Notes de lecture du Rapport des Députés sur l’idéologie du génocide au Rwanda

 

Le 20 janvier 2004, la Chambre des Députés a mis en place une «commission spéciale dont les termes de référence étaient : 1. Enquêter sur les tueries perpétrées à Kaduha dans la province de Gikongoro; 2. Enquêter sur l’idéologie du génocide dans toutes les provinces du Rwanda et sur ceux qui l’entretiennent ; 3. Proposer des stratégies pour combattre cette idéologie et ceux qui doivent les appliquer. Cette commission a rendu son rapport le 14 juin 2004 après avoir mené des enquêtes à travers tout le pays pendant plus de cinq mois. La commission était composée de neuf députés : Munyurangabo François(président), Rwabuhihi Ezéchias(vice-président), Mukamurangwa S. Henriette, Mukarutabana Bernadette, Rutijanwa Médard, Mitsindo Fidèle, Kaboneka Françis, Gasana Alfred, Zimulinda Jean-Baptiste. Dix ans après le génocide, il apparaît que l’idéologie du génocide poursuit son bonhomme de chemin. Aucune province du pays n’est épargnée. 

 

 

Des tueries dans la province de Gikongoro.

 

La  Commission parlementaire a dénombré trois personnes tuées dans le district de Kaduha et une  quatrième dans le district de Karaba. Le rapport mentionne également une cinquième personne tuée en province de Cyangugu  

 

1. Ndahimana Emile, assassiné le 04 mars 2003.

 

Il était domicilié dans le district de Kaduha, secteur de Joma. Un rescapé du génocide. Il a été tué par Nkundabagenzi André en complicité avec un groupe dirigé par Hitimana Fidèle alors qu’il venait d’une fête de mariage. Ses meurtriers s’étaient compromis dans le génocide et Ndahimana Emile ne cachait pas son intention de les dénoncer le moment venu.

 

Neuf des onze assassins de  Ndahimana Emile ont été condamnés à mort par le tribunal de première instance de Gikongoro. Il s’agit de Nkundabagenzi, Senturo, Havugimana, Mbabariye, Mubera, Ntawuruhunga, Hangimana, Munyentwali, Mwuyekure. Deux autres à savoir Ntimugura et Hagenimana ont été condamnés respectivement à perpétuité et à trois ans de prison. 

 

2. Rutinduka Charles

 

Il était domicilié dans le secteur de Jenda dont il a été d’ailleurs secrétaire exécutif avant de céder le poste à  Akimana Célestin impliqué dans son assassinat. Il était connu pour son franc-parler. Ce qui le mettait en situation délicate avec certaines personnes parmi lesquelles des autorités locales : Ndeyimana Chrysostome, vice-maire chargé de l’économie, Uwambayikamba Emeritha, vice-maire chargé des affaires sociales, Uzabakiriho Célestin, Akimana Célestin, Ndimbati Sanyu Désiré.

 

Rutinduka Charles a été assassiné le 27 novembre à son domicile par un groupe dirigé par Hitiyaremye Fidèle. L’opération a été financée par Akimana Célestin, secrétaire exécutif du secteur de Jenda.  Akimana Célestin et son groupe ont été condamnés à mort par le tribunal de première instance de Gikongoro, Ndereyimana, Uwambayikamba,  Uzabakiriho Célestin et Hitiyaremye Fidèle se trouvaient en détention  à la sortie du rapport de la Commission parlementaire. 

 

3. Karasira alias Kabombo.

 

Il était domicilié dans le district de Kaduha, secteur de Kavumu. Il était rescapé du génocide. Il a été assassiné dans la nuit du 20 au 21 avril 2003. Le 03 février 2004, Mushimiye et Nsengiyumva ont été reconnus coupables de meurtre de Karasira par le tribunal de première instance de Gikongoro qui les a condamnés à la prison à vie.

 

4. Mukashyaka Séraphine.

 

Une femme hutu, âgée de 30 ans et mariée à un Tutsi. Elle habitait le secteur de Nyarusange, cellule de Kabugabo, district de Karaba. Elle a payé de sa vie sa détermination à plaider à charge contre ceux qui ont tué son mari et ses enfants pendant le génocide. Ses meurtriers ont été poursuivis par la justice.  

Sindikubwabo James et ses compagnons : Hakizimana Félicien, Ndaberetse Alexis et Kwitonda Athanase ont été condamnés à la prison à vie. Harelimana Célestin et Ntawuhorakize Sylvestre ont été acquittés.  Le  verdict en appel rendu par la cour de Nyabisindu a confirmé la condamnation à mort de Sindikubwabo James. Les autres condamnés ont été acquittés.

