Le
témoignage déposé par
l’ancien Major JM Micombero
auprès du Juge
anti-terroriste Français
Marc Trévidic
est un faux témoignage.
J’ai
lu attentivement les déclarations contenues dans
le témoignage de l’ancien Major de
l’Armée Patriotique Rwandaise Jean-Marie
Micombero, et j’ai relevé plusieurs faits
invraisemblables qui montrent que le
témoignage résulte d’un pur montage et
ne mérite aucune crédibilté.
Le
témoignage intitulé’’ J’ai assisté à la
préparation de l’attentat qui a
déclenché le
génocide’’,
rédigé par l’ancien major Major
Micombero sous prétexte qu’il
était sur place à Kigali, comme agent de
renseignement auprès du 3ème
bataillon, est un nouveau tissu de mensonges. Il a
été visiblement monté, comme
ceux qui l’ont précédé, dans
le seul but d’imputer la responsabilité de
l’attentat contre l’ancien président
Habyarimana, et par ricochet l’énorme
responsabilité d’avoir
déclenché le génocide
perpétré contre les Tutsi du
Rwanda et ses conséquences au Général
Paul Kagame, l’actuel président du Rwanda.
Nous
allons démontrer, point par point, les trop
nombreuses incohérences qui prouvent que le
témoignage est un impur montage. Permettez-moi
d’abord de vous dire qui je suis et en qualité de
qui je publie un tel démenti.
Je suis un ancien journaliste de la radio Muhabura, la radio du Front
Patriotique pendant la guerre et j’étais
affecté auprès du 3ème
bataillon envoyé à Kigali dans le cadre de
l’accord de paix. Vingt ans après
les faits, les circonstances me poussent à rompre le silence
et entrer dans les
débats. Jusqu’à présent, je
m’étais exprimé uniquement par les
livres que j’ai
publiés sur la guerre et le génocide. Lorsque le
chef de la radio Muhabura, feu
Rutayisire Shabani, m’invita
dans son
bureau pour me donner la mission de rejoindre le bataillon à
Kigali, il avait
ajouté une phrase qui se révèle
aujourd’hui prophétique :
‘’ L’histoire
aura besoin de toi’’. Il
connaissait la profondeur de mes analyses, mon
intégrité, et mon
objectivité.
Le témoignage de
Micombero
Micombero
affirme que le matin du 6 Avril 1993, très
tôt, il avait vu arriver à moto au CND, un certain
James Mugabo, qui
travaillait à l’aéroport de Kanombe et
servait d’informateur du FPR sur les
déplacements de Habyarimana. Selon Micombero, James Mugabo
venait informer le
Boss du renseignement, Charles Karamba. Aussitôt, Charles
Karamba s’est mis à
parler par sa radio sur le canal du bataillon et a dit à
tout le monde de se
mettre en état d’alerte(stand-by). Micombero
aurait alors quitté l’immeuble
principal pour aller prendre son arme( AK 47) avant d’aller
rejoindre sa
position dans les tranchées. ‘’ C’est là
, dans une tente installée tout près de ma
position dans les tranchées que je
dormais’’,dit-il. Cette introduction de
son témoignage contient en
elle-même assez d’éléments
incohérents qui trahissent le mensonge et le
montage.
Au
vu de ces éléments, je peux relever facilement que Micombero,
qui à l’époque
avait sans doute un grade très inférieur, ne
travaillait pas au sein de
l’équipe de renseignement du bataillon que
l’on appelait IS( Intelligence
Service). L’équipe formée
par de jeunes officiers subalternes, lieutenants pour la plupart,
était placée
sous la supervision du Capitaine Charles Karamba.
L’équipe du service des
renseignements avait un bureau au rez- de chaussée de
l’immeuble, côté Chez
Lando.
Je connaissais
tous les membres de cette équipe des IS, qui
étaient souvent en contact avec
nous les journalistes. Ils partageaient les chambres au Rez-de
chaussée du
bâtiment, et dormaient là-bas. Ils
n’avaient aucune position dans le flanc-
arrière de la colline parlementaire, où
étaient dressées les tentes des
différentes compagnies. Ils ne dormaient pas dans les tentes
ou dans les
tranchées. Micombero ne faisait pas partie d’eux.
