Notes de lecture du Rapport
des Députés sur l’idéologie du génocide au Rwanda
Le 20
janvier 2004, la Chambre des Députés a mis en place une «commission spéciale
dont les termes de référence étaient : 1. Enquêter sur les tueries
perpétrées à Kaduha dans la province de Gikongoro; 2. Enquêter sur l’idéologie
du génocide dans toutes les provinces du Rwanda et sur ceux qui
l’entretiennent ; 3. Proposer des stratégies pour combattre cette
idéologie et ceux qui doivent les appliquer. Cette commission a rendu son
rapport le 14 juin 2004 après avoir mené des enquêtes à travers tout le pays
pendant plus de cinq mois. La commission était composée de neuf députés :
Munyurangabo François(président), Rwabuhihi Ezéchias(vice-président),
Mukamurangwa S. Henriette, Mukarutabana Bernadette, Rutijanwa Médard, Mitsindo
Fidèle, Kaboneka Françis, Gasana Alfred, Zimulinda Jean-Baptiste. Dix ans après
le génocide, il apparaît que l’idéologie du génocide poursuit son bonhomme de
chemin. Aucune province du pays n’est épargnée.
Des tueries dans la province de
Gikongoro.
La Commission
parlementaire a dénombré trois personnes tuées dans le district de Kaduha et
une quatrième dans le district de Karaba. Le
rapport mentionne également une cinquième personne tuée en province de
Cyangugu
1. Ndahimana Emile,
assassiné le 04 mars 2003.
Il était domicilié dans le
district de Kaduha, secteur de Joma. Un rescapé du génocide. Il a été tué par
Nkundabagenzi André en complicité avec un groupe dirigé par Hitimana Fidèle
alors qu’il venait d’une fête de mariage. Ses meurtriers s’étaient compromis
dans le génocide et Ndahimana Emile ne cachait pas son intention de les
dénoncer le moment venu.
Neuf des onze assassins
de Ndahimana Emile ont été condamnés à mort par le tribunal de première
instance de Gikongoro. Il s’agit de Nkundabagenzi, Senturo, Havugimana,
Mbabariye, Mubera, Ntawuruhunga, Hangimana, Munyentwali, Mwuyekure. Deux autres
à savoir Ntimugura et Hagenimana ont été condamnés respectivement à perpétuité
et à trois ans de prison.
2. Rutinduka Charles
Il était domicilié dans le
secteur de Jenda dont il a été d’ailleurs secrétaire exécutif avant de céder le
poste à Akimana Célestin impliqué dans son assassinat. Il était connu
pour son franc-parler. Ce qui le mettait en situation délicate avec certaines
personnes parmi lesquelles des autorités locales : Ndeyimana Chrysostome,
vice-maire chargé de l’économie, Uwambayikamba Emeritha, vice-maire chargé des
affaires sociales, Uzabakiriho Célestin, Akimana Célestin, Ndimbati Sanyu
Désiré.
Rutinduka Charles a été
assassiné le 27 novembre à son domicile par un groupe dirigé par Hitiyaremye
Fidèle. L’opération a été financée par Akimana Célestin, secrétaire exécutif du
secteur de Jenda. Akimana Célestin et son groupe ont été condamnés à mort
par le tribunal de première instance de Gikongoro, Ndereyimana,
Uwambayikamba, Uzabakiriho Célestin et Hitiyaremye Fidèle se trouvaient
en détention à la sortie du rapport de la Commission parlementaire.
3. Karasira alias
Kabombo.
Il était domicilié dans le
district de Kaduha, secteur de Kavumu. Il était rescapé du génocide. Il a été
assassiné dans la nuit du 20 au 21 avril 2003. Le 03 février 2004, Mushimiye et
Nsengiyumva ont été reconnus coupables de meurtre de Karasira par le tribunal
de première instance de Gikongoro qui les a condamnés à la prison à vie.
4. Mukashyaka
Séraphine.
Une femme hutu, âgée de 30
ans et mariée à un Tutsi. Elle habitait le secteur de Nyarusange, cellule de
Kabugabo, district de Karaba. Elle a payé de sa vie sa détermination à
plaider à charge contre ceux qui ont tué son mari et ses enfants pendant le
génocide. Ses meurtriers ont été poursuivis par la justice.
