Qui
est Kizito Mihigo?
Kizito Mihigo
Informations
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Kizito Mihigo, né
le 25 juillet 1981
à Kibeho,
est un chanteur de gospel, auteurde chants liturgiques, organiste et compositeur rwandais militant
pour la paix et
la réconciliation[1],[2].
Rescapé du génocide
des Tutsis, formé au Conservatoire de Paris,
en 2010 il crée
la Fondation Kizito Mihigo
pour la Paix[3].
En 2012 il devient animateur
de télévision[2].
Au mois d'avril 2014,
après avoir publié une chanson critique
immédiatement interdite par les autorités
rwandaises, Mihigo est arrêté
pour « menace contre
l'État »[4].
Le 27 février 2015 il
est condamné à dix ans de prison
pour « conspiration contre le
gouvernement » du
président Paul Kagame[5].
Sommaire
Biographie
Kizito Mihigo est
né le 25 juillet 1981 à Kibeho,
dans le district de Nyaruguru,
l'ancienne préfecture de Gikongoro (aujourd’hui Province
du Sud) au Rwanda.
Troisième de six enfants, ses parents sont Augustin Buguzi
et Placidie
Iribagiza[2],[6]
Débuts
musicaux
À
l'âge de 9 ans, il commence à composer des
chansonnettes, mais ce n'est que 5 ans plus tard, lorsqu'il est
élève au Petit
Séminaire de Butare,
qu'il devient l'organiste compositeur liturgique le
plus populaire dans l'Église
catholique au Rwanda[7].
Rescapé
du génocide
En 1994, il perd
sa famille et devient orphelin lors
du génocide
des Tutsis au Rwanda. Il
s’échappe au Burundi où
il retrouve des membres de sa
famille ayant survécu. Il tente en vain de rejoindre
l’Armée
Patriotique Rwandaise (APR) pour venger
sa famille[8] .
Scolarité
En juillet 1994,
il retourne au Rwanda.
Après l’école secondaire, il
s’inscrit
au séminaire pour
devenir prêtre et
là, à travers la musique et
la foi chrétienne, il arrive à pardonner ceux qui
ont tué son père[8]
Formation
musicale et carrière :
Formation
musicale
En 2001, il
participe à la composition de l’hymne national rwandais
et il est ensuite envoyé faire des études
au Conservatoire de Musique de
Paris par les
autorités rwandaises (avec le soutien financier du
président rwandais Paul Kagame)[1],[9]
À
Paris, Mihigo suit les cours d'orgue et
de composition dans
la classe de Françoise
Levechin-Gangloff, titulaire des grands orgues
de l'Église
Saint-Roch de Paris, professeur au Conservatoire national
supérieur de musique et de danse
de Paris— CNSMDP —
et Présidente du Conservatoire international
de musique de Paris -
CIMP [10] Il
entame ensuite une carrière musicale internationale
basé en Belgique.
Installation
au Rwanda
En 2011, Mihigo
s'installe définitivement au Rwanda,
et devient une personnalité artistique
respectée par la population et par le pouvoir [1].
Il est régulièrement invité pour
chanter dans toutes les cérémonies nationales
de commémoration du génocide [9].
Kizito
Mihigo chante durant la cérémonie
nationale pour la 17ecommémoration du génocide — Stade Amahoro, Kigali —
Le 7 avril 2011
Il se fait
connaître aussi par de nombreuses
invitations dans les cérémonies officielles
au parlement et
ailleurs, pour interpréter l'hymne national rwandais,
en présence du Chef d'État et
d'autres hauts dignitaires[9],[3],[11].
Critiques
Son rapprochement
avec le pouvoir lui vaut beaucoup de
critiques venant de ses fans chrétiens qui
regrettent une certaine déviation de leur compositeur liturgique vers
des thèmes de plus en
plus politiques.
En 2011
le chanteur tente
de
rassurer ses fans [12].
Ses concerts
religieux attirent un grand nombre de
personnes à Kigali et
à Kibeho,
lieu de naissance
de l'artiste. Ces événements sont souvent
honorés par la présence de
différents ministres[13],[14],[15].
En 2011, les
concerts les plus populaires de l'artiste
sont celui de Pâques et
celui de Noël[16],[17].