Si Micombero travaillait pour
le renseignement, il le faisait auprès de sa compagnie au
sein du bataillon,
sans aucun contact avec le public extérieur. De ce fait, il
avait rarement des
occasions de se trouver dans la proximité de l’I.O( Intelligence
Officer)
dont le bureau se trouvait près de
l’entrée principale du bâtiment, et
encore
moins, très tôt le matin, au moment où
tout le monde prenait son café
avant de démarrer les activités de
la
journée.
-
Le
prétendu informateur qui travaillait à
l’éroport.
L’arrivée au
CND d’un tel informateur à moto très
tôt le matin, est aussi invraisemblable.
C’est une pure création
imaginaire de
Micombero pour ces raisons. Le portail d’entrée de
la parcelle du CND était
étroitement surveillé en permanence par les
agents du gouvernement Habyarimana,
(gendarmes en civil, garde présidentielle, membres des
milices Interahamwe). La
surveillance avait pour but d’identifier tous ceux qui
entraient au CND, y
compris les numéros d’immatriculation des
véhicules et des motos, en dresser la
liste, afin de les rechercher et les exécuter au moment
venu. Il était même
dangereux de se fier aux conducteurs
des
motos qui pouvaient être des membres des milices interahamwe.
Si le FPR avait
un informateur qui travaillait à
l’aéroport de Kanombe, il ne viendrait pas
s’exposer à découvert à moto
au CND au vu et au su de tous. Il transmettrait
ses informations par d’autres moyens et des
intermédiaires de relais en dehors
même du CND. En plus, les autos et motos restaient
garés dans un stationnement
aménagé à
l’intérieur de la parcelle du CND mais
éloigné de l’entrée des
bureaux du bâtiment, de telle sorte que une personne
placée près de l’entrée de
l’immeuble, ne pouvait pas savoir par quel moyen de transport
un visiteur est
arrivé. En plus, si un informateur arrive, il ne va pas
s’adresser directement
au chef du renseignement(I.O), il sera reçu par
l’un ou l’autre des agents de
l’équipe du service des renseignement (I.S),qui le
conduirait auprès de leur
chef en cas de besoin.
Micombero
qui dormait dans les tranchées creusées dans
le flanc arrière de la colline parlementaire, ne pouvait pas
se trouver très
tôt le matin ou
dans la proximité
immédiate de Charles Karamba(I.O) car il
n’était pas son escort et ne travaillait
pas directement avec lui.
-En
plus, le déplacement de ce 6 avril de l’ancien
président Habyarimana vers Dar-Es-Salam en Tanzanie
était connu d’avance puis qu’il
s’agissait d’un sommet sur le Burundi qui
réunissait plusieurs chefs d’État de
la sous-région. Ce qui exclut la présence
d’un quelconque informateur venu de
l’aéroport. Pour dire quoi? Si
l’attentat contre l’avion avait
été planifié le
matin lors du départ, et aurait été
empêché par l’épais
brouillard qui couvrait
la ville de Kigali, les membres du commando criminel
n’attendraient pas
l’arrivée d’un informateur à
moto, pour aller installer leur lance-missile en
plein jour sur le terrain ennemi dans une zone fortement
patrouillée. En plus, chaque
sortie d’un véhicule attaché au service
du bataillon du FPR était consignée
auprès de la MINUAR, quelques jours à
l’avance, ensuite escorté par les soldats
de la mission onusienne. Les véhicules ne se
déplaçaient pas librement,
n’importe quand et n’importe comment. Selon
Micombero, l’Officier du
renseignement( Intelligence Officer, ou I.O) aurait
dit en ce moment à tout le monde de se
mettre en état d’alerte( Stand-By).
C’est encore un autre fil du tissu de
mensonge, car il ne revenait pas à l’Intelligence
Officer de donner l’ordre de
mise en alerte. Ce rôle revient à la
chaîne de commandement, du commandant de
bataillon jusqu’aux chefs de peloton et de section, en
passant par les
commandants de compagnie. Et si on connaît cet homme( Charles
Karamba) qui
ouvrait rarement sa bouche pour se confier, trop méfiant
envers tout ce qui
bouge, reconnaîtrait que ce témoignage
n’est pas vrai.
Micombero
ajoute qu’en se dirigeant vers sa tente et
sa position dans les tranchées, il aurait
rencontré Andrew Kagame, commandant
de la compagnie Tiger, qui lui aurait dit que c’est
probablement la fin de
l’Ikinani. Quand on sait comment fonctionnaient et se
comportaient les
combattants du Front Patriotique souvent trop
réservés, on saisit derrière
cette phrase une simple invention de Micombero, qui cherche
à étoffer son
histoire. Un officier qui commandait une compagnie, escorté
par deux ou trois
soldats en permanence dans ses moindres déplacements, ne
prononce pas des
paroles en l’air en s’adressant à un
subalterne qui n’est pas son égal. La
hiérarchie au sein du FPR était rigoureusement
respectée.