 

5. Hitimana Elizaphan

 

Dans la province de Cyangugu, la Commission parlementaire a pris connaissance de  l’assassinat de Hitimana Elizaphan qui avait été libéré provisoirement après être passé aux aveux. Selon les témoignages recueillis par la  Commission, il a été assassiné parce que déterminé à dire la vérité sur le génocide au cours des procès gacaca.

 

Ce qu’il faut retenir des tueries de Gikongoro :

 

C’est des tueries dirigées principalement contre les rescapés du génocide.

 

Elles ont été exécutées avec une extrême cruauté.

 

Les victimes ont fait objet de plusieurs exactions avant d’être achevées.

La culture de secours parmi la population de cette province laisse à désirer, surtout que le plan d’assassinat des personnes sus-mentionnées était connu à l’avance.

 

Les autorités locales ont fait preuve de passivité et même de complicité.

 

Les criminels sont tous de l’ethnie hutu. La plupart se sont compromis dans le génocide de 1994.

 

Il y a eu collecte d’argent pour récompenser les tueurs dans le but de faire disparaître les preuves du génocide et compromettre le travail des juridictions gacaca.

 

 

De l’idéologie du génocide.

 

 

1. Province de Gikongoro.

 

Pour la province de Gikongoro, le rapport insiste sur le harcèlement des rescapés et de tous ceux qui manifestent le désir de témoigner dans les juridictions gacaca, surtout dans les districts de Nyaruguru, de  Karaba, de Kaduha et dans la ville de Gikongoro. Selon des témoignages concordants, la justice est infectée par le virus de corruption au point que la population a perdu confiance en cette institution et ne sait à quelle instance se confier en cas de menace. La population se plaint également de la relaxation des personnes impliquées dans le génocide «faute de preuves». Ce sont elles qui distillent l’idéologie du génocide dans la province et se livrent aux exactions de toutes sortes.

 

Les autorités administratives sont aussi mises en cause. Le rapport accuse les autorités de la province de Gikongoro et celles du district de Kaduha de relativiser les tueries survenues à Kaduha. Certaines  autorités ont vu dans la démarche des députés une stratégie visant à ternir l’image de leur province.

 

Selon le rapport, Augustin Mutijima a attisé la haine du temps où il était préfet à Gikongoro. Du temps où il dirigeait le projet DANK à Nyaruguru, beaucoup de gens disaient qu’il a participé au génocide de 1994.

 

Le rapport parle de l’idéologie divisionniste dans deux écoles de la province de Gikongoro.

 

A l’école ACEPER Gikongoro (dans la ville de Gikongoro), le rapport accuse l’enseignant Bikorimana Jean de la Paix alias Amani de tenir un discours divisionniste quand il dispense son cours d’éducation civique. Les députés l’accusent de semer la division entre les élèves boursiers du FARG(Fonds d’Assistance aux Rescapés du Génocide, à majorité tutsi) et ceux qui ne le sont pas.  Le directeur de l’école, Munyengabe Joseph, et le préfet de discipline, Gahigana Alexis, sont également mis en cause dans la propagation de l’idéologie de haine dans cette école.

   

A l’Ecole Secondaire de Runyombyi, l’enseignant Fidèle Nzeyimana harcèle les élèves boursiers du FARG auxquels il a accolé le surnom de «IBIFARG». Il se serait moqué une fois d’eux en disant qu’ils ont même voulu aller manger à l’hôtel intercontinental de Kigali aux frais du FARG.

 

2. Province de Kibungo

 

En province de Kibungo, des cas de harcèlement, d’intimidation et d’assassinat des témoins du génocide sont également signalés. A la page 33, le rapport parle d’un tract qui a circulé à Gasetsa dans le district de Kigarama appelant les «Hutu à se munir d’armes traditionnelles dans le but de parachever le génocide». Toujours sur la même page, il est question d’un témoin du génocide, Mme Uwanyirimpuhwe Catherine, qui s’est réfugié dans la ville de Kibungo après que son mari ait été assassiné, que des pierres aient été jetées sur sa maison, son domicile incendié …

Toujours dans la province de Kibungo, des actes visant à compromettre le bon déroulement des juridictions

 gacaca sont signalés dans les secteurs de Mirenge, de Nyarubuye, dans les districts de  Kigarama, de Muhazi.

