Communiqué
de presse du 27 juin 2017 par le Général
Lafourcade
Le Général Lafourcade a appris par voie de presse
qu’un journaliste aurait affirmé
que
« pendant l’opération Turquoise, des
directives ont été données pour
armer les
génocidaires
».
Le
Général Lafourcade, qui était le
Commandant de l’opération Turquoise au
Rwanda
entre
juin et août 1994, tient à indiquer
qu’il n’a jamais reçu d’ordre
de
quiconque, ni
écrit
ni oral, de livrer des armes à des personnes
génocidaires.
L’opération
Turquoise a protégé des centaines de milliers de
personnes de
la violence
et
permis de sauver a minima des dizaines de milliers de vies tutsies.
Aucune
livraison d’armes n’est
intervenue pendant l’opération
Turquoise auprès de
qui
que ce soit, les militaires français ayant parfaitement
respecté leur
devoir de
neutralité
et leur mission de mettre fin au génocide,
conformément au
mandat de la
résolution
929 de l’ONU.
Le
Général Lafourcade dénonce avec la
plus grande fermeté ce type de sortie
médiatique,
aussi invraisemblable qu’irresponsable.
Fait
à Paris, le 27 juin 2017
Général
de corps d’armée (2S) Jean-Claude
Lafourcade
Rwanda
: "L’Elysée a donné l’ordre
de réarmer les génocidaires"
http://tempsreel.nouvelobs.com
INTERVIEW.
Patrick de Saint-Exupéry affirme dans la
revue "XXI" qu'à l'été 1994, alors que
le génocide est connu, Paris
va envoyer des armes au régime hutu.
Par
Jean-Baptiste
Naudet
Publié le 26 juin 2017
Patrick de Saint Exupery
Dans le prochain
numéro de la revue
"XXI", intitulé "Nos crimes en Afrique",
Patrick de Saint-Exupéry,
journaliste renommé à l’origine de
nombreuses informations exclusives sur
l’implication de la France dans le génocide des
Tutsis du Rwanda de 1994, fait
de nouvelles révélations
stupéfiantes : non seulement Paris a soutenu le
régime criminel hutu, mais l’Elysée a
donné l’ordre, après le
génocide, de
réarmer les génocidaires.
Interview :
Comment avez-vous
pu obtenir ces informations
incroyables ?
En avril 2015,
l’Elysée a annoncé l’ouverture
des archives officielles
françaises sur le Rwanda. Deux
fonctionnaires sont alors chargés de
leur lecture. Et l’un de ces fonctionnaires,
travaillé par ses découvertes, a
raconté, en privé, de façon impromptue
et improbable ce qu’il a découvert dans
ces archives.
Et il
découvre d’abord qu’une
directive a été donnée de
réarmer ceux qui venaient de commettre le
génocide.
Nous sommes
à l’été 1994, en pleine
opération
militaire française Turquoise, au moment où
l’on sait que le génocide a bien eu
lieu, au moment où l’ONU
l’a reconnu. C’est aussi un peu plus de trois
semaines après le discours de François Mitterrand
à Oradour-sur-Glane qui parle
du "plus jamais ça !" mais
n’évoque même pas le Rwanda.
De qui vient la
directive de réarmer les
génocidaires ?
Ce que
l’on sait, ce que dit ce fonctionnaire qui a
été chargé de lire les archives,
c’est que la directive a été
confirmée par une
note manuscrite d’Hubert Védrine qui
était à l’époque le
secrétaire général de
l’Elysée.
La question des
armes est importante. On présente
toujours ce génocide comme ayant été
réalisé avec des machettes mais on occulte
volontairement, dans le discours officiel, l’utilisation
régulière et
récurrente des grenades, des fusils mitrailleurs, des armes
lourdes qui ne
venaient pas de nulle part. L’autorité, les
uniformes, les armes étaient des
éléments indispensables pour pousser toute une
population à massacrer ses
voisins. Et l’armée hutue, les Forces
armées rwandaises (FAR), a été
encadrée,
de 1990 à 1993, sur ordre de l’Elysée,
par les militaires français.
Mais quels
Français étaient à la
manœuvre dans ce
dossier ?
Plus les choses
avancent, plus on se rend compte
qu’Hubert Védrine et un certain nombre
d’autres personnes veulent imposer une
version de l’histoire, leur version. Et pour ce faire, ils
bloquent
systématiquement toute possibilité de discussion.
Pour vous, la
responsabilité française ne fait pas de
doute ?
Il y a une
implication extrêmement importante et, à
vrai dire, mystérieuse des plus hautes autorités
françaises dans les événements
du Rwanda. A Paris, on sait tout très vite mais on ne veut
pas le voir, ce qui
est très différent. Dès 1990, il y a
des télégrammes de l’ambassade de
France à
Kigali qui mettent en garde sur les risques de génocide. La
DGSE, les services
extérieurs, donnent aussi des signaux extrêmement
clairs sur ce qui se passe,
comme le montre une note de la Délégation aux
affaires stratégiques du
ministère de la Défense que nous publions dans
"XXI". Paris sait mais
refuse de voir.
L’aveuglement
est évident. Quelles
sont les raisons de cet aveuglement ?
Que
s’est-il passé ? Pourquoi un tel
engagement
de l’Elysée auprès des
génocidaires avant, pendant et après ?
Comment se
justifient ceux qui défendent cet
engagement ?