Œuvres
Après
le génocide
de 1994, ce chanteur rwandais a
composé plus de 400 chansons en 20
ans[18].
Les plus
populaires sont:
Au mois de novembre 2013
, lors d'une interview donnée à une radio
locale à l'occasion de la sortie de son single Ibyishimo
bibi (joie dangereuse), Kizito Mihigo annonce son
projet de création
d'une école de musique au Rwanda[24].
Militantisme
pour la paix et la
réconciliation
Kizito
Mihigo avec Bénédict-Fleur Vappereau,
Secrétaire Nationale du MIR,
après la Messe pour
la Paix — Église Saint
Roch de Bruxelles — décembre 2007[25]
Durant son
séjour en Europe, ayant fait connaissance
du Mouvement international de
la réconciliation — MIR
France — (ONG française
prônant la
non-violence) [26],
en 2007 Kizito Mihigo organise à Bruxelles une Messe
- concert pour la Paix en Afrique [25].
Pour la
communauté catholique africaine résidant
en Europe,
il organise
régulièrement des concerts de musique sacrée suivis
par une Messe de Requiem pour
les victimes de toutes sortes de violences dans le monde. Ces messes
sont
célébrées par Monseigneur
Léonard, à
l'époque évêque du diocèse de Namur.
En 2010 ce dernier deviendra archevêque de
Bruxelles [27].
En 2010, le
chanteur crée la Fondation Kizito Mihigo
pour la Paix — KMP —
une organisation non
gouvernementale rwandaise
prônant la paix et la réconciliation[9],[3].
Kizito Mihigo porte
l'uniforme de la
fondation KMP — Kigali —
2013
Après
son installation au Rwanda,
en compagnie de sa fondation, et en
partenariat avec le gouvernement
rwandais,
l'ONG World
Vision et l'ambassade des États-Unis à Kigali,
il entame une tournée dans les écoles
et dans toutes les prisons du Rwanda[7].
Kizito
Mihigo reçoit, au siège de la
Fondation KMP, les étudiants américains de
Harwood Union High School - 26 février 2013[28].
Dans les
écoles, l'objectif est l'éducation de la
jeunesse aux valeurs de paix et
de réconciliation,
et la création des clubs de
paix. Dans les prisons, le chanteur cherche à susciter un
débat avec les
détenus à propos des crimes commis, avant d'y
créer les clubs de dialogue dits
« clubs de transformation des
conflits »[2],[7]
Prix
Kizito
Mihigo reçoit le prix CYRWA donné
par la Première dame du Rwanda Jeanette
Kagame — Kigali —
août 2011[29]
En août
2011, en reconnaissance de ses activités pour
la paix,
Kizito Mihigo reçoit le
prix CYRWA (Cerebrating Young Rwandan Archivers),
donné par la fondation
Imbuto, organisation de la Première dame du Rwanda, Jeanette Kagame[29],[30].
En avril 2013,
l'Office rwandais de la Gouvernance (Rwanda
Gouvernance Board) reconnaît la Fondation Kizito
Mihigo pour la Paix (KMP) parmi les
dix meilleures ONG
locales ayant favorisé la bonne
gouvernance. À cette occasion, la Fondation reçoit
le prix « RGB award »
de 8 000 000 Frw (huit
millions de francs rwandais)[31].
Le
président Paul Kagame,
lui
aussi, avait toujours présenté ce musicien rescapé
du génocide comme
un
modèle pour les jeunes Rwandais[18].
Animateur
de télévision
Depuis 2012
Kizito Mihigo anime Umusanzu
w'Umuhanzi (« La contribution de
l'artiste ») une émission
hebdomadaire de la télévision nationale produite
par la Fondation KMP [2].
Dans cette
émission d'une heure tous les mardis à 22
heures, le chanteur diffuse et commente les concerts avec les
prisonniers et
les élèves. Une fois par mois à
travers cette émission, Mihigo dirige le Dialogue
interreligieux, un débat avec des
leaders religieux visant à
trouver, ensemble, le rôle des religieux dans la construction
de la Paix [2].