 

Selon les députés, la LIPRODHOR(Ligue rwandaise pour la promotion des droits de l’homme) attise des conflits dans la province de Kibungo en s’opposant au «partage des terres», une politique prônée par le gouvernement pour parer à la rareté et à l’exiguïté des terres.

 

Le rapport parle d’une scission au sein de l’ADEPR(Association des églises pentecôtistes au Rwanda) à Kibungo. L’aile fidèle à Majyambere décourage ceux qui sont participatifs dans les juridictions gacaca et dans les mutuelles de santé.

 

Au cours des élections générales de l’an passée, les pasteurs Rutagwabira et Nsengimana de l’église «Abageni ba Yesu» et ceux de l’EER(Eglise Episcopale au Rwanda) disaient à leurs ouailles que «ce pays ne doit pas être dirigé par un Tutsi». Ce discours a eu pour conséquence qu’après la victoire électorale du Président Paul Kagame, un Tutsi, et de son parti, le FPR(Front Patriotique Rwandais), des pasteurs et leurs fidèles se sont réfugiés à Nyakivara en Uganda. L’Eglise Baptiste et celle des Témoins de Jéhovah sont aussi mises en cause.

L’esprit divisionniste est signalé à Rusumo High School et à l’Ecole Secondaire de Ruramira à Kabarondo.

 

Les activités relatives à la commémoration et à l’inhumation des restes des victimes du génocide sont laissées aux seuls rescapés.     

 

3. Province de Kigali Ngali.   

 

Des cas de harcèlement des témoins du génocide sont signalés surtout dans les districts de Nyamata, de Gashora et de Buliza. Dans le secteur de Murambi, district de Buliza, un certain Ryamukuru aurait une fois dit à un rescapé : «Si vous continuez à faire emprisonner les nôtres, nous allons reprendre les machettes et vous exterminer».

 

La Liprodhor et l’ADEPR sont mises en cause dans la propagation de l’idéologie de haine dans la province de Kigali Ngali. Outre qu’elle s’oppose au «partage des terres», le rapport dit que la Liprodhor incite les habitants de Kigali Ngali à la sédition en leur promettant une exfiltration à l’étranger en cas de répression. A la page 45, le rapport reconnaît tout de même que la façon dont le «partage des terres» a été fait laisse à désirer dans la province de Kigali-Ngali. Il est dit que les autorités locales et les rescapés n’y adhèrent pas.  

 

Le divisionnisme est signalé dans l’Ecole Secondaire de Rulindo à Remera/Mbogo où les élèves sont subdivisés en deux groupes : Abanyamurenge et Abapanya. De même à l’Ecole Secondaire E.S.P.A de Gashyora et au Groupe Scolaire de Rilima.

 

Les activités de commémoration et d’inhumation des restes des victimes du génocide sont laissées aux seuls rescapés.

 

Aux présidentielles de l’an passé, les responsables de la campagne des candidats Faustin Twagiramungu et Jean-Népomuscène Nayinzira appelaient «les jeunes hutu à se lever pour combattre les Tutsi»

 

4. Province de Gitarama

 

Selon le rapport, presque tous les districts de cette province connaissent des cas de harcèlement des rescapés. Surtout dans la ville de Gitarama, à Ndiza, Kayumbu, Ruyumba, Ntongwe, Kamonyi, Ntenyo. Niyitegeka Emmanuel alias Rutwitsi avec son épouse, Nyirakabana Domina, domiciliés à Ndiza ; disaient  aux rescapés  lors des présidentielles de 2003 que si «Twagiramungu est élu, ils doivent chercher où se réfugier parce qu’ils vont les exterminer».

 

Dans le district de Kayumbu, une femme hutu dont le mari tutsi  a été tué pendant le génocide s’est réfugié dans sa famille avec ses enfants. Ces derniers ont été tués par les frères de la femme. Elle s’est alors réfugié dans sa belle famille et il lui a été demandé de rejoindre ses frères interahamwe.

Selon le rapport, presque partout, les gens ne disent pas la vérité dans les juridictions gacaca. Dans le district de Kabagari, secteur Nkomero ; l’on compte bon nombre de femmes dont les maris sont détenus pour génocide. Constatant que son mari venait d’être classé en première catégorie par la juridiction gacaca, une femme-membre du siège- s’est découragé et n’a plus répondu présente aux séances ultérieures.

 

Selon plusieurs témoignages, il est fréquent que de commerçants prospères détenus pour génocide graissent les pattes des autorités locales pour être libérés. Le rapport parle du cas de Kabarira Stanislas de Runda, Bizimana Christophe de la ville de Gitarama, du commerçant Sibomana de Mugina(Ruyumba), de l’ex-bourgmestre de Mushubati, Munyankumburwa Emmanuel.

