lundi 16
août
2010
Rwanda : Le
FPR, machine de guerre
L'écrasante et
prévisible victoire de Kagame est aussi celle du FPR, ce
parti totalitaire qui
préside aux destinées des Rwandais.
La
victoire d'un homme et d'un parti, tandis que l'opposition est
réduite au
silence. © Reuters
Un jour de congé et
la
fiesta dans tout Kigali : la réélection
à plus de 93 % du président Paul Kagame
(un scrutin partiellement financé par l'UE) a
donné lieu à des scènes de liesse
proches du fanatisme. Le score était prévisible,
tant les Rwandais sont
aujourd'hui embrigadés dans un système qui ne
supporte aucune critique. Ce
système a un nom : le Front patriotique rwandais (FPR), ce
parti-Etat et
ex-mouvement rebelle qui a fait main basse sur le pays après
avoir mis un terme
au génocide de 1994. Sa ligne est claire : le refus de
l'ethnicité (un refus
qui est aussi son assurance-vie), et une politique de
développement
volontariste, mais sans guère de concertation avec la
population.
Né, en 1988, dans les camps de
réfugiés tutsi en Ouganda et
présidé par Paul
Kagame lui-même, le FPR est une véritable machine
de guerre, au propre comme au
figuré. Le Front a mobilisé tous les moyens pour
permettre au chef de l'Etat
d'écraser toute opposition, depuis les panneaux
publicitaires géants jusqu'aux
SMS électoraux envoyés par la compagnie
privée MTN où officient des cadres du
parti. C'est également le FPR qui a
réquisitionné les moyens de transport pour
amener les foules vers les lieux de meeting. Dans ce Rwanda
très hiérarchisé,
mieux vaut ne pas s'opposer au chef.
Tout-puissant, le FPR dispose de solides relais financiers,
grâce au holding
Tristar, et médiatiques, tel The New Times,
l'unique quotidien, alors que les médias d'opposition sont
muselés et leurs
journalistes en exil. La caisse du parti est notamment
alimentée par des hommes
d'affaires qui se sont enrichis grâce aux minerais de l'est
du Congo. Pour le
reste, «
le FPR fait la collecte de fonds
au sein de la population, rapporte
Le
Comment vont se comporter les bailleurs de fonds, qui alimentent le
budget
rwandais à plus de 50 % ? Leur attitude, surtout celle des
alliés anglo-américains
(devenus plus circonspects), sera déterminante pour
l'ouverture du régime et la
mise en place d'institutions fortes et indépendantes du FPR.
Malgré le triomphe
de l'homme fort Kagame, le statu quo n'est plus tenable. L'organisation
Human
Rights Watch relève ainsi que la répression
persistante et les restrictions à
la liberté d'expression « sont susceptibles
d'affecter la stabilité du pays ».
Sous le consensus apparent, le
feu couve.
François
Janne D'Othée
http://levif.rnews.be/fr/news/actualite/international/rwanda