Sindikubwabo James et ses
compagnons : Hakizimana Félicien, Ndaberetse Alexis et Kwitonda Athanase
ont été condamnés à la prison à vie. Harelimana Célestin et Ntawuhorakize
Sylvestre ont été acquittés. Le verdict en appel rendu par la cour
de Nyabisindu a confirmé la condamnation à mort de Sindikubwabo James. Les
autres condamnés ont été acquittés.
5. Hitimana Elizaphan
Dans la province de
Cyangugu, la Commission parlementaire a pris connaissance de l’assassinat
de Hitimana Elizaphan qui avait été libéré provisoirement après être
passé aux aveux. Selon les témoignages recueillis par la Commission, il a
été assassiné parce que déterminé à dire la vérité sur le génocide au cours des
procès gacaca.
Ce qu’il faut retenir des
tueries de Gikongoro :
C’est des tueries dirigées
principalement contre les rescapés du génocide.
Elles ont été exécutées
avec une extrême cruauté.
Les victimes ont fait
objet de plusieurs exactions avant d’être achevées.
La culture de secours
parmi la population de cette province laisse à désirer, surtout que le plan
d’assassinat des personnes sus-mentionnées était connu à l’avance.
Les autorités locales ont
fait preuve de passivité et même de complicité.
Les criminels sont tous de
l’ethnie hutu. La plupart se sont compromis dans le génocide de 1994.
Il y a eu collecte
d’argent pour récompenser les tueurs dans le but de faire disparaître les
preuves du génocide et compromettre le travail des juridictions gacaca.
De l’idéologie du
génocide.
1. Province de
Gikongoro.
Pour la province de
Gikongoro, le rapport insiste sur le harcèlement des rescapés et de tous ceux
qui manifestent le désir de témoigner dans les juridictions gacaca, surtout
dans les districts de Nyaruguru, de Karaba, de Kaduha et dans la ville de
Gikongoro. Selon des témoignages concordants, la justice est infectée par le
virus de corruption au point que la population a perdu confiance en cette
institution et ne sait à quelle instance se confier en cas de menace. La
population se plaint également de la relaxation des personnes impliquées dans
le génocide «faute de preuves». Ce sont elles qui distillent l’idéologie du
génocide dans la province et se livrent aux exactions de toutes sortes.
Les autorités administratives
sont aussi mises en cause. Le rapport accuse les autorités de la province de
Gikongoro et celles du district de Kaduha de relativiser les tueries survenues
à Kaduha. Certaines autorités ont vu dans la démarche des députés une
stratégie visant à ternir l’image de leur province.
Selon le rapport, Augustin
Mutijima a attisé la haine du temps où il était préfet à Gikongoro. Du temps où
il dirigeait le projet DANK à Nyaruguru, beaucoup de gens disaient qu’il a
participé au génocide de 1994.
Le rapport parle de
l’idéologie divisionniste dans deux écoles de la province de Gikongoro.
A l’école ACEPER
Gikongoro (dans la ville de Gikongoro), le rapport accuse l’enseignant
Bikorimana Jean de la Paix alias Amani de tenir un discours divisionniste quand
il dispense son cours d’éducation civique. Les députés l’accusent de semer la
division entre les élèves boursiers du FARG(Fonds d’Assistance aux Rescapés du
Génocide, à majorité tutsi) et ceux qui ne le sont pas. Le directeur de
l’école, Munyengabe Joseph, et le préfet de discipline, Gahigana Alexis, sont
également mis en cause dans la propagation de l’idéologie de haine dans cette
école.
A l’Ecole Secondaire de
Runyombyi, l’enseignant Fidèle Nzeyimana harcèle les élèves boursiers du FARG
auxquels il a accolé le surnom de «IBIFARG». Il se serait moqué une fois d’eux
en disant qu’ils ont même voulu aller manger à l’hôtel intercontinental de
Kigali aux frais du FARG.
2. Province de
Kibungo
En province de Kibungo,
des cas de harcèlement, d’intimidation et d’assassinat des témoins du génocide
sont également signalés. A la page 33, le rapport parle d’un tract qui a
circulé à Gasetsa dans le district de Kigarama appelant les «Hutu à se munir
d’armes traditionnelles dans le but de parachever le génocide». Toujours sur la
même page, il est question d’un témoin du génocide, Mme Uwanyirimpuhwe
Catherine, qui s’est réfugié dans la ville de Kibungo après que son mari ait
été assassiné, que des pierres aient été jetées sur sa maison, son domicile
incendié …
Toujours dans la province
de Kibungo, des actes visant à compromettre le bon déroulement des juridictions
gacaca sont signalés
dans les secteurs de Mirenge, de Nyarubuye, dans les districts de
Kigarama, de Muhazi.