Selon le rapport parlementaire, la Liprodhor tient un discours divisionniste dans cette province. «le FPR tue les Hutu», «Les militaires se livrent au viol», …

 

L’ONG «Fraternité Evangélique des Prisons » a été dissoute par l’administration provinciale pour cause de divisionnisme. L’«Eglise de Dieu» et les « Témoins de Jéhovah » sont également mis en cause.

 

Les activités de commémoration et d’inhumation sont laissées aux seuls rescapés.

 

5. Province de Butare

 

Le rapport de la commission parlementaire dit que presque tous les districts connaissent des cas de harcèlement de rescapés du génocide et de tous ceux qui manifestent le désir de témoigner dans les procès du génocide.

 

«Nous allons vous tuer tel que nous l’avons fait avec les vôtres en 1994», «Vous nous avez tués, nous allons aussi nous venger», «Nous allons encore vous tuer, la prison n’est pas un cimetière», «Tu ne vas pas échapper en ce mois d’avril»,…sont quelques-unes unes des paroles qui sont adressées aux témoins du génocide dans les secteurs de Nyamure, Kiruhura, Save, Gikonko, Maraba et Kibingo.

Selon le rapport, l’église ADEPR dans le district de Kibingo connaît une scission sur base ethnique. Il y a deux ailes : une qui se réclame de Kaje et une autre de Makote(un Munyamulenge). Il y a une idée répandue parmi les fidèles selon laquelle leur église est envahie par les Tutsi. Des conflits sont également signalés dans l’Eglise Baptiste et chez les Témoins de Jéhovah.

 

A l’élection du comité de l’AGEUNR(Association générale des étudiants de l’Université Nationale du Rwanda) pour l’édition 2001-2002, «Je suis le roi des Hutu», était le slogan choisi par le candidat Hakizimana Valens pour sa compagne.

 

«Souvenez-vous de ceux qui sont tombés à Ruhengeri ! Quand seront-ils commémorés ?», «Match aller FPR-MDR 3-0; Match retour FPR-MDR 0-5», «L’université a été libérée sans que le sang ne coule », sont quelques-unes des phrases que l’on peut lire sur les murs du campus de l’UNR.

 

Toujours à l’UNR, l’ADEPR est considérée comme l’Eglise des Hutu et Restauration Church comme celle des Tutsi. La chorale Singizwa Music est considérée comme appartenant aux Tutsi de même que la messe en Anglais. Par contre, la messe en Français est considérée comme celle des Hutu.

 

Selon le rapport, Gasimba François-Xavier propage la haine à l’UNR et au KIE(Kigali Institute of Education) où il preste comme enseignant. De même, l’Abbé Joseph Ngomanzungu au grand séminaire de Nyakibanda.

 

Presque dans tous les districts de Butare, les activités de commémoration et d’inhumation sont laissées aux seuls rescapés.

 

Aux élections présidentielles de l’année passée, les responsables de la campagne du candidat Faustin Twagiramungu propageaient les messages suivants : «Délivrer les Hutu de l’oppression», «Mettre les inyenzi aux arrêts», «Accorder une amnistie générale», «combattre l’injustice»,…Les rumeurs d’une guerre en cas de victoire de Paul Kagame ont fait que certains achètent les cartes du PALIPEHUTU(Parti pour la Libération du Peuple Hutu, un groupe rebelle burundais) pour un éventuel refuge au Burundi voisin.        

 

6. Province de Cyangugu

 

La Province de Cyangugu est localisée au sud -Ouest  du pays. Sa superficie  empêche le contrôle de la mise en oeuvre de la politique administrative de l’Etat. Pendant le génocide, cette région fit  partie  de la  zone  Turquoise et le génocide a duré  longtemps dans cet endroit. Plusieurs  personnes  ont été  tuées, même  après la libération du pays, les interahamwe ont poursuivi les tueries  en provenance de Bukavu. Le rapport cite le rôle important de l’ex-préfet de Cyangugu Bagambiki Emmanuel, les grands commerçants de Kamembe  et le commandant militaire de l’époque Imanishimwe.

 

Intimidation  et harcèlement des rescapés et les témoins  du génocide

 

 Le rapport parlementaire évoque les cas les plus graves d'intimidation et d’exclusion dans les districts de Bukunzi et Nyamasheke. Dans cette  région, beaucoup de personnes ont été  tuées  parce qu’ils aiment  témoigner dans les  juridictions Gacaca. Le rapport évoque également les mauvais comportements des autorités locales  qui tentent d’enlever de la  liste des génocidaires leurs amis  ou membres de familles.

