Rwanda : ‘’Laurent Nubaha avait une maladie avant son arrivée en Belgique’’



L’ex-colonel de l’armée rwandaise est décédé à Bruxelles où il avait débarqué en provenance de l’Afrique voici un mois. Il devait témoigner au procès Ntuyahaga le 30 mai prochain. Nous avons sollicité le témoignage du professeur Philippes Deschamps, l’un des médecins présents à son chevet à l’unité ‘’B’’ des soins intensifs de l’hôpital Saint Pierre où le défunt avait été admis depuis le 04 mai dernier.

Docteur Philippes Deschamps, quand monsieur Nubaha a-t-il été interné à l’hôpital Saint Pierre de Bruxelles et de quoi souffrait-il ?
Il a été admis, pas interné c’est différent, ici au service de l’unité des soins intensifs (USI) le 4 mai 2007. Son état était d’emblée très critique. Il était inconscient. On n’a pas pu avoir des contacts verbaux avec lui durant tout son séjour. Il est décédé dans la nuit du vendredi au samedi dernier (18 au 19 mai 2007 NDLR).

Que savez vous de sa situation sanitaire à son arrivée ici?
Il avait certainement une pathologie préalable avant son arrivée en Belgique, pathologie qui a connu de très graves complications. Pour plus d’explication, vous pouvez vous adresser au juge d’instruction ou au médecin légiste qui est commis maintenant qu’il y a une enquête là-dessus.

Avez-vous effectué des analyses toxicologiques sur le défunt pendant son séjour ici ?
Il y a des analyses toxicologiques courantes qui ont été réalisées, il y a d’autre qui sont peut être en cours.

C’est quoi exactement une analyse toxicologique courante ?
Il s’agit de voir s’il n’y a pas d’intoxication avec des drogues. Cela se descelle facilement au niveau des laboratoires de toxicologie.

Résultat ?
Je ne peux pas malheureusement vous en dire plus.

Il se dit dans le milieu africain que son foie avait anormalement gonflé. C’est le résultat de telles analyses qui appuient  une telle déclaration ?
Si vous voulez parler d’une altération du foie, je ne peux pas vous le dire. Je suis couvert par le secret médical d’une part et d’autre part par l’instruction judiciaire qui est en cours.

On sait qu’il était entubé dès son arrivée ici. Savez vous aussi s’il était alcoolique ?
Je peux vous dire qu’il était entubé et ventilé artificiellement dès son admission dans le service de l’USI, c’est tout ce que je peux confirmer.

Note de la rédaction : Le défunt était le commandant du camp Kigali où les paras belges ont été massacrés au début du génocide en avril 1994. Il avait été auditionné par la police fédérale belge à son arrivée en avril dernier. Avant de sombrer dans un coma irréversible, Il aurait déclaré à ses proches que ses propos parus dans la presse le 25 avril 2007 (agence Belga) ont été déformés.

Il aurait décidé d’écrire une lettre au jury d’assises de Bruxelles le 26 avril. Le 2 mai, il aurait dicté sa pensé à son fils qui l’a rédigé sur l’ordinateur de son ‘’frère’’ Anastase G.  Il aurait divagué dans la maison où il séjournait disant s’entretenir avec des ‘’fantômes’’ selon certaines sources.

Deux médecins avaient présenté un rapport de sa situation sanitaire à la cours d’assises dans l’après-midi du jeudi 17 mai et avait parlé d’une crise épileptique, près de 24 heures avant son décès. Les rumeurs parlaient déjà d’’’un empoisonnement de l’ex-militaire qui en savait trop sur le génocide rwandais’’ (?). Caché en Afrique depuis plus de 10 ans selon son avocat, il était convoqué à témoigner à la décharge du major Ntuyaga sur la demande expresse de cet avocat par ailleurs avocat de l’accusé.

Pour préciser la réaction du médecin, on dit d’un patient hospitalisé qu’il est ‘’admis à l’hôpital’’ lorsqu’il y a eu son accord direct (personnel) ou indirect (de ses proches). Par contre, on dit qu’il est ‘’interné’’ lorsque l’hospitalisation s’est déroulé  contre son gré.  

 

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