Vie
privée
Chrétien catholique,
célibataire
sans enfants, admirateur de Mozart,
de Bach et
de Haendel[10],
amateur des arts martiaux et
du cinéma,
en 2012 une rumeur
dans la presse locale parle d'une relation amoureuse secrète
entre lui et Miss
Jojo, chanteuse locale R&B de
confession musulmane.
Interviewés, les deux artistes nient la liaison et parlent
d'une amitié profonde
[2].
Depuis 2009
Kizito Mihigo apparaît souvent dans
la presse people de
Kigali comme l'une des célébrités qui
attirent le plus de femmes au Rwanda
[2].
En avril 2013 le
quotidien rwandais The
New Times le
classe deuxième parmi les huit hommes
célèbres les plus sexy au Rwanda
[32].
Arrestation
Au mois
de mars 2014,
Kizito
Mihigo publie sur YouTube une
nouvelle chanson intitulée Igisobanuro
cy'Urupfu (La signification de la mort),
dans laquelle le chanteur
critique la version officielle du génocide
des Tutsis, et réclame la compassion
pour toutes les victimes dont
celles du génocide, mais aussi celles des vangeances. La
chanson est rapidement
interdite par les autorités rwandaises et aussitôt
effacée sur YouTube [20].
Le 7
avril 2014,
le jour de la 20e
commémoration du génocide, le chanteur
est porté disparu [20].
Le 12 avril,
l'ancien
Premier ministre Faustin Twagiramungu dénonce
la détention illégale de l'artiste par
la police à
la suite de la sortie de sa chanson controversée[33].
Le 15 avril 2014,
Mihigo est présenté aux journalistes par
la police, accusé d’avoir planifié des
attaques terroristes et d’avoir
collaboré avec les Forces
Démocratiques de Libération du Rwanda — FDLR —
et le parti politique Rwanda National Congress (RNC)
en vue de
renverser le gouvernement[20].La
RNC dément [34]
Alors que la
police avait nié détenir le suspect
depuis une semaine[35],
le site WikiLeaks révèle
que
ce chanteur et activiste chrétien avait disparu le 4 avril,
soit 10 jours avant
l'annonce officielle de l'arrestation[36].
Dans l'opinion
publique, beaucoup d'observateurs
restent convaincus que l'arrestation du musicien est liée
à cette chanson
critique sortie et interdite quelques jours auparavant[20],[21],[37],[9].
Quelques semaines
avant l'annonce de cette
arrestation, dans son discours lors de la
cérémonie de collation des grades aux
officiers de Police,
à
Gishari (dans l'Est du pays), le Président Kagame avait
déclaré : « Je
ne suis
pas un chanteur pour divertir les ennemis de
l'État » [38].
Après l'annonce officielle de l'arrestation, le gouvernement
rwandais interdit
la diffusion des chansons de Kizito Mihigo aux radios et
télévisions
locales [35].
Quelques heures
après l'audience du 21 avril 2014, une
interview « confession » est
diffusée : Kizito y
a « plaidé coupable de tous les
chefs d'accusation et a demandé à
pouvoir être assisté par un
avocat ». Dans une seconde
interview « confession »,
il déclare : « avoir
accepté l'idée de lire un communiqué
dénonçant l'absence d'État de droit au Rwanda et
appelant la jeunesse à se soulever »[39].
Réactions
Selon des
défenseurs des droits de l'homme interviewés
par Radio
France internationale : « Ces
confessions sont
contraires au principe de présomption
d'innocence ». Les sources
officielles Rwandaises, elles,
balaient les accusations de torture [39].
Des activistes
rwandais des droits de l'homme qualifient
l'arrestation de Kizito Mihigo
d'action « déplorable pour
opprimer
les initiatives
réconciliatrices » [40]
Pour
Monseigneur André-Joseph
Léonard, l'arrestation de Mihigo est
comme une erreur sur la
personne: « Il y a comme une erreur sur la
personne, je ne peux pas
voir en Kizito, un homme qui serait dangereux pour la
société » déclare
l'archevêque de
Bruxelles, un an plus tard, dans
une interview accordée au Journal en ligne Jambo
News [27]
Presse
internationale
Plusieurs
médias internationaux commentent
l'événement. Selon la Radio
France internationale, l'arrestation de ce
musicien provoque un
grand émoi dans le pays, l'incompréhension et la
peur d'une possible
déstabilisation. Les aveux du chanteur largement
diffusés par les médias locaux
et les discours de certains responsables politiques avant le
début du procès,
provoquent l'indignation des défenseurs des droits de l'homme qui
dénoncent la violation de la présomption
d'innocence[41],[42],[39].