 

Les responsables des Eglises de Cyangugu  sont  accusés  de participer ou propager les idées de  méfiance  et d’empêcher leurs membres de participer aux réunions  de Gacaca. Les rescapés et témoins du génocide sont intimidés souvent dans les 6 t 7 ème réunion Gacaca.  Par l'exemple,  une  femme  rescapée  du génocide  qui s'appelle, Nyampinga Brigitte du District Nyamasheke a accusé un infirmier du centre de santé de  Nyamasheke , Nzeyimana Etienne de l’avoir violée pendant le génocide. Après ce témoignage, en public, la femme a  été intimidée jusqu'à ce qu’elle décide de  quitter cette région. Elle habite  aujourd’hui à KININI.

 

Le rapport mentionne les mêmes  comportements dans les districts de Gashonga , Bukunzi, Bugarama, Impala , Gatare où un  groupe de 4 personnes (Sabahire , Mbazimitima , Ruhumuriza Jonathan  et Ntiserurwa Joseph) ont intimidé les rescapés de cette  région  jusqu’à  les  chasser  pour les empêcher de  témoigner ceux qu’ils ont vu. En général, le rapport reproche les autorités provinciales qui ont administré cette province  d’être inactives  dans  la sensibilisation.

 Les représentants des Eglises de Cyangugu ont refusé d’intégrer les chrétiens qui sont rentré après le génocide de 1994  Les Eglises qui ont connu des conflits liés à la mauvaise gestion du patrimoine de l’église sont  ADEPR à Gihundwe, Eglise  Méthodiste libre de Kibogora. Certains pasteurs  refusent de  discuter avec  leurs chrétiens en  public  du  problème de Gacaca et  les empêchent   de poser  les questions dans les  conseils  de Gacaca.

 

Les fonctionnaires de l’Etat  et  les commerçants de cette région  ne  participent pas activement dans les activités de Gacaca en disant que Gacaca  a été conçu  pour  faire exterminer les Hutus. Les responsables de l’Association des Droits de l’Homme (LIPRODOR) à Cyangugu sont accusés  de  prêcher l’idéologie de la haine au sein de la population.

 

Le rôle des médias  de la haine  diffusé  à partir de Bukavu  amplifie l’idéologie du génocide dans la province de Cyangugu.  La population de  Cyangugu écoute le radio qui  diffusent  les idées  génocidaires  Le rapport cite la radio Maria, Maendeleo, okapi et RTNC de Bukavu  et RUTOMORANGINGO   diffusé à partir du Burundi.

 

Pendant la campagne électorale, il  y avait des slogans qui   incitaient la population à doter  pour « le nôtre ». On disait « votez  pour celui qui va nous libérer de Gacaca, votez  pour celui qui va libérer les nôtres,  il est le plus populaire ».

 

Les  anciens  dirigeants  originaires de la province de Cyangugu  sont les opposants gouvernement : Twagiramungu Faustin, Rwaka, Rutihunza et les autres comme  Nteziryayo Siméon qui étaient des  amis .Certaines  de ces autorités  utilisent  LIPRODOR comme le canal pour semer la  confusion au sein de la population et  pour   donner la mauvaise image du Rwanda à l’étranger  de même que propager  l’idéologie  ethniste. 

 

7. La province Kibuye 

 

La Province de Kibuye est  une région qui a connu  des  rescapés  qui ont résisté  contre les Interahamwe.  Dans la région de Bisesero  on  trouve  un petit nombre de rescapés qui  témoignent  qu’ils ont combattu  jusqu’à la mort. Mais jusqu’à maintenant, les tueries  qui continuent dans cette province sont  liées principalement à l’idéologie génocidaire. 

 

Les tueries dans le  district de Rusenyi

 

Dans le secteur  MARA ,  un génocidaire  du nom de  HARINDITWARI Aminadab a été libéré par l’arrêté  présidentiel de janvier 2002 et  a tué  Mukakagenza  Julienne,  qui avait perdu  son  enfant  pendant le génocide ,  car elle lui avait exigé  de donner des éclaircissements sur  la mort de son enfant.