En
conclusion, après la lecture de cette introduction,
on remarque immédiatement tous les signes d’un
montage grossier, faciles à
relever pour quelqu’un qui était là en
tant que journaliste, dont
le rôle est d’observer tout ce qui se
passe autour de lui et plus loin. Le mensonge de Micombero, vient
conforter
celui du Lt Abdul Ruzibiza, selon
certains observateurs, trop pressés d’accuser Paul
Kagame et lui coller la
responsabilité de l’attentat contre
l’avion de Habyarimana et ses conséquences.
Or, nous avons démontré, sur base des faits
tangibles, au-delà de tout doute
raisonnable, que la fameuse Histoire Secrète
inventée par Ruzibiza n’était
qu’un montage car Ruzibiza n’avait jamais
été à Kigali ni avant ni pendant le
génocide. Nous avons démontré que les
déclarations et le livre
qui lui
ont été attribués
n’étaient que des faux. Lui-même
était revenu sur ses
déclarations avant sa mort. C’est cette
contradiction même qui probablement a
précipité sa mort. Il ne fait aucun doute que les
mêmes acteurs qui étaient
cachés derrière le pseudo témoignage
de Ruzibiza, se cachent aussi derrière
Micombero. L’élément nouveau sur lequel
le montage de Micombero espère
fonder sa crédibilité,
est de dire’’ Moi,
j’ai assisté à la
préparation, j’étais
là’’ en tant que agent
du renseignement. Dans l’intérêt de la
justice et de l’histoire, nous
poursuivrons le démontage de son mensonge, à
travers la suite de son
témoignage, et tout le monde reconnaîtra que
l’histoire de Micombero ne tient
pas debout et ne résiste pas à
l’analyse objective.
L’histoire
du repérage et de la camionnette, un autre mensonge
Après
l’arrivée de l’informateur à
moto, Micombero
aborde une nouvelle page de sa fiction. Micombero déclare
qu’il a alors vu la
camionnette sortir du CND. Cette camionnette était d’habitude utilisée
pour aller jeter les déchets vers Mulindi. Pour
Micombero, cela n’était
qu’une couverture. En
réalité, c’était pour faire le
repérage d’un endroit tranquille
d’où tirer les missiles. Micombero
précise qu’il n’a pas
distingué qui était
dans la camionnette. ‘’ Mais
j’ai pensé
qu’il y avait le chauffeur Didier Mazimpaka, les tireurs de
missiles, les deux
gardiens’’…
écrit-il. Beaucoup de monde avaient fait le
repérage
ajoute-t-il. Et il énumère des noms en
commençant par le commandant du
bataillon, Charles Kayonga, l’Intelligence Officer, et
d’autres noms encore
dont un certain Hubert.
Toute
personne qui se trouvait au CND à cette date du
6 avril 1994, comprend immédiatement que cette histoire de
la camionnette
Toyota Stout est une fiction. Micombero est parti rejoindre sa position
et
prendre son arme dans sa tente près de la
tranchée où il dormait. Je rappelle
que les tranchées étaient creusées sur
le flanc arrière de la colline
parlementaire. De là, on ne voyait plus les
véhicules qui circulaient dans la
cour frontale de l’immeuble ou qui se dirigeaient vers la
sortie. Et en
rejoignant sa position près de sa compagnie où il
était affecté, et se mettre
en état d’alerte, il n’est pas revenu
rôder près de l’entrée de
l’immeuble. Il a
l’honnêteté de dire qu’il
n’a pas vu les occupants de la camionnette, encore
moins ce qu’ils transportaient. ‘’ Mais
j’ai pensé qu’il s’agissait du
chauffeur….écrit-il.
Cet
aveu ne suffit-il pas pour enlever toute
crédibilité à son
témoignage? Pour formuler une accusation aussi grave, un
homme doué d’un minimum de bon sens n’a
pas le droit d’accuser qui que ce soit
sur base de ce qu’il a pensé. Le droit et la
justice ont besoin des faits authentiques
et non des pensées. Même si une camionnette avait
circulé à l’intérieur de la
percelle du CND, il y avait plus d’une camionnette, il y
avait plusieurs
chauffeurs. Comment peut-il déclarer ‘’
Je n’ai pas pu distinguer les occupants
de la camionnette’’ et oser ajouter
‘’ mais j’ai pensé
qu’il s’agissait du
chauffeur Didier Mazimpaka? S’il n’a pas
distingué les occupants de la
camionnette, pouvait-il distinguer le numéro de la plaque
d’immatriculation ‘’
2200 dont il parle plus loin? Impossible.