Selon la
Télévision Al Jazeera,
et la
Radio France Inter,
le chanteur enlevé à la veille de la 20e
commémoration du génocide,
avant
d'apparaitre devant la presse huit jours plus tard, serait en train de
vivre
les conséquences des paroles de sa chanson Igisobanuro
cy'urupfu dans
laquelle le chanteur critique la politique de commémoration mise
en place par le gouvernement de Kigali dirigé
par le Front
patriotique rwandais - FPR de Paul Kagamé[20],[43],[22].
Pour la
journaliste belge Colette Braeckman auteur
de nombreux ouvrages sur le Rwanda et la région des Grands Lacs,
il est difficile de croire que le chanteur soit de mèche
avec les FDLR.
Interviewée par Le Nouvel Observateur,
elle analyse l'arrestation du chanteur comme une
démonstration d'un malaise en
interne: « Quelque chose d’autre
se trame sans doute, dont nous ne
savons rien parce que tout le monde se tait, comme c’est
souvent le cas au
Rwanda » déclare la journaliste
belge responsable de l'Afrique Centrale chez
le quotidien Le
Soir[44].
Fédération
Internationale des ligues des
Droits de l'Homme
La Fédération
internationale des ligues des droits de
l'homme — FIDH —
dénonce une arrestation avec un
arrière-goût politique. L'organisation parle
d' « une nouvelle preuve
de la tournure répressive prise par le régime du
Président rwandais Paul Kagame[4] ».
Reporters
Sans Frontières
L'organisation Reporters
sans frontières aussi
réagit après l'arrestation de Kizito
Mihigo et ses co-accusés notamment le journaliste Cassien
Ntamuhanga. L'ONG qui
dénonce la détention illégale du
journaliste une semaine avant l'annonce
officielle de la police, se dit inquiétée par la
détérioration du climat pour
les médias au
Rwanda, et
surtout par l'arrestation de Cassien Ntamuhanga, Kizito Mihigo et leurs
co-accusés
[45].
États-Unis
Les États-Unis,
à leur
tour, expriment leur inquiétude à la suite de
l'arrestation de Kizito Mihigo. À
cette occasion, selon la Radio
France internationale, Washington rappelle
au gouvernement rwandais l'importance « d'autoriser
la liberté
d'expression[…] respecter la liberté de la
presse et
à accorder aux prévenus, le minimum de garanties
nécessaires à un procès
équitable[46] ».
Royaume-Uni
Le Royaume-Uni aussi
revient sur le cas de Kizito Mihigo et ses co-accusés,
demandant au
gouvernement rwandais d'assurer un procès
équitable [47].
Gouvernement
rwandais et partis
d'opposition en exil
Après
la réaction du Royaume-Uni et
celle des États-Unis,
le Président Paul Kagame,
en déplacement dans l'ouest
du Rwanda, rejette les critiques faisant
état d'arrestations
arbitraires. Il menace de « continuer les
arrestations et même de
tuer en plein jour ceux qui tenteraient de déstabiliser le
pays[48]. »
L' opposition
rwandaise en exil dont le Congrès
National Rwandais (RNC) et les Forces
démocratiques de libération du Rwanda (FDLR)
qui, dès l'arrestation de Kizito Mihigo, ont
démenti travailler avec lui et
condamné son arrestation[49],
reviennent sur les déclarations du
président Paul Kagame.
Un
porte parole du RNC se dit perturbé et
déçu par les propos du président.
Quant
à l'arrestation du chanteur Kizito Mihigo, le RNC affirme
qu'elle est une
conséquence de sa chanson Igisobanuro
cy'Urupfu[50].
La FIDH revient
aussi sur les propos
du Président Kagame,
estimant qu'il y a une escalade de violence y compris verbale de la
part des
autorités rwandaises[50].
Procès
Après
deux reports, le procès de Mihigo est ouvert le
6 novembre à Kigali.
Kizito Mihigo plaide coupable de toutes les charges retenues contre lui
et
demande la clémence du jury[51].