Selon les députés, la
LIPRODHOR(Ligue rwandaise pour la promotion des droits de l’homme) attise des
conflits dans la province de Kibungo en s’opposant au «partage des terres», une
politique prônée par le gouvernement pour parer à la rareté et à l’exiguïté des
terres.
Le rapport parle d’une
scission au sein de l’ADEPR(Association des églises pentecôtistes au Rwanda) à
Kibungo. L’aile fidèle à Majyambere décourage ceux qui sont participatifs dans
les juridictions gacaca et dans les mutuelles de santé.
Au cours des élections
générales de l’an passée, les pasteurs Rutagwabira et Nsengimana de l’église
«Abageni ba Yesu» et ceux de l’EER(Eglise Episcopale au Rwanda) disaient à
leurs ouailles que «ce pays ne doit pas être dirigé par un Tutsi». Ce discours
a eu pour conséquence qu’après la victoire électorale du Président Paul Kagame,
un Tutsi, et de son parti, le FPR(Front Patriotique Rwandais), des pasteurs et
leurs fidèles se sont réfugiés à Nyakivara en Uganda. L’Eglise Baptiste et
celle des Témoins de Jéhovah sont aussi mises en cause.
L’esprit divisionniste est
signalé à Rusumo High School et à l’Ecole Secondaire de Ruramira à Kabarondo.
Les activités relatives à la commémoration et à
l’inhumation des restes des victimes du génocide sont laissées aux seuls
rescapés.
3. Province de
Kigali Ngali.
Des cas de harcèlement des
témoins du génocide sont signalés surtout dans les districts de Nyamata, de
Gashora et de Buliza. Dans le secteur de Murambi, district de Buliza, un
certain Ryamukuru aurait une fois dit à un rescapé : «Si vous continuez à
faire emprisonner les nôtres, nous allons reprendre les machettes et vous
exterminer».
La Liprodhor et l’ADEPR
sont mises en cause dans la propagation de l’idéologie de haine dans la
province de Kigali Ngali. Outre qu’elle s’oppose au «partage des terres», le
rapport dit que la Liprodhor incite les habitants de Kigali Ngali à la sédition
en leur promettant une exfiltration à l’étranger en cas de répression. A la
page 45, le rapport reconnaît tout de même que la façon dont le «partage des
terres» a été fait laisse à désirer dans la province de Kigali-Ngali. Il est
dit que les autorités locales et les rescapés n’y adhèrent pas.
Le divisionnisme est
signalé dans l’Ecole Secondaire de Rulindo à Remera/Mbogo où les élèves sont
subdivisés en deux groupes : Abanyamurenge et Abapanya. De même à l’Ecole
Secondaire E.S.P.A de Gashyora et au Groupe Scolaire de Rilima.
Les activités de
commémoration et d’inhumation des restes des victimes du génocide sont laissées
aux seuls rescapés.
Aux présidentielles de
l’an passé, les responsables de la campagne des candidats Faustin Twagiramungu
et Jean-Népomuscène Nayinzira appelaient «les jeunes hutu à se lever pour
combattre les Tutsi»
4.
Province de Gitarama
Selon le rapport, presque
tous les districts de cette province connaissent des cas de harcèlement des
rescapés. Surtout dans la ville de Gitarama, à Ndiza, Kayumbu, Ruyumba,
Ntongwe, Kamonyi, Ntenyo. Niyitegeka Emmanuel alias Rutwitsi avec son épouse,
Nyirakabana Domina, domiciliés à Ndiza ; disaient aux rescapés
lors des présidentielles de 2003 que si «Twagiramungu est élu, ils doivent
chercher où se réfugier parce qu’ils vont les exterminer».
Dans le district de
Kayumbu, une femme hutu dont le mari tutsi a été tué pendant le génocide
s’est réfugié dans sa famille avec ses enfants. Ces derniers ont été tués par
les frères de la femme. Elle s’est alors réfugié dans sa belle famille et il
lui a été demandé de rejoindre ses frères interahamwe.
Selon le rapport, presque
partout, les gens ne disent pas la vérité dans les juridictions gacaca. Dans le
district de Kabagari, secteur Nkomero ; l’on compte bon nombre de femmes
dont les maris sont détenus pour génocide. Constatant que son mari venait d’être
classé en première catégorie par la juridiction gacaca, une femme-membre du
siège- s’est découragé et n’a plus répondu présente aux séances ultérieures.
