Pygmées : un « génocide
culturel » ?
(Marianne 18/04/2007)
Le premier forum international des peuples
autochtones d’Afrique, qui s’est achevé le week-end dernier à Impfondo, au
Congo-Brazzaville, a accouché d’un plan d’action destiné à rétablir les droits
des Pygmées. Ceux-ci se disent victimes d’un « génocide culturel ».
D’après les historiens, les Pygmées seraient les premiers occupants de la forêt
équatoriale d’Afrique centrale. Ils sont aujourd’hui quelques 250.000,
appartenant à différents groupes ethniques, répartis sur plusieurs pays
(Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée-Equatoriale, Ouganda, République
Centrafricaine, R.D.Congo et Rwanda). Beaucoup vivent encore de la chasse et de
la cueillette des ressources forestières.
Malgré des situations diverses selon les pays, les Pygmées subissent une
marginalisation quasi systématique. Véritables citoyens de seconde zone, ils
n’ont pas accès à l’éducation ou à l’emploi ; sauf à parler de travail
lorsqu’ils sont exploités par des paysans pour des salaires de misères : des
relations que d’aucuns qualifient de type esclavagiste.
Lors du Forum d’Impfondo (nord du Congo), les représentants des Pygmées ont
attiré l’attention des participants sur les « problèmes de l'expulsion forcée
et systématique des peuples autochtones de leurs terres et territoires lors de
la création des concessions forestières et des aires protégées ».
L’exploitation forestière et minière et la dégradation de l’écosystème qui contribuent à la détérioration de leur cadre traditionnel,
en contradiction avec les lois internationales en vigueur sur la protection des
peuples indigènes. D’où leur appel à « un arrêt immédiat de ces pratiques qui
aboutissent à la destruction de (leurs) modes de vie » et la condamnation de «
cette forme de génocide culturel »… Un constat partagé par les 200 participants
du Forum qui réunissait, outre les représentants des Pygmées, ceux du
gouvernement congolais, de l’Unesco, d’ONG internationales, de la Banque
mondiale, etc. Parmi les pistes soulevées pour rétablir les droits des Pygmées
: l’intégration sociale à travers un nouveau statut juridique et une
représentation dans les institutions nationales, la compensation des terres
spoliées, une participation à la gestion du milieu naturel et la valorisation
de leurs pratiques et savoirs traditionnels comme la connaissance des plantes
médicinales…
Le 18/04/2007 à 0 h 00 - par Skander Houidi