La  Ministre Rwandaise des Affaires Etrangères, Madame Louise MUSHIKIWABO, porte-parole des mensonges de son Président et du FPR.

 Louise Mushikiwabo
Louise Mushikiwabo

Récemment, en octobre dernier, la Ministre Rwandaise des Affaires Etrangères, Madame Louise MUSHIKIWABO, a donné une interview aux journalistes français  d’ Internationales, de TV5Monde et de Radio France Internationale (RFI) à Kigali Convention Center. Plusieurs thèmes ont été abordés, notamment  la Démocratie et le Développement ; le Problème ethnique au RWANDA ; la Situation des Droits de l’Homme ; les Relations Diplomatiques entre la FRANCE et le RWANDA ; le cas de Madame  Diane RWIGARA et enfin l’entretien entre Monsieur Emmanuel MACRON, nouveau Président Français et le Président Paul KAGAME du RWANDA, en marge de l’Assemblée Générale de l’ONU à New York, en septembre dernier.

Cette entrevue a eu lieu dans un local de  Kigali Convention Center, immeuble prestigieux  qui a été inauguré par le Président rwandais  en 2016, qui a couté plusieurs millions de dollars US et qui a abrité le dernier sommet de Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine (UA). (On parle d’un coût de 300 millions § US ?).

Les journalistes  ont voulu savoir  pourquoi cette dépense gigantesque pour la construction d’un immeuble qui sera difficile à rentabiliser  et par un pays pauvre comme le RWANDA ,uniquement pour l’image de la capitale KIGALI au lieu d’investir  dans les domaines de l’éducation , la santé et l’agriculture …au profit du peuple rwandais dont la majorité vit dans la précarité extrême à travers le reste du pays.  La Ministre s’est contentée de répondre que c’est normal de développer la capitale  qui est la vitrine d’un pays et que le Rwanda a choisi en effet de s’inscrire dans la modernité. Ici, il s’agit en fait du thème de la Démocratie et du Développement. IL est clair que le gouvernement rwandais a préféré le développement pour des intérêts privés et égoïstes,  à la place de la Démocratie  dans l’intérêt général du peuple rwandais. C’est ce que nous pouvons appeler le développement à la chinoise.  

Moi, j’ajouterais l’achat des avions de luxe du Président  de la République, Monsieur Paul KAGAME, sans oublier les montants investis dans les paradis fiscaux.

Je rappelle qu’au niveau  international, coté développement, le RWANDA est considéré comme étant un pays qui a effectué le plus d’efforts ces 10 dernières  années. Malgré cela, il reste quand même un pays pauvre  avec un PIB, par habitant, de 732,5 dollars US  par an, le Rwanda est le 19ème parmi les 20 pays  les plus pauvres du monde. 

S’agissant de la Démocratie, je peux affirmer qu’il n’y en a pas du tout au Rwanda. En effet, chaque rwandais a peur du pouvoir FPR en place, les partis  politiques d’opposition n’ont pas voix au chapitre, sont inaudibles et pas d’espace politique  pour la majorité des rwandais. A cet égard, ceux qui ont osé  manifester leurs opinions, lever leur doigt et exercer leurs droits sont en prison. Exemples : Mme Victoire INGABIRE, M. MUSHAYIDI, Me Bernard NTAGANDA …ou carrément assassinés : S.SENDASHONGA, ex-Ministre FPR, P.KAREGEYA du RNC, des membres du FDU-INKINGI dont Damascène HABARUGIRA ou alors nombreux sont partis en exil.  Pour la Ministre MUSHIKIWABO, il y a une démocratie à la rwandaise du fait que le n°2 et  le n°3  dans la hiérarchie protocolaire rwandaise  émanent des partis politiques différents de celui du Président de la République, en l’occurrence, le FPR. Aussi la Ministre a confirmé que Paul KAGAME   restera au pouvoir jusqu’à 2034 suite à sa réélection en août dernier, d’autant plus  que c’est un Président remarquable et qui est aimé par la majorité des Rwandais, a-t-elle martelé. Pourtant, la plupart des rwandais et les observateurs avisés savent bien qu’il s’agissait d’une mascarade d’élections et que le score de près de 99% des résultats publiés est une des caractéristiques des régimes totalitaires.

Pour elle, il faudra renvoyer l’alternance démocratique aux calendes grecques.  Allégations regrettables pour un démocrate que je suis !!

Les journalistes ont saisi cette occasion  pour évoquer  le cas de Madame  Diane RWIGARA, ex- candidate aux présidentielles et sujet d’actualité. A ce propos,  la Ministre a indiqué que, d’habitude,  la femme rwandaise est considérée comme une reine et que Mme  Diane RWIGARA est à considérer comme une « sorcière », au même pied d’égalité que d’autres femmes qui ont été impliquées dans le génocide des tutsi ou coupables de délits, notamment les fraudes. Elle n’a pas voulu en dire davantage sous prétexte que l’affaire est devant la justice.