Selon plusieurs
témoignages, il est fréquent que de commerçants prospères détenus pour génocide
graissent les pattes des autorités locales pour être libérés. Le rapport parle
du cas de Kabarira Stanislas de Runda, Bizimana Christophe de la ville de
Gitarama, du commerçant Sibomana de Mugina(Ruyumba), de l’ex-bourgmestre de
Mushubati, Munyankumburwa Emmanuel.
Selon le rapport
parlementaire, la Liprodhor tient un discours divisionniste dans cette
province. «le FPR tue les Hutu», «Les militaires se livrent au viol», …
L’ONG «Fraternité
Evangélique des Prisons » a été dissoute par l’administration provinciale
pour cause de divisionnisme. L’«Eglise de Dieu» et les « Témoins de
Jéhovah » sont également mis en cause.
Les activités de
commémoration et d’inhumation sont laissées aux seuls rescapés.
5.
Province de Butare
Le rapport de la commission parlementaire dit que presque
tous les districts connaissent des cas de harcèlement de rescapés du génocide
et de tous ceux qui manifestent le désir de témoigner dans les procès du
génocide.
«Nous allons vous tuer tel que nous l’avons fait avec les
vôtres en 1994», «Vous nous avez tués, nous allons aussi nous venger», «Nous
allons encore vous tuer, la prison n’est pas un cimetière», «Tu ne vas pas
échapper en ce mois d’avril»,…sont quelques-unes unes des paroles qui sont
adressées aux témoins du génocide dans les secteurs de Nyamure, Kiruhura, Save,
Gikonko, Maraba et Kibingo.
Selon le rapport, l’église ADEPR dans le district de
Kibingo connaît une scission sur base ethnique. Il y a deux ailes : une
qui se réclame de Kaje et une autre de Makote(un Munyamulenge). Il y a une idée
répandue parmi les fidèles selon laquelle leur église est envahie par les
Tutsi. Des conflits sont également signalés dans l’Eglise Baptiste et chez les
Témoins de Jéhovah.
A l’élection du comité de l’AGEUNR(Association générale des
étudiants de l’Université Nationale du Rwanda) pour l’édition 2001-2002, «Je
suis le roi des Hutu», était le slogan choisi par le candidat Hakizimana Valens
pour sa compagne.
«Souvenez-vous de ceux qui sont tombés à Ruhengeri !
Quand seront-ils commémorés ?», «Match aller FPR-MDR 3-0; Match retour
FPR-MDR 0-5», «L’université a été libérée sans que le sang ne coule »,
sont quelques-unes des phrases que l’on peut lire sur les murs du campus de
l’UNR.
Toujours à l’UNR, l’ADEPR est considérée comme l’Eglise des
Hutu et Restauration Church comme celle des Tutsi. La chorale Singizwa Music
est considérée comme appartenant aux Tutsi de même que la messe en Anglais. Par
contre, la messe en Français est considérée comme celle des Hutu.
Selon le rapport, Gasimba François-Xavier propage la haine
à l’UNR et au KIE(Kigali Institute of Education) où il preste comme enseignant.
De même, l’Abbé Joseph Ngomanzungu au grand séminaire de Nyakibanda.
Presque dans tous les districts de Butare, les activités de
commémoration et d’inhumation sont laissées aux seuls rescapés.
Aux élections présidentielles de l’année passée, les
responsables de la campagne du candidat Faustin Twagiramungu propageaient les
messages suivants : «Délivrer les Hutu de l’oppression», «Mettre les
inyenzi aux arrêts», «Accorder une amnistie générale», «combattre
l’injustice»,…Les rumeurs d’une guerre en cas de victoire de Paul Kagame ont
fait que certains achètent les cartes du PALIPEHUTU(Parti pour la Libération du
Peuple Hutu, un groupe rebelle burundais) pour un éventuel refuge au Burundi
voisin.
6. Province de
Cyangugu
La Province de Cyangugu est localisée au sud
-Ouest du pays. Sa superficie empêche le contrôle de la mise en
oeuvre de la politique administrative de l’Etat. Pendant le génocide, cette
région fit partie de la zone Turquoise et le génocide a
duré longtemps dans cet endroit. Plusieurs personnes ont
été tuées, même après la libération du pays, les interahamwe ont
poursuivi les tueries en provenance de Bukavu. Le rapport cite le rôle
important de l’ex-préfet de Cyangugu Bagambiki Emmanuel, les grands commerçants
de Kamembe et le commandant militaire de l’époque Imanishimwe.