Ses avocats, eux, disent ne pas trouver les
éléments constitutifs d'une infraction
[52].
Les trois co-accusés du chanteur plaident tous non coupables
et dénoncent la torture
[53],[54],[55].
Plaidoiries
Le ministère public reproche
au chanteur d'avoir eu des conversations via internet avec un membre du
RNC
(Rwanda National Congress), parti d'opposition en exil que Kigali qualifie
de terroriste.
Dans ces
conversations écrites, le chanteur aurait
suggéré un renversement du régime
avec les noms des personnes à tuer, parmi elles le
président Paul Kagame
[52].
Selon la chaine
de télévision de la British Broadcasting
Corporation — BBC —,
le procureur dit que les accusés étaient en train
de penser à venger le
Colonel Patrick
Karegeya, ancien chef des renseignements de l'armée
rwandaise devenu opposant politique
contre le gouvernement
de Paul Kagame.
Ce
co-fondateur de la RNC avait été
retrouvé mort étranglé le 1er
janvier 2014 dans un Hôtel luxueux en Afrique du Sud.
Le gouvernement sud-africain a souvent accusé le Rwanda d'être
derrière les assassinats et
tentatives d'assassinat d'opposants rwandais exilés
en Afrique du Sud,
ce que les autorités rwandaises ont toujours
démenti. Mais après la mort
de Patrick
Karegeya, le Président rwandais avait
dit que « quiconque
trahira le Rwanda en sera
victime » [56].
Dans sa
plaidoirie, le chanteur qui reconnaît avoir eu
ces conversations avec un dénommé Sankara, nie
l'intention de vouloir tuer le
président et dit avoir engagé ses discussions,
motivé par la
curiosité. « J'étais
en conflits avec les officiels en ce moment-là,
mais je n'ai jamais eu de problèmes avec le
président » rapporte Radio
France internationale [52].
Les avocats du chanteur, eux, continuent d'estimer que rien de tout
cela ne
constitue un crime [52].
Au
deuxième jour du procès, le chanteur demande en
vain d'être jugé seul [57].
Au
troisième jour du procès, en pleine audience,
Mihigo renonce à ses avocats et continue de plaider coupable
[54].
Réquisitoire
Lors de ce
procès, le parquet requiert la perpétuité contre
le chanteur [18].
Verdict
Le 27
février 2015, il est condamné à 10
ans
de prison, après avoir
été reconnu coupable
de conspiration contre
le gouvernement du
président Paul Kagame.
Faute de preuve, il est en revanche blanchi de l'accusation de
« conspiration pour terrorisme »[56],[58].
Réactions
après verdict
Après
l'annonce du verdict,
les réactions sont nombreuses dans
la presse
internationale et par
différentes Organisations Non
Gouvernementales Internationales
Presse
internationale
Le jour du
verdict, la presse internationale notamment
la Télévision France
24,
la Radio
France internationale et l'agence de
presse britannique Reuters reviennent
sur la chanson Igisobanuro
cy'urupfu (La signification de la mort) qui, selon
les observateurs,
aurait provoqué la colère du régime,
et la tombée en disgrâce de ce chanteur
chrétien autrefois proche du Président Kagame et
de son gouvernement[58].
Certains observateurs interviewés par l'Agence France-Presse parlent
d'un « pouvoir fébrile qui ne
tolère pas les voix dissonantes » [5]
Pour Susan
Thomson, Professeur à l'Université
de Colgate à New
York, ce procès est un signe que le
gouvernement est sur la
défensive: « Je le lis comme un
signe de
faiblesse [...] parce qu'ils doivent éliminer les gens avec
une assise
potentielle dans le pays » estime Susan
Thomson. Pour cette
américaine auteur de nombreux livres sur le Rwanda, avec le
procès de Kizito
Mihigo, « le gouvernement envoie un message
à tous ceux qui auraient
envie d'être politiquement actifs » [5]
Pour les
observateurs du Huffington Post,
le chanteur Kizito Mihigo aurait été
« contraint à plaider coupable sans
avocat, pour espérer une remise en
liberté ». Ce qui n'aura
malheureusement eu aucun effet sur la sentence [59].