Franchement, le fait que cette jeune dame s’est présentée aux élections présidentielles  est à considérer comme  un crime et  la qualifier de « sorcière », umurozi. In fine, sa candidature n’a pas  été retenue par la commission électorale, non indépendante, est-ce une raison  suffisante pour  la mettre en prison, elle, rescapée et orpheline, en même temps que sa mère et sa sœur ?  Le vrai motif est d’avoir osé s’opposer au Président P.KAGAME et d’avoir exercé sa liberté d’expression  en dénonçant les abus du régime de l'homme fort..

A la question de savoir s’il y a  la coexistence pacifique entre les 3 ethnies (hutu, tutsi, twa) au Rwanda depuis qu’il n’y a plus de mention ethnique dans les pièces d’identité, la Ministre a souligné qu'à son avis, les 3 ethnies vivent en harmonie et qu’il y a eu réconciliation, grâce notamment aux procès qui se sont  déroulés devant les tribunaux populaires dits « GACACA ».  Elle a reconnu quand même qu’il y a  encore le chemin à faire avant d’oublier totalement ce qui s’est passé en 1994.

            A mon humble avis, je m’inscris en faux contre cette soi- disante réconciliation car  il n’existe pas de vrai dialogue entre les hutus et les tutsis, genre « Vérités et Réconciliation » à la sud- africaine. En effet, les hutus n’ont rien à dire dans ce pays face au pouvoir tutsi du FPR ; ils sont citoyens  de seconde zone ou chômeurs de longue durée ; ils vivent dans la peur permanente ; la plupart d’entre eux croupissent injustement en prison ; ils sont tous considérés comme des génocidaires, même les enfants nés à partir de 1994. Pour preuve, le Président KAGAME  a décrété que ces enfants doivent demander pardon au nom leurs parents. Un hutu qui a le courage de parler, on lui reproche soit le génocide de 1959, année de la Révolution sociale, même si, à l’époque, il était enfant, soit le génocide des tutsi en 1994.  Certes, cette année -là, il y a eu génocide des tutsi et massacres des hutus modérés. Qui parle de ces massacres commis par les agents du FPR, celui-ci a passé une éponge là-dessus.   Pour illustrer cela, comme pause, les journalistes ont mis le chant de Corneille, chanteur d’origine rwandaise dont les parents ont été tués par les soldats du FPR et personne n’a été poursuivie jusqu’à ce jour. J’ai été surpris de constater  que la Ministre MUSHIKIWABO n’a fait aucun commentaire à la reprise de l’entretien.

  Par ailleurs, selon la Résolution n°955 du 8.11.1994 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, tout citoyen rwandais présumé coupable d’actes de génocide ou de violations graves contre le droit international humanitaire, commis au Rwanda ou sur le territoire voisin , entre 1er janvier et 31 décembre 1994, devait être jugé par le Tribunal Pénal International pour le RWANDA (TPIR) qui avait son siège à Arusha en Tanzanie. Malheureusement, il convient  de déplorer  que seuls les hutus ont été jugés et condamnés ou acquittés par ce  Tribunal qui a fermé ses portes fin 2015 et remplacé par d’autres mécanismes internationaux .Qui peut parler de réconciliation au moment où aucun tutsi membre du FPR, responsable de massacres atroces à l’intérieur et à l’extérieur du pays n’a jamais été traduit devant cette juridiction?  En outre, le hutu n’a pas droit d’aller rendre  hommage aux siens qui ont été victimes durant ces massacres. Dans, le temps, on disait qu’il ne faut pas mentir aux rwandais mais aux indiens qui ne connaissaient pas la réalité du RWANDA. Je pense qu’actuellement, ce n’est plus le cas car l’INDE est classée parmi les partenaires principaux  du RWANDA.   Rappelons aussi le rapport  Mapping de l’ONU,  publié en 2010, qui décrit les 20 années de crimes commis par le FPR à l’encontre des rwandais hutus et des congolais.  Je rappelle également la déclaration du Président P. KAGAME selon laquelle le RWANDA  a connu la bonne gouvernance  du temps du règne des rois tutsi avant 1959 et ensuite depuis 23 ans , après la prise du pouvoir par le FPR, fondé par les anciens réfugiés tutsi. 

 Au lieu de mentir donc, il faut admettre que le chemin est effectivement long à faire en ce qui concerne la vraie réconciliation tant qu’il n’y a pas de volonté politique au niveau du pouvoir en place et de dialogue entre les composantes concernées.

Lueur d’espoir, certains rescapés tutsi commencent à réaliser que le régime FPR exagère dans le pillage des biens du pays et dans la persécution envers d’autres  rwandais, ils commencent à oser dénoncer  ces abus et voient que cela ne présage rien de bon pour  l’avenir  de tous les enfants du  RWANDA.    