Intimidation et harcèlement des rescapés et les
témoins du génocide
Le rapport parlementaire évoque les cas les plus
graves d'intimidation et d’exclusion dans les districts de Bukunzi et
Nyamasheke. Dans cette région, beaucoup de personnes ont été
tuées parce qu’ils aiment témoigner dans les juridictions
Gacaca. Le rapport évoque également les mauvais comportements des autorités
locales qui tentent d’enlever de la liste des génocidaires leurs
amis ou membres de familles.
Les responsables des
Eglises de Cyangugu sont accusés de participer ou propager
les idées de méfiance et d’empêcher leurs membres de participer aux
réunions de Gacaca. Les rescapés et témoins du génocide sont intimidés
souvent dans les 6 t 7 ème réunion Gacaca. Par l'exemple, une
femme rescapée du génocide qui s'appelle, Nyampinga Brigitte
du District Nyamasheke a accusé un infirmier du centre de santé de
Nyamasheke , Nzeyimana Etienne de l’avoir violée pendant le génocide. Après ce
témoignage, en public, la femme a été intimidée jusqu'à ce qu’elle décide
de quitter cette région. Elle habite aujourd’hui à KININI.
Le rapport mentionne les
mêmes comportements dans les districts de Gashonga , Bukunzi, Bugarama,
Impala , Gatare où un groupe de 4 personnes (Sabahire , Mbazimitima ,
Ruhumuriza Jonathan et Ntiserurwa Joseph) ont intimidé les rescapés de
cette région jusqu’à les chasser pour les
empêcher de témoigner ceux qu’ils ont vu. En général, le rapport reproche
les autorités provinciales qui ont administré cette province d’être
inactives dans la sensibilisation.
Les représentants
des Eglises de Cyangugu ont refusé d’intégrer les chrétiens qui sont rentré
après le génocide de 1994 Les Eglises qui ont connu des conflits liés à
la mauvaise gestion du patrimoine de l’église sont ADEPR à Gihundwe,
Eglise Méthodiste libre de Kibogora. Certains pasteurs refusent
de discuter avec leurs chrétiens en public du
problème de Gacaca et les empêchent de poser les
questions dans les conseils de Gacaca.
Les fonctionnaires de
l’Etat et les commerçants de cette région ne
participent pas activement dans les activités de Gacaca en disant que
Gacaca a été conçu pour faire exterminer les Hutus. Les responsables
de l’Association des Droits de l’Homme (LIPRODOR) à Cyangugu sont accusés
de prêcher l’idéologie de la haine au sein de la population.
Le rôle des médias
de la haine diffusé à partir de Bukavu amplifie l’idéologie
du génocide dans la province de Cyangugu. La population de Cyangugu
écoute le radio qui diffusent les idées génocidaires Le
rapport cite la radio Maria, Maendeleo, okapi et RTNC de Bukavu et
RUTOMORANGINGO diffusé à partir du Burundi.
Pendant la campagne
électorale, il y avait des slogans qui incitaient la
population à doter pour « le nôtre ». On disait « votez
pour celui qui va nous libérer de Gacaca, votez pour celui qui va libérer
les nôtres, il est le plus populaire ».
Les anciens
dirigeants originaires de la province de Cyangugu sont les
opposants gouvernement : Twagiramungu Faustin, Rwaka, Rutihunza et les
autres comme Nteziryayo Siméon qui étaient des amis
.Certaines de ces autorités utilisent LIPRODOR comme le canal
pour semer la confusion au sein de la population et
pour donner la mauvaise image du Rwanda à l’étranger de même
que propager l’idéologie ethniste.
7. La province
Kibuye
La Province de Kibuye
est une région qui a connu des rescapés qui ont
résisté contre les Interahamwe. Dans la région de Bisesero
on trouve un petit nombre de rescapés qui témoignent
qu’ils ont combattu jusqu’à la mort. Mais jusqu’à maintenant, les
tueries qui continuent dans cette province sont liées
principalement à l’idéologie génocidaire.
Les tueries dans le district de Rusenyi
Dans le secteur
MARA , un génocidaire du nom de HARINDITWARI Aminadab a
été libéré par l’arrêté présidentiel de janvier 2002 et a tué
Mukakagenza Julienne, qui avait perdu son enfant
pendant le génocide , car elle lui avait exigé de donner des
éclaircissements sur la mort de son enfant.