 

 Dans le district d’ITABIRE, Munyeshyaka  Mathias  originaire de  Birambo  a  témoigné  dans   les juridictions Gacaca. Après une semaine, sa femme,  ses enfants et ses chèvres ont été  tués  par des personnes inconnues. Dans le  district  BUDAHA, Habumugisha a refusé de soigner un enfant qui s’appelle    Mukashyaka  parce que sa mère  témoignait  souvent  dans les juridictions Gacaca.

 

 Concernant l’intimidation et le  harcèlement  de  témoins et  rescapés  du génocide, dans le district de Budaha, Yankurije Marcel a donné 15.000frw à  Habiyakare  pour qu’il tue Nyiramahoro Stéphanie qui l’avait accusé dans les juridictions Gacaca.  En général, des massacres persistent toujours dans  ce district de Budaha . Les rescapés  ont  toujours  peur  de retourner  dans leurs  parcelles.  Les  mêmes cas  de tueries et de menaces des  rescapés, ont été  constatés dans les districts de   Gisunzu et Rusenyi.

 

Dans  la province de Kibuye,  les chrétiens des Eglises  ADEPR,  EPR de KIRINDA et l’Eglise Catholique  de la région de Rutsiro, Budaha, Itabire et  Gisunzu  n’ont   pas la même compréhension sur le génocide et ses conséquences.Certains disent que l’inhumation des  restes  des  victimes du génocide   est un pêche. Cette  mauvaise  compréhension  a été constatée dans l’Eglise Adventiste  de Mugonero et Murangara.

 

 Dans le district  de Kirinda , le pasteur  Ntibimenya  Léonidas de l’Eglise  EPR  a  été  emprisonné pour génocide après un certain temps libéré  sans  suite. Les  témoins de JEHOVA dans la province de Kibuye  et  même ailleurs  refusent  la politique  gouvernementale. 

 

  Le rapport  signale  que  les idéologies  ethnistes   et de PAR MEHUTU  ont  été propagées par  Kabanda  célestin, originaire de cette province.

 

8. La ville de Kigali

 

Selon le rapport parlementaire, la ville de Kigali est  le centre  de plusieurs  personnalités de différentes idéologies. Les paroles de certains politiciens ont été jugées comme   destructives. 

 

Dans le district de Kacyiru, secteur  Kimironko Mukagacinya Grâce, une petite fille rescapé du génocide  a reçu un tract  lui  disant  qu’elle va mourir  si elle continue d’accuser les gens dans les juridictions gacaca. Les prisonniers de Kimironko  intimident les veuves des agglomérations  de l’Avega. Les prisonniers disent à la sortie : « si le jour  arrive, on va vous tuer ». Les femmes de prisonniers  disent  à ces veuves. « Pour brûler  les feuilles, on les mette d’abord  ensemble. Allusion claire au fait que  ces veuves  du génocide  habitent une même agglomération.

 

 Dans  le secteur de Remera, les témoins de gacaca sont  intimidés en  jetant des cailloux  sur leurs maisons pendant  la nuit.

 

Dans  le district de  Kanombe,  secteur Busanza  , Uwanyagasani,  Coordinateur adjoint de secteur  a écrit un tract appelant les Hutus à  tuer les Tutsi  avant la 8 ème réunion de Gacaca.

 

 Dans le secteur Nyarugunga, les veuves sont  surnommées, des noms des Interahamwe  qui ont tué beaucoup de  gens pour les traumatiser.  Une veuve, Laurence  Mukanyindo est surnommée Nshagaye, du nom d’un grand génocidaire  Nshagayintwari. Berna Mukankusi est surnommée « Ukuri kurahise ».

 

 Dans le district de Gikondo  , pendant les élections de 2003, jean Baptiste Sindikubwabo   disait «  ce sont les changes qui vous sont  accordées pour vous débarrasser de ces Tutsi ».Cet individu continue de harceler les rescapés de ce quartier.  Un  groupe de gens a intimidé un jour l’enfant  d’une veuve  qui s’appelle  Monique  Uwonkunda en lui  disant : « Nous  allons vous tuer à cause des  paroles de votre mère ».

 

Le rapport parlementaire signale les réunions clandestines des extrémistes Hutus dirigées  par  Kabanda célestin et les autres. On cite ici Lt Col Kanamugire, Bagiramenshi  Jean,   Bizimana léonard… 

 

Ce groupe de gens se réunissaient souvent  à Mihima ( Panovino) Sky Hôtel, et dans la province Kigali-Ngali  dans le district Rutongo, Musasa, Mugambazi,  Mbogo et  Rushashi.

