Moba, des choix difficiles.
(Le
Révélateur 07/08/2007)
Les chefs traditionnels du territoire de Moba s'opposent ''farouchement au retour des Tutsi Rwandais
dans le Territoire de Moba'', précisément à Vyura, indique un document publié selon toute vraisemblance
depuis le 21 juillet. Les signataires, une douzaine de chefs coutumiers de ce
territoire, craindraient que le retour de la Tanzanie de ces réfugiés tutsis
congolais ne soit à nouveau une menace contre ''la paix et la tranquillité que
sont les acquis combien chers de la démocratie montante''.
Ils assurent ne vouloir transiger d'aucune façon sur cette déclaration et
demande ''au Gouvernement et à la Communauté Internationale de prendre acte de
la présente déclaration laquelle exprime les aspirations de la population du
Territoire de Moba''. Les chefs traditionnels du
territoire de Moba argumentent leur déclaration par
''le refus notoire des Tutsi Rwandais, ayant résidé dans le Territoire de Moba avant la guerre d'agression, de s'intégrer dans la
communauté''.
Ils étayent leur argumentaire par les ''les velléités hégémonistes''
enregistrée dans le chef de leurs hôtes qui avaient tenté de créer avant 1975
''une chefferie de fait dans le Secteur de BENA KAMANIA'', un fait ''considéré
comme étant une menace grave à la République'' lors des congrès du MPR. ''Et, c'est ce qui fut fait en 1975 lorsque les Tutsi
Rwandais partirent s'installer à Vyura'', indiquent
les chefs de Moba. Ils mirent ensuite en place un
autre territoire ''dont la rivière Lufuko était la
limite au Sud '', renseignent-ils.
Parmi les griefs, ils citent également la ''création anarchique d'un aérodrome,
de plusieurs écoles, églises, etc.'' et d' ''avoir envoyé des jeunes gens en
renfort au Rwanda pendant la guerre débutée en 1990 pour grossir les rangs de
leurs frères Tutsi. Les premiers cités sont revenus militaires à l'entrée de l'AFDL'', renseignent les chefs de Moba
qui les accusent en plus de ''vol du bétail des sociétés d'élevage ELGYMA/PEPA
et ONDE/KANSIMBA jusqu'à la faillite de cette dernière'' et d' ''avoir pâturé
intentionnellement leur bétail dans les champs des autochtones, et cela sans
aucun dédommagement aux victimes''. Ils sont également accusés de slave drivers face à leurs travailleurs autochtones
assassinés lorsqu'ils ''osaient réclamer leur salaire''.
L'intransigeance des Chefs s'explique en plus du fait qu'avant leur départ en
exil, ils n'ont nullement manifesté de la considération pour l'autorité
traditionnelle dont ils devraient répondre : ''refus de s'acquitter de la
redevance coutumière'', lequel refus s'est soldé par l'humiliation '' à coups
de fouet du Grand Chef NGANIE, en signe de refus du payement de la redevance
coutumière ''.
Les Chefs coutumiers dénoncent enfin des choses graves, notamment
''l'assassinat du Chef Coutumier du groupement KABWELA enterré vif dans une
même tombe avec son neveu'', actes dits tabous au regard de la personnalité ''
sacrée '' du chef selon leurs '' us et coutumes ''. Ainsi pensent-ils que c'est
un sacrilège de les voir '' résider dans le pays (l'entité) où régnait le de cujus ''.
Moba a vacillé dans la violence
Aujourd'hui, l'opinion nationale saisit clairement ce qui s'est produit jeudi 4
août aux petites heures du matin lorsqu'une foule d'environ 1 000 personnes
s'est ruée sur la Base de la MONUC. La foule
protestait contre un éventuel rapatriement des réfugiés congolais Banyamulenge
sur le territoire de Moba. Les manifestants se sont
attaqués contre les installations de la mission onusienne et du Haut
commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) jusqu'à ''caillasser'' les véhicules de la MONUC et vandaliser la
résidence des observateurs militaires. Les onusiens n'ont eu la vie sauve que
grâce à leur équipement, dont un hélicoptère à bord duquel ils ont été évacués
plus au sud vers Kalemie.
La MONUC s'inquiète
Cette situation a été qualifiée d'inquiétante par la MONUC.
C'est plus la haine intercommunautaire, ethnique ou tribale, l'intolérance,
l'exclusion et à la xénophobie enregistrées selon la mission onusienne, non
seulement à l'Est, plus particulièrement dans les Kivus,
mais également à Kinshasa. La MONUC s'inquiète de la tournure que peut prendre
l'exclusion d'une partie des citoyens d'un pays et le fossé qui peut se
creuser. ''Qu'ils soient le fruit de l'expression d'une frustration spontanée
ou de campagnes délibérées, ces propos sont inadmissibles et inacceptables'',
lit le communiqué de la MONUC. La MONUC croit que les
politiques manipulent '' la population pour servir leurs propres desseins ''
tout en mettant en garde contre '' les conséquences tragiques de tels
agissements dans l'histoire de la RDC et de bien d'autres pays ''.
'' Le retour à la stabilité, la sécurité et la paix en RDC ne pourra se faire
que par le biais d'une véritable réconciliation nationale, à laquelle tous
doivent participer, sans réserve et sans exclusive. Les populations ainsi que
leurs leaders- communautaires, politiques, religieux, coutumiers- ont la
responsabilité de créer les conditions qui permettront aux citoyens de ce pays
de coexister en paix et d'envisager l'avenir avec sérénité '', poursuit le
communiqué de la MONUC, auquel rétorquent les originaires de cette partie du
pays par le fait que ces réfugiés ne cessent de former des groupes homogènes,
une attitude qui ne favorise pas cette réconciliation nationale.
Moba est aujourd'hui plus que jamais en face de son
destin. Il a des choix à opérer. Entre sa '' paix et la tranquillité '' d'une
part et la stigmatisation, de l'autre.
Le Révélateur