Dans le district
d’ITABIRE, Munyeshyaka Mathias originaire de Birambo
a témoigné dans les juridictions Gacaca. Après une
semaine, sa femme, ses enfants et ses chèvres ont été tués
par des personnes inconnues. Dans le district BUDAHA, Habumugisha a
refusé de soigner un enfant qui s’appelle Mukashyaka
parce que sa mère témoignait souvent dans les juridictions
Gacaca.
Concernant l’intimidation
et le harcèlement de témoins et rescapés du
génocide, dans le district de Budaha, Yankurije Marcel a donné 15.000frw
à Habiyakare pour qu’il tue Nyiramahoro Stéphanie qui l’avait
accusé dans les juridictions Gacaca. En général, des massacres persistent
toujours dans ce district de Budaha . Les rescapés ont
toujours peur de retourner dans leurs parcelles.
Les mêmes cas de tueries et de menaces des rescapés, ont
été constatés dans les districts de Gisunzu et Rusenyi.
Dans la province de
Kibuye, les chrétiens des Eglises ADEPR, EPR de KIRINDA et
l’Eglise Catholique de la région de Rutsiro, Budaha, Itabire et
Gisunzu n’ont pas la même compréhension sur le génocide et
ses conséquences.Certains disent que l’inhumation des restes
des victimes du génocide est un pêche. Cette
mauvaise compréhension a été constatée dans l’Eglise
Adventiste de Mugonero et Murangara.
Dans le
district de Kirinda , le pasteur Ntibimenya Léonidas de
l’Eglise EPR a été emprisonné pour génocide après un
certain temps libéré sans suite. Les témoins de JEHOVA dans
la province de Kibuye et même ailleurs refusent la
politique gouvernementale.
Le rapport
signale que les idéologies ethnistes et de PAR
MEHUTU ont été propagées par Kabanda célestin,
originaire de cette province.
8. La ville de
Kigali
Selon le rapport parlementaire, la ville de Kigali
est le centre de plusieurs personnalités de différentes
idéologies. Les paroles de certains politiciens ont été jugées
comme destructives.
Dans le district de Kacyiru, secteur Kimironko
Mukagacinya Grâce, une petite fille rescapé du génocide a reçu un
tract lui disant qu’elle va mourir si elle continue
d’accuser les gens dans les juridictions gacaca. Les prisonniers de
Kimironko intimident les veuves des agglomérations de l’Avega. Les
prisonniers disent à la sortie : « si le jour arrive, on va
vous tuer ». Les femmes de prisonniers disent à ces veuves.
« Pour brûler les feuilles, on les mette d’abord ensemble.
Allusion claire au fait que ces veuves du génocide habitent
une même agglomération.
Dans le secteur de Remera, les témoins de
gacaca sont intimidés en jetant des cailloux sur leurs
maisons pendant la nuit.
Dans le district de Kanombe, secteur
Busanza , Uwanyagasani, Coordinateur adjoint de secteur a
écrit un tract appelant les Hutus à tuer les Tutsi avant la 8 ème
réunion de Gacaca.
Dans le secteur Nyarugunga, les veuves sont surnommées,
des noms des Interahamwe qui ont tué beaucoup de gens pour les
traumatiser. Une veuve, Laurence Mukanyindo est surnommée Nshagaye,
du nom d’un grand génocidaire Nshagayintwari. Berna Mukankusi est
surnommée « Ukuri kurahise ».
Dans le district de Gikondo , pendant les
élections de 2003, jean Baptiste Sindikubwabo disait « ce
sont les changes qui vous sont accordées pour vous débarrasser de ces
Tutsi ».Cet individu continue de harceler les rescapés de ce quartier.
Un groupe de gens a intimidé un jour l’enfant d’une veuve qui
s’appelle Monique Uwonkunda en lui disant :
« Nous allons vous tuer à cause des paroles de votre mère ».
Le rapport parlementaire signale les réunions clandestines
des extrémistes Hutus dirigées par Kabanda célestin et les autres.
On cite ici Lt Col Kanamugire, Bagiramenshi Jean, Bizimana
léonard…
Ce groupe de gens se réunissaient souvent à
Mihima ( Panovino) Sky Hôtel, et dans la province Kigali-Ngali dans le
district Rutongo, Musasa, Mugambazi, Mbogo et Rushashi.