 

Le harcèlement  des rescapés  et des témoins  de gacaca a été constaté  dans  les districts de Nyarugenge,  Butamwa ,  Nyamirambo  et Gisozi. Dans le secteur Kimihurura ,  un groupe de gens disait que les élections sont pour le Tutsi et ils empêchaient les gens  d’aller  voter.

 

  LIPRODHOR

 

L’association (Liprodor) qui a son siège à Nyamirambo est accusée de l’idéologie génocidaire. Le  recrutement du personnel est basé  sur le régionalisme et ethnisme. Les  responsables de cette  association doivent être exclusivement originaires de la province de Cyangugu.  Parmi les  promoteurs  de cette idéologie , le rapport  cite  Ntaganzwa Jean , Ndagijimana Balthazar, Uwobasa Marie Thérèsse ,Nsabimana Pasteur, Nsengiyumva Emmanuel,  Muhumba , Mukabutera Ancile, Karibanyi  Faustin  et Niyibizi Ruben .

Liprodhor comme  une association s’est impliqué fortement en politique. Pendant les élections présidentielles les cartes de Twagiramungu  étaient  distribuées dans les bureaux de la Liprodhor.

 

Le centre  des aveugles de Nyamirambo : AMIDOR

 

Le centre des aveugles  AMIDOR  est accusé  aussi de l’idéologie de la haine. Le responsable de ce centre  Mariam a été convoqué par la police pour se   justifier sur  la mort  de 300 enfants depuis 1994.

Le centre des orphelins  de Kicukiro dirigé par la sœur Adrien accueille seulement  les enfants originaires de la province de Cyangugu. Même les  plantons  sont  de Cyangugu.

 

Les Eglises  dans la ville de Kigali sont  nombreuses et certaines sont nouvelles :  Eglise abagorozi, urufunguzo  ry’ububyutse bw’isi, ADEPR sont accusé des idées divisionnistes

Les écoles  secondaires :   IFBK,  Lycée sainte Marie,   KIE   ont des  enseignants qui  propagent l’ idéologie du génocide.   Dans l’Institut  Supérieur Pédagogique (KIE), le rapport cite certains professeurs : Gasimba F.Xavier , Ntirenganya Frédéric, Munyakazi Léopold. 

 

9. La province d’UMUTARA.

 

La province d’Umutara nouvellement créée reçoit les gens  de différentes  provinces car c’est  une région qui  possède de la terre inoccupée. Parmi ces gens on trouve, des génocidaires qui  tentent  d’effacer les preuves du génocide.

C’est le  cas de RUTINDUKA  Boniface du secteur Gakenke district  Murambi.  Le harcèlement et l’intimidation  des rescapés et témoins  furent  signalés dans les districts de  Kara, Murambi et  Muvumba. Le rapport  a noté  la mauvaise  administration des  districts qui amplifie ces  idéologies. C’est le  cas   du district  de Rukara, Gabiro et Murambi.

 

10. La Province de Byumba

 

Dans cette province, le rapport fait état de l’idéologie du génocide dans les districts de  Rushaki, Kisaro, Rwamiko, Rebero, Kinihira, Bungwe. Dans l’Eglise ADEPR, le pasteur  Majyambere est  accusé  de distiller une idéologie  de divisionnisme.

 

Dans la province de Byumba, les rescapés du génocide  sont intimidés  et harcelés dans les  juridictions gacaca et pendant  la période de commémoration du génocide.

 

Le rapport cite certaines personnes  dont Ruzindana, ancien bourgmestre de la commune Kibari,  Muniraguha  Joseph, Murwanashyaka Grégoire qui  propageaient la haine par l’entremise du rédacteur en chef du journal Umuseso, Ismaël Mbonigaba 

 

11. La province Gisenyi

 

Le rapport  parlementaire épingle certaines associations qui  diffusent les idéologies de haine. Dans le district  de Mutura, les  associations des cultivateurs  de  pomme de terre COIMU(coopérative  Ibukwa  Muhinzi) et COTEMU(Coopérative Terimbere Muhinzi Mworozi) sont accusés de divisionnisme.

 

Souvenirs des Parents  du  district de  GASIZA,  les  Amis Twese Hamwe  de la famille   de Habyarimana, et  ABAHAMYA b’IZUKA  et les associations  IPROCA(Kayove), COOPAC (Nyamyumba) et BAIR (Bureau  des associations  des initiatives rurales) figurent  dans le rapport  comme associations qui propage l’idéologie  génocidaire  dans la province de Gisenyi.