Dans cet ordre d’idées, au moment de la finalisation  de cet article , j’apprends que le New RNC Ihuriro Nyarwanda vient de publier, le 8 octobre 2017, un communiqué dans lequel cette organisation politique, créée, entre autres, par Monsieur Théogène RUDASINGWA, ancien Secrétaire général du FPR, fait état du génocide commis par les dignitaires du FPR et anciens rebelles tutsi , à l’encontre des Bahutus et réclame justice.

Au sujet de la situation des Droits de l’Homme  au RWANDA, suivant le rapport  de l’organisation Human Rights Watch (HRW), publié en  juillet 2017, la Ministre MUSHIKIWABO est montée au créneau contre cette organisation humanitaire , arguant que ce  rapport est plein des contre- vérités car le Rwanda est  respectueux des droits  de l’homme, ajouta t- elle.   En effet, ledit rapport fait état des violations des droits de l’homme en vigueur au RWANDA, avec des noms des victimes à l’appui. Elle met à nu les mensonges  et les abus perpétrés par le régime en matière des droits de l’homme : les assassinats, les violences physiques, les emprisonnements arbitraires dans les souterrains (indaki) ou dans les camps militaires, notamment le fameux camp KAMI, tristement célèbre.  Dans sa défense, le gouvernement rwandais  a indiqué que  les personnes mentionnées dans le rapport sont vivantes et que, donc le contenu du rapport est nul et non avenu. HRW a de nouveau fait une contre- enquête  et a trouvé que  le gouvernement rwandais a donné la liste de quelques personnes qui portent les mêmes noms que les victimes, les homonymes, et qui ne sont pas celles qui figurent dans le rapport en question.

Quel scandale et quelle inhumanité !!  

         

Concernant les relations diplomatiques entre la France et le Rwanda, la Ministre  a confirmé que l’Ambassadeur rwandais à Paris, Monsieur Jacques KABALE, a été rappelé à KIGALI  pour consultation et ce, suite au fait que la justice française était prête à entendre à nouveau un autre témoin dans l’enquête relative  à l’attentat du 06 avril 1994 contre l’avion à bord duquel se trouvaient l’ancien Président  rwandais Juvénal HABYARIMANA , l’ancien Président burundais Cyprien NTARYAMIRA, les membres de la délégation et l’équipage français. La Ministre a affirmé  que c’est la France qui ne veut pas reconnaître ses responsabilités, depuis 23 ans, dans la préparation et l’exécution du génocide des tutsis en 1994. Et d’ajouter que la France continue à protéger certains  anciens responsables français de l’époque, à soutenir les génocidaires,  à se réfugier  derrière la justice et à afficher l’arrogance alors que c’est une question politique  à régler, a-t-elle renchéri.

 Il est franchement navrant de constater  que le FPR, par le biais de la Ministre des Affaires Etrangères, ne veut pas reconnaître ses propres responsabilités dans cet attentat alors que c’est un secret de polichinelle. En effet, les anciens collaborateurs du Président  KAGAME ont témoigné dans ce sens, de même que certains agents qui ont participé à l’exécution de cet acte ignoble l’ont avoué. Le Gouvernement rwandais actuel n’a jamais effectué une enquête sérieuse et crédible, digne de ce nom, pour savoir exactement  qui a tué  notamment un ancien Président rwandais et contribuer à la manifestation de la vérité. Je rappelle que le Président P.KAGAME a reconnu, lui-même, sa responsabilité, en déclarant, un jour, « si je n’avais pas commis cet attentat contre le Président J.HABYARIMANA, celui-ci l’aurait fait à mon endroit. ».  L’on se demande si les deux pays ne  s’acheminent pas à nouveau vers  la rupture des relations diplomatiques, à l’initiative de KIGALI, d’autant plus que le poste d’ambassadeur français à Kigali est vacant depuis longtemps en raison du non agrément opposé par le pays accréditaire.

Quant au résultat de l’entretien , accompagné d’une poignée de mains, entre le Président français, Monsieur Emmanuel Macron et le Président rwandais Paul KAGAME, en marge de l’Assemblée Générale de l’ONU, tenue en septembre dernier, la Ministre L.MUSHIKIWABO a déclaré qu’elle  n’a pas assisté à cet entretien, qu’elle a été éloignée et que, donc elle n’en connaît pas le contenu. Si cela est vrai, comment la Ministre des Affaires Etrangères, peut dire, un mois après, qu’elle ne connaît pas encore la teneur de l’entretien ?  En diplomatie, un Président d’un pays n’est jamais  seul en audience quand il s’agit des affaires d’Etat et non des affaires privées, il y a la présence au moins de 2 personnalités : le (la) Ministre en charge des Affaires Etrangères  et le Conseiller  diplomatique, ne fût- ce que pour la rédaction du compte- rendu. En tous cas, je peux  affirmer, sans me tromper, que le Président Emmanuel MACRON, n’était pas seul à l’entretien, du côté français.

En guise de conclusion, je peux dire que les journalistes français ont posé des questions pertinentes mais que que la Ministre rwandaise des Affaires Etrangères a donné des réponses a minima et des mensonges, voire des contre-vérités

 

Etienne KAYONGA.         

 

Tweet