Il n’y
a pas vraiment d’explication, juste une
négation qui consiste à faire porter aux victimes
le poids de ce qui s’est
passé ; ce qui est absolument incroyable. Le
discours tenu est le
suivant : les victimes sont les coupables, les victimes ont agi de
manière à ce
que se produise leur extermination, elles ont donc provoqué
le génocide. Ce
raisonnement permet d’exonérer totalement le
rôle de la France. C’est ce que disaient
les extrémistes hutus : ils veulent tous nous tuer,
nous n’avons pas
d’autre choix que de les tuer de manière
préventive.
En France, des
responsables politiques parlent
toujours des "massacres" ou "des"
génocides au
pluriel alors que ce qui s’est passé au Rwanda
c’est un génocide, le
génocide des Tutsis du Rwanda. Il y a
eu aussi des massacres de l’autre
côté, mais ce sont des massacres, pas un
génocide.
Comment
expliquez-vous l’attitude des autorités
françaises dans cette affaire ?
L’explication
la plus raisonnable serait l’erreur,
l’erreur d’analyse, une erreur absolument
incroyable. Mais, vingt-trois ans
plus tard, Paris reste incapable de dire : oui, nous nous
sommes trompés.
Pour éviter cela, le débat est
systématiquement poussé à ses
extrémités :
on sort le chiffon rouge de la repentance, on parle de
l’honneur bafoué de la
France, on exacerbe et on attise la discussion pour ne pas
reconnaître qu’il y a
un problème de fond.
Les
autorités françaises n’ont-elles pas
évolué sur
l’affaire rwandaise ?
Non seulement il
y a des erreurs qui entraînent des
mensonges et un déni mais ce déni se poursuit
dans le temps. On voit en France
la perpétuation du mensonge à travers des
générations politiques. Le génocide
se produit à l’époque de Mitterrand et
lorsque Manuel Valls fait en 2014 son
discours d’investiture comme Premier ministre, il reprend le
discours de
l’époque mitterrandienne sans se poser la moindre
question. Quand on voit les
responsables politiques d’un pays comme la France
perpétuer dans le temps la
construction d’une histoire extrêmement discutable,
on ressent ce sentiment,
exprimé par l’historien Vidal-Naquet,
qu’ils sont en train d’assassiner la
mémoire.
Propos recueillis
par Jean-Baptiste Naudet
Journaliste
à l'Obs
1)
Patrique de Saint
Exupery :
L’ordre a
été donné de réarmer ceux
qui viennent de
commettre le génocide.
2)
Marie Laure
Guislain :
Génocide des Tutsi du
Rwanda, SHARPA accuse BNP
PARIBAS de complicité
(France 24)
Rwanda
: "On nous a demandé de livrer des armes aux
génocidaires dans les camps
de réfugiés", affirme un ancien officier de
l'armée française
Par franceinfo
– Radio France
Publié
le
29/06/2017
Alors que
l'association Survie a déposé,
récemment, à Paris, une plainte contre des
responsables politiques et militaires français pour
"complicité de génocide et complicité
de crimes contre l’humanité", lors du génocide au Rwanda,
en 1994 , Guillaume
Ancel, ancien officier de
l’armée de terre, affirme, ce jeudi, sur
franceinfo, que ses supérieurs lui ont
clairement demandé de "livrer
des armes aux génocidaires dans les camps de
réfugiés."
Guillaume
Ancel a pris part à l'opération
Turquoise au Rwanda, en 1994, en tant que
capitaine du 2e régiment
étranger d'infanterie. Il a ensuite
été en
mission à Sarajevo pendant le siège de la ville,
en 1995 (une expérience
qu'il raconte dans Vent glacial sur Sarajevo,
publié aux Belles
Lettres). Il a quitté l'armée en 2005,
et travaille aujourd'hui dans le
secteur privé.
franceinfo :
Que vous inspire cette plainte contre les responsables politiques et
militaires
français de l'époque ?
Guillaume
Ancel : Force est de
constater que,
23 ans après le génocide des Tutsis au
Rwanda, nous ne connaissons
toujours pas le rôle que la France a joué, et je
pense qu'il serait grand temps
qu'on arrête de raconter aux Français ce qu'ils
doivent en penser et qu'on leur
permette de juger par eux-mêmes.
C’est-à-dire d'ouvrir les archives, de faire
la lumière sur ce qu'il s'est passé, et
d'arrêter d'être dans ce déni permanent
d'une réalité à laquelle, moi, j'ai
assisté.
Je ne vais prendre qu'un exemple : j'étais officier détaché dans une unité de la Légion étrangère, quand nous sommes partis dans cette opération humanitaire. La première partie de l'opération était clairement destinée à remettre au pouvoir le gouvernement génocidaire. On pourrait dire que l'on n'en avait pas parfaitement conscience, alors, qu'en réalité, la DGSE avait largement informé le gouvernement de l'époque. Dans la deuxième partie, quand on a enfin renoncé à remettre au pouvoir ce gouvernement génocidaire, on a juste protégé sa fuite en créant une zone humanitaire.
Lt Col Guillaume
Ancel :
JK :
Mon cher
Colonel, dans la seconde quinzaine de juillet 1994, les camps de
réfugiés rwandais
au Zaïre n’étaient pas encore
constitués, je me demande dans quels camps tu as
livré ces armes d’autant plus que le
Général Lafourcade Commandant de
l’opération
Turquoise nie avoir entendu parler de ces livraisons.