 

12. La province de Ruhengeri

 

L’idéologie du génocide dans la province de Ruhengeri  est signalée principalement dans les districts Buhoma, Bukonya,  Kigombe,  Mutobo,  Nyarutovu.

Dans la province de Ruhengeri, le rapport  indique  les personnes  qui s’opposent à la politique réconciliation nationale. Le coordinateur de l’organisation FOR, MUSANGANYA, figure sur cette liste. Le rapport  mentionne  également  les  autorités  locales  des districts  de Buhoma, Kinigi et Bukamba  qui ne fournissent  aucun effort pour combattre cette idéologie. 

Après avoir démontré la récidive de l’idéologie du génocide dans toutes les provinces du pays, le rapport propose, sur 169 pages, ses conclusions ainsi que des stratégies à prendre et ceux qui doivent les appliquer. GLH reprend certaines de stratégies proposées. 

 

 

I. A propos des tueries en général :

 

Le rapport demande le renforcement des capacités de l'armée, de la police et des services de sécurité. 

Que les détenus du génocide qui se sont livrés aux tueries après leur libération provisoire soient classés en première catégorie. Et que les auteurs des crimes de sang soient punis de façon exemplaire.

 

II. Du harcèlement des témoins :

 

Poursuivre et punir de façon exemplaire ceux qui harcèlent les rescapés du génocide.

Sensibiliser la population sur le respect d’autrui et sur les droits fondamentaux de l’homme.

 

III. Des activités de commémoration et d’inhumation des restes de victimes du       génocide

 

Sensibiliser la population sur la nécessité de perpétuer la mémoire du génocide pour que ce qui est arrivé ne se reproduise.  

 

IV. De la négation et la banalisation du génocide.

 

Le rapport du parlement accuse les médias internationaux (La VOA, la BBC, la RFI, Le MONDE),  les Radios MAENDELEO et MARIA d’obédience catholique et basées à Bukavu(RDC) ainsi que la Radio OKAPI de la MONUC(Mission des Nations Unies au Congo) de servir de canal de diffusion des discours négationnistes et révisionnistes. A la page 157, le rapport recommande des sanctions sévères à l’encontre de tout journaliste et/ou organe de presse qui propage l’idéologie génocidaire.

Les députés demandent au gouvernement de mettre en place une loi qui condamne le négationnisme. Que les églises se désolidarisent de leurs membres qui nient et/ou banalisent le génocide. Que le Rwanda établisse la coopération avec d’autres pays pour une lutte plus efficace contre le négationnisme et la banalisation du génocide.

 

V. A propos des organisations religieuses.

 

L’Eglise catholique est pointée du doigt par le rapport qui l’accuse de couvrir les prêtres et ses membres recherchés par la justice pour leur participation dans le génocide. L’Eglise est aussi accusée de ne pas reconnaître sa part de responsabilité dans la propagation de l’idéologie du génocide au Rwanda. Elle est taxée d’aider les démunis sur base des critères ethniques. Beaucoup de diocèses ne comptent que des prêtres de l’ethnie hutu.  D’autres églises mises en cause tout le long du rapport sont : ADEPR, Eglise Méthodiste Libre, les Témoins de Jéhovah, les Témoins de la Résurrection du Christ. Les Députés recommandent la création d’un forum qui doit régir les activités des organisations religieuses dans le pays.

 

VIDes associations et organisations non gouvernementales.

 

Les Députés recommandent la dissolutions de la Liprodhor, du F.O.R(Forum des Organisations Rurales), Souvenirs des Parents, les Témoins de la Résurrection du Christ, et SDA-IRIBA pour propagation de l’idéologie de haine et du génocide.

 

VII. Du rôle des étrangers

 

Le rapport de la commission se félicite que la Belgique, les États-Unis et l’ONU aient reconnu le génocide de 1994 au Rwanda et demandé pardon pour n’avoir rien fait pour l’empêcher. Cependant, la France continue à nier le génocide perpétré au Rwanda. Pour y parvenir, la France utilise ses médias internationaux comme la RFI(Radio France Internationale), le quotidien Le Monde, des journalistes comme Stephen Smith, des juges comme Bruguière,… 

Le rapport accuse quatre ONGs internationales actives au Rwanda(Trocare, Care International, Norwegian Peoples’Aid, l’ONG belge 11.11.11 c’est-à-dire «le 11 novembre à onze heure» de soutenir des organisations locales qui véhiculent une idéologie de haine. Le rapport recommande à ces Ongs de souscrire à la politique d’unité et de réconciliation, de faire parvenir l’aide aux destinataires sans discrimination ethnique.