Le harcèlement des rescapés et des
témoins de gacaca a été constaté dans les districts de
Nyarugenge, Butamwa , Nyamirambo et Gisozi. Dans le secteur
Kimihurura , un groupe de gens disait que les élections sont pour le Tutsi
et ils empêchaient les gens d’aller voter.
LIPRODHOR
L’association (Liprodor) qui a son siège à
Nyamirambo est accusée de l’idéologie génocidaire. Le recrutement du
personnel est basé sur le régionalisme et ethnisme. Les
responsables de cette association doivent être exclusivement originaires
de la province de Cyangugu. Parmi les promoteurs de cette
idéologie , le rapport cite Ntaganzwa Jean , Ndagijimana
Balthazar, Uwobasa Marie Thérèsse ,Nsabimana Pasteur, Nsengiyumva
Emmanuel, Muhumba , Mukabutera Ancile, Karibanyi Faustin
et Niyibizi Ruben .
Liprodhor comme une association s’est impliqué
fortement en politique. Pendant les élections présidentielles les cartes de
Twagiramungu étaient distribuées dans les bureaux de la Liprodhor.
Le centre des aveugles de
Nyamirambo : AMIDOR
Le centre des aveugles AMIDOR est
accusé aussi de l’idéologie de la haine. Le responsable de ce
centre Mariam a été convoqué par la police pour se justifier
sur la mort de 300 enfants depuis 1994.
Le centre des orphelins de Kicukiro dirigé par
la sœur Adrien accueille seulement les enfants originaires de la province
de Cyangugu. Même les plantons sont de Cyangugu.
Les Eglises dans la ville de Kigali sont
nombreuses et certaines sont nouvelles : Eglise abagorozi,
urufunguzo ry’ububyutse bw’isi, ADEPR sont accusé des idées
divisionnistes
Les écoles secondaires :
IFBK, Lycée sainte Marie, KIE ont des
enseignants qui propagent l’ idéologie du génocide. Dans
l’Institut Supérieur Pédagogique (KIE), le rapport cite certains
professeurs : Gasimba F.Xavier , Ntirenganya Frédéric, Munyakazi
Léopold.
9. La province
d’UMUTARA.
La province d’Umutara nouvellement créée reçoit les
gens de différentes provinces car c’est une région qui
possède de la terre inoccupée. Parmi ces gens on trouve, des génocidaires
qui tentent d’effacer les preuves du génocide.
C’est le cas de RUTINDUKA Boniface du
secteur Gakenke district Murambi. Le harcèlement et
l’intimidation des rescapés et témoins furent signalés dans
les districts de Kara, Murambi et Muvumba. Le rapport a
noté la mauvaise administration des districts qui amplifie ces
idéologies. C’est le cas du district de Rukara, Gabiro
et Murambi.
10. La Province de
Byumba
Dans cette province, le rapport fait état de
l’idéologie du génocide dans les districts de Rushaki, Kisaro, Rwamiko,
Rebero, Kinihira, Bungwe. Dans l’Eglise ADEPR, le pasteur Majyambere
est accusé de distiller une idéologie de divisionnisme.
Dans la province de Byumba, les rescapés du
génocide sont intimidés et harcelés dans les juridictions
gacaca et pendant la période de commémoration du génocide.
Le rapport cite certaines personnes dont
Ruzindana, ancien bourgmestre de la commune Kibari, Muniraguha
Joseph, Murwanashyaka Grégoire qui propageaient la haine par l’entremise
du rédacteur en chef du journal Umuseso, Ismaël Mbonigaba
11. La province
Gisenyi
Le rapport parlementaire épingle certaines
associations qui diffusent les idéologies de haine. Dans le
district de Mutura, les associations des cultivateurs
de pomme de terre COIMU(coopérative Ibukwa Muhinzi) et
COTEMU(Coopérative Terimbere Muhinzi Mworozi) sont accusés de divisionnisme.
Souvenirs des Parents du district
de GASIZA, les Amis Twese Hamwe de la
famille de Habyarimana, et ABAHAMYA b’IZUKA et les
associations IPROCA(Kayove), COOPAC (Nyamyumba) et BAIR (Bureau des
associations des initiatives rurales) figurent dans le
rapport comme associations qui propage l’idéologie
génocidaire dans la province de Gisenyi.
12. La province de
Ruhengeri
L’idéologie du génocide dans la province de
Ruhengeri est signalée principalement dans les districts Buhoma,
Bukonya, Kigombe, Mutobo, Nyarutovu.
