Boende et Mbandaka. On sait que Butera, alors capitaine, abattit le major Alex Ruzindana sous prétexte qu'il préparait un coup d'Etat contre le général major Paul Kagame avec un groupe d'officiers supérieurs provenant d'Ouganda. Il a été arrêté le 12 juin 2008 et transféré à la prison militaire de Mulindi.
3/ Le capitaine (rtd) Dieudonné Rukeba faisait partie en 1994 de la 157 Mobile
Unit, avec grade de sergent de renseignements militaires au sein de l'appareil
parallèle du D.M.I. Il a participé à toutes les
exactions, crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité
commis par la 157 Mobile Unit, tout au long de sa « chevauchée
sanglante de la 157MU » le long de l'axe Mulindi-Kibungo-Bugesera-Nyabisindu-Kabgayi-Butare.
En particulier, le 4 juin 1994, Dieudonné Rukeba a
fait partie du peloton d'exécution de six hommes qui ont assassiné sur ordre
supérieur les treize ecclésiastiques catholiques enfermés dans un local à Gakurazo, dans la maison des Frères Joséphites.
Plus tard, dès le 3 juillet 1994, Dieudonné Rukeba a
participé à l'élimination systématique des habitants non fugitifs de Butare et environs immédiats.
Il ne faisait plus partie de l'APR/RDF lors de son arrestation le 12 juin 2008.
4/ En ce qui concerne le major Wilson Ukwishaka,
il a aussi fait partie de la 157 Mobile Unit en 1994. Son prénom a été relevé
par le lieutenant Joshua « Abdul » Ruzibiza
comme étant le « lieutenant Wilson », membre du D.M.I.
et superviseur des deux pelotons de tueurs encadrés par trois sergents du DMI,
groupe d'exterminateurs qui a participé aux massacres de Butare
après la prise de la ville le 3 juillet 1994. Il a été arrêté le 12 juin 2008
et transféré à la prison militaire de Mulindi.
A suivre.
Dr. Jean-Paul PUTS
16/6/2008
Source : http :www.musabyimana.be/