J'ai assisté au massacre des paras belges au Rwanda.

 

En 1994, le sous-lieutenant a vu de près le massacre des dix paras belges au Rwanda. Témoin ou acteur ? Michel Habimana, alias Ngarambe livre sa vérité dans un entretien exclusif à Colette Braeckman.

 

Le lieutenant-colonel Michel Habimana, alias Ngarambe, porte-parole des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) est un « gros poisson ». Durant ses quinze années d'exil et de combats à travers le Congo, l'ancien étudiant en histoire, ex-sous-lieutenant, a pris du galon. Mais cet homme est aussi l'un des témoins directs de l'assassinat de la Première ministre rwandaise, Agathe Uwiligyimana, le matin du 7 avril 1994, puis de la mise à mort des dix Casques bleus belges, les membres du « peloton mortier » du lieutenant Thierry Lotin. Jusqu'à présent, le seul acteur rwandais de ces événements tragiques avait été le colonel Ntuyahaga. Extradé en Belgique, il avait, lors de son procès, expliqué de quelle manière il avait conduit vers le camp Kigali le minibus dans lequel les Casques bleus belges avaient été embarqués.

Michel Habimana, lui, était à l'époque élève officier et logeait à l'Ecole supérieure militaire, à quelques dizaines de mètres de la maison de la Première ministre.

La suite de ses interrogatoires au Rwanda dira s'il fut un témoin accidentel des faits ou l'un des acteurs du drame.

Ce qui découle déjà du long entretien exclusif que nous avons obtenu, c'est que dès les premières heures du 7 avril, il se trouvait devant la maison de la Première ministre et que par la suite il se rendit au camp Kigali où les Belges furent mis à mort. Tout au long de cette double tragédie, cet homme était présent et, aujourd'hui, même s'il tente de dissimuler son degré de responsabilité, son témoignage fournit des clés essentielles (et inédites) permettant de comprendre l'enchaînement des faits.

Si Ngarambe s'est décidé à parler enfin, c'est parce que pour lui, la « guerre de quinze ans » est terminée : fait prisonnier à l'occasion de l'opération conjointe rwando-congolaise menée au Nord-Kivu au début de cette année, il se trouve désormais dans un camp militaire au Rwanda où il est prié de s'expliquer sur les événements du 7 avril, sur les trois mois durant lesquels il prit part au génocide et sur les années passées au Congo à préparer la revanche…

Source : http://www.lesoir.be