Dans la province de Ruhengeri, le rapport
indique les personnes qui s’opposent à la politique réconciliation
nationale. Le coordinateur de l’organisation FOR, MUSANGANYA, figure sur cette
liste. Le rapport mentionne également les
autorités locales des districts de Buhoma, Kinigi et
Bukamba qui ne fournissent aucun effort pour combattre cette
idéologie.
Après avoir
démontré la récidive de l’idéologie du génocide dans toutes les provinces du
pays, le rapport propose, sur 169 pages, ses conclusions ainsi
que des stratégies à prendre et ceux qui doivent les appliquer. GLH
reprend certaines de stratégies proposées.
I. A propos des tueries en général :
Le rapport demande le renforcement des capacités de l'armée, de la
police et des services de sécurité.
Que les détenus du génocide qui se sont livrés aux tueries après leur
libération provisoire soient classés en première catégorie. Et que les auteurs
des crimes de sang soient punis de façon exemplaire.
II. Du harcèlement des témoins :
Poursuivre et punir de façon exemplaire ceux qui harcèlent les rescapés
du génocide.
Sensibiliser la population sur le respect d’autrui et sur les droits
fondamentaux de l’homme.
III. Des activités de
commémoration et d’inhumation des restes de victimes du
génocide
Sensibiliser la population sur la nécessité de perpétuer la mémoire du
génocide pour que ce qui est arrivé ne se reproduise.
IV. De la négation et la banalisation du
génocide.
Le rapport du parlement accuse les médias internationaux (La VOA, la
BBC, la RFI, Le MONDE), les Radios MAENDELEO
et MARIA d’obédience catholique et basées à Bukavu(RDC) ainsi que
la Radio OKAPI de la MONUC(Mission des Nations Unies au Congo) de
servir de canal de diffusion des discours négationnistes et révisionnistes. A
la page 157, le rapport recommande des sanctions sévères à
l’encontre de tout journaliste et/ou organe de presse qui propage l’idéologie
génocidaire.
Les députés demandent au gouvernement de mettre en
place une loi qui condamne le négationnisme. Que les églises se désolidarisent
de leurs membres qui nient et/ou banalisent le génocide. Que le Rwanda
établisse la coopération avec d’autres pays pour une lutte plus efficace contre
le négationnisme et la banalisation du génocide.
V. A propos des organisations religieuses.
L’Eglise catholique est pointée du doigt par le rapport qui l’accuse de
couvrir les prêtres et ses membres recherchés par la justice pour leur
participation dans le génocide. L’Eglise est aussi accusée de ne pas
reconnaître sa part de responsabilité dans la propagation de l’idéologie du
génocide au Rwanda. Elle est taxée d’aider les démunis sur base des critères
ethniques. Beaucoup de diocèses ne comptent que des prêtres de l’ethnie
hutu. D’autres églises mises en cause tout le long du rapport sont :
ADEPR, Eglise Méthodiste Libre, les Témoins de Jéhovah, les Témoins de la Résurrection
du Christ. Les Députés recommandent la création d’un forum qui doit régir les
activités des organisations religieuses dans le pays.
VI. Des associations et organisations non gouvernementales.
Les Députés recommandent la dissolutions de la
Liprodhor, du F.O.R(Forum des Organisations Rurales), Souvenirs des Parents,
les Témoins de la Résurrection du Christ, et SDA-IRIBA pour propagation de
l’idéologie de haine et du génocide.
VII. Du rôle des étrangers
Le rapport de la commission se félicite que la Belgique,
les États-Unis et l’ONU aient reconnu le génocide de 1994 au Rwanda et demandé
pardon pour n’avoir rien fait pour l’empêcher. Cependant, la France continue à
nier le génocide perpétré au Rwanda. Pour y parvenir, la France utilise ses
médias internationaux comme la RFI(Radio France Internationale), le quotidien
Le Monde, des journalistes comme Stephen Smith, des juges comme
Bruguière,…
Le rapport accuse quatre ONGs internationales
actives au Rwanda(Trocare, Care International, Norwegian Peoples’Aid, l’ONG
belge 11.11.11 c’est-à-dire «le 11 novembre à onze heure» de soutenir des
organisations locales qui véhiculent une idéologie de haine. Le rapport
recommande à ces Ongs de souscrire à la politique d’unité et de réconciliation,
de faire parvenir l’aide aux destinataires sans discrimination ethnique.