Chanson
critique
Dans cette
chanson mélancolique en kinyarwanda publiée
sur internet quelques jours avant le début de la 20e
commémoration du génocide
— et immédiatement interdite par les
autorités rwandaises —, on peut
entendre :
« Je
suis rescapé du génocide mais ce n'est pas
pour autant que j'ignore la souffrance des autres … la
mort n'est jamais bonne, que ce soit
du génocide, de la guerre ou des vengeances…[5] »
, poursuit le
chanteur chrétien en faisant allusion
aux crimes reprochés au Front
patriotique rwandais — FPR —,
parti au pouvoir[58],[5],[11].
Dans le 4e couplet de la
chanson en question, le
chanteur critique le programme « Ndi
Umunyarwanda (Je suis
rwandais) ». Ce programme lancé par le
gouvernement rwandais en 2013
encourage toute la population Hutu à demander pardon pour
son rôle dans
le génocide
perpétré contre les tutsis en 1994.
« Soyons
humains avant d'être rwandais »
chante le
compositeur tutsi,
avant d'ajouter que c'est ainsi qu'il
répond à l'appel de Dieu [9]
Organisations
Non Gouvernementales
Internationales pour la défense des droits de l'homme.
Après
l'annonce du verdict, les Organisations Non
Gouvernementales Internationales pour
la défense des droits de l'homme, tel Amnesty International ou
encore Human
Rights Watch, dans leur rapports de
l'année 2014/15, critiquent le
déroulement de la procédure
pénale,
dénonçant la détention
illégale,
la torture et la politisation du procès[60],[61].
Dans son rapport 2015/2016, Amnesty International parle
d'un « procès
inéquitable [...] motivé par des
considérations politiques » [62].
Selon Human
Rights Watch dans son rapport mondial
2016, « Mihigo
a été mis au secret dans un lieu inconnu pendant
plusieurs jours en avril 2014,
avant d’être formellement interrogé par
la police et traduit en justice »[63].Avant
et pendant sa détention au secret, selon Human Rights Watch, « des
autorités gouvernementales de haut rang l'ont
interrogé à plusieurs reprises au
sujet d'une chanson religieuse qu'il avait écrite en mars et
dans laquelle il
priait pour les victimes du génocide, ainsi que pour les
victimes d'autres
violences. Ils l'ont également questionné sur ses
liens prétendus avec le RNC.
Des agents de police l'ont frappé et l'ont forcé
à plaider coupable pour les
infractions dont il a ensuite été
accusé au tribunal » [64].
Reporters
sans frontières revient
aussi sur ce verdict, demandant que la
décision du tribunal de Kigali soit
révisée en appel [65].
Opposition
politique
Pendant les jours
suivant l'annonce du verdict, l'opposition
politique rwandaise parle
d'un « procès à
l'image du régime ».
Elle déplore l'absence de la liberté
d'expression au Rwanda et
qualifie le chanteur Kizito
Mihigo de « prisonnier politique »[66] ,[67]
Union
Européenne
Le 6 octobre 2016
dans une résolution adoptée par
le Parlement
Européen et dans laquelle
l'institution dénonce des procès
politiquement motivés et des atteintes à la
liberté d’expression au Rwanda
notamment le cas de l'opposante Victoire Ingabire
Umuhoza, l'affaire Kizito Mihigo est aussi
évoquée. Les députés
européens demandent aux autorités rwandaises
de « libérer
immédiatement toutes les personnes emprisonnées
ou inculpées uniquement parce
qu’ils ont exercé leur droit à la
liberté d’expression, d’association et
de
réunion pacifique » [68].
En
prison
Selon le
site Mediapart,
une fois en
prison, le chanteur rwandais n'arrête pas son engagement en
faveur de la Paix
et de la Réconciliation. S'appuyant sur les
témoignages des co-detenus du
chanteur, le site rapporte qu'après son arrivée
dans la prison centrale de
Kigali communément connu sous le nom de 1930,
Kizito Mihigo aurait « contribué
au retour de la confiance entre
certains prisonniers qui étaient constamment en proie
à des haines ethniques
[...] n'hésitant pas à sensibiliser les
détenus aux comportements et aux
actions en faveur de la tolérance et de
l’unité. »[69]
Kizito
Mihigo chante « Igisobanuro
cy’urupfu »