Il
ajoute que la camionnette se servait du manège
d’aller jeter les déchets mais en
réalité pour faire du repérage, et que
beaucoup de monde avaient fait du repérage en
commençant par le commandant du
bataillon. Nous devons rappeler ici que la sortie d’un
véhicule du CND ou des
officiels du FPR, civils ou militaires, devaient obligatoirement être
accompagnés par les soldats de la MINUAR
en ayant précisé à l’avance
leur destination et le motif du déplacement. Pour
ces motifs, le commandant du bataillon et l’intelligence
Officer, ne sortaient
jamais de l’enceinte du CND. Les rencontres et
négociations avec les autres
partis politiques en vue de la mise en place du nouveau gouvernement
prévu dans
l’accord d’Arusha, se faisaient soit à
l’Hôtel Amahoro, siège de la Minuar
près
du Stade Amahoro, soit au Village urugwiro. J’ai
moi-même souvent accompagné la
délégation du FPR composée uniquement
des civils toujours sous escorte de la
Minuar. Le commandant du bataillon et l’Intelligence
Officer, n’auraient jamais
quitté le CND pour se diriger vers Remera, Kanombe ou
Masaka. Aucun motif n’aurait
justifié ce déplacement. Et pour leur
sécurité, ils n’auraient jamais osé se
glisser dehors incognito, sur
le terrain de l’ennemi. Il est étonnant de voir
que Micombero ne cite pas
Ruzibiza parmi ces techniciens qui auraient fait le
repérage, alors que ce
dernier a affirmé dans ses témoignages
qu’il a fait partie de ces équipes
imaginaires de repérage. Micombero ajoute que
c’est le seul Kayonga, commandant
du bataillon, qui rendait des comptes au commandant en chef de
l’armée
patriotique, le général
Kagame, et en
son absence, il parlait à son plus proche collaborateur,
James Kabarebe. Il
ajoute qu’il voyait chaque soir le commandant du bataillon
monter sur le toit de
l’immeuble pour aller informer son chef de
l’état d’avancement des
préparatifs
de l’attentat depuis quelques semaines.
Micombero
a affirmé que sa position était dans les
tranchées, près de la compagnie à
laquelle il était affecté. C’est
là qu’il
dormait. Cela signifie, et nous l’avons
déjà démontré,
qu’il ne faisait pas
partie de l’équipe des agents du service des
renseignements (Intelligence
Service) dont les membres avaient un bureau et des chambres
près de l’entrée de
l’immeuble. En toute logique, le soir, il était
dans sa position près de sa
tente dans les tranchées où le souper
était servi. Pour monter au 6ème
étage où les officiels avaient un bureau, et non
sur le toit, le commandant du
bataillon prenait l’escalier à
l’intérieur du bâtiment. Micombero ne
pouvait
pas le voir monter, encore moins savoir ce qu’il disait ou
à qui il parlait.
Affirmer autre chose relève de son imagination.
Dire
que beaucoup de ses collègues connaissaient
l’endroit de tir ‘’
Masaka’’ est aussi une affirmation gratuite car moi-même, en
tant que journaliste,
toujours à la recherche de l’information interne
ou externe, je n’avais jamais
entendu parler de cette histoire d’attentat contre la vie de
Habyarimana.
Micombero parle des tireurs des missiles et ajoute que l’un
des tireurs, un
certain Frank qu’il avait rencontré au mess des
VIP, et qui lui parlait
d’abondance, lui avait dit qu’il était
venu avec son arme. Sachant qu’il
faisait partie de
la section des
missiles, il en avait déduit qu’il
était là avec son missile
dont la mission ne faisait aucun doute.
Je
voudrais d’abord dire qu’il n’y avait
aucun Mess
des VIP au CND. Qui étaient-ils ces VIP? Quel grade avait-il
pour fréquenter
les VIP? Il y avait une cafétéria où
tout le monde, visiteurs externes,
officiels du FPR, un soldat quel que soit son grade qui avait une
visite d’un
membre de sa famille, pouvaient se rencontrer le soir. À
supposer que ce Frank
Nziza, tireur de missile et porteur d’une mission aussi
importante, ait
existé, il ne serait jamais venu traîner
dans la cafétéria, se souler et
s’afficher publiquement en parlant de sa
mission. La cafétéria accueillait des visiteurs
externes sans distinction. Il
est certain que même des espions du régime
Habyarimana, se faisant passer pour
des sympathisants du FPR, venaient y chercher des informations pour
aller
dresser des listes des personnes à éliminer. Ce
n’est pas dans un tel endroit
qu’un soldat du FPR, connu pour leur culte du secret, et du
principe
sacro-saint du : ‘’sache
ce que tu
as besoin de savoir’’ irait
s’épancher en parlant d’abondance comme
le dit
Micombero. Il est clair que ce Frank Nziza, qui se confiait
à tout le monde en disant
qu’ils sont venus pour abattre l’avion
n’a tout simplement jamais existé.
Même
le prétendu beau-frère de Micombero, venu pour
conduire la camionnette au lieu du tir ensuite remplacé
à cause de sa mauvaise
conduite est aussi une invention de Micombero, cité dans le
but de crédibiliser
davantage son histoire. Il y avait plusieurs chauffeurs au sein du 3ème
bataillon, tous des combattants sélectionnés pour
leur courage et très
disciplinés, sans aucun contact avec des facteurs
perturbateurs comme l’alcool
ou la drogue. Le problème de mauvaise conduite
n’existait pas au sein de
l’armée patriotique à cette
époque. Parler de mauvaise conduite envers ces
chauffeurs qui ont accompli un travail héroïque
pendant les trois mois de
guerre en conduisant la nuit tous feux éteints, sous les
bombes de l’ennemi
afin de ramasser les blessés sur les champs de bataille est
presque une
insulte.
Le report de l’attentat
Micombero
déclare que l’officier de garde, Andrew
Kagame aurait donné l’ordre de laisser tomber
‘’ Operation stand down’’en
parlant avec l’un des tireurs qui
disait
que le brouillard ne permettait pas de bien voir dans le ciel. Et le
commando
criminel revint au CND et le stand by fut levé. De retour au
CND, l’un des
tireurs aurait expliqué largement pourquoi
l’opération avait été
abandonnée. Et
Micombero affirme qu’il était là avec
les autres officiers du renseignement.
Encore
une fois, toute cette histoire ne peut
convaincre personne. Un commando parti pour exécuter une
mission aussi
importante ne parlerait pas à un officier de garde. Le
commandant du bataillon
avec à ses côtés le chef des
opérations, qui est responsable des plans,
suivrait lui-même la progression du commando jusqu’à
la fin de l’opération. Il ne reviendrait pas
à l’officier de garde de recevoir
cette communication et de donner cet ordre d’abandonner
l’opération. En outre,
il serait surprenant qu’une simple camionnette se lance dans
une telle
aventure, avec à son bord tireurs de missiles et leurs
armements, sans aucune
couverture ni plan
de repli. Si
Micombero n’a rien mentionné
de tout ça,
il y a une raison. Le
fameux commando
n’a pas existé. Micombero n’a pas
jugé nécessaire de dire à quelle heure
la
camionnette fut de retour au CND, alors qu’il a
rencontré l’un des tireurs qui
a donné des explications détaillées
sur les causes de l’abandon de
l’opération.
Micombero ne mentionne pas avoir revu
la camionnette transportant missiles et tireurs et son
conducteur de
retour au CND. Ces derniers n’auraient pas manqué
de venir s’entretenir avec le
chef des opérations, le commandant de bataillon, et le chef
de l’Intelligence
Service. Micombero qui affirme qu’il travaillait dans un
bureau des agents du
renseignement aurait suivi ou remarqué ces mouvements ou cet
entretien. S’il
n’en dit rien, malgré sa soif évidente
de donner le plus de détails et de
précision possibles, c’est que ces faits
n’ont pas existé. Et tous ces détails
auraient difficilement échappé à
l’équipe des journalistes dont je faisais
partie et qui échangeaient fréquemment des
informations.
L’après-midi
du 6 avril 1994
Micombero
garde un silence total sur l’après-midi du 6
avril 1994 jusqu’à l’explosion de la
soirée. Il déclare seulement que le
prétendu informateur qui travaillait à
l’aéroport serait revenu à Moto au CND
dans l’après-midi. Il ne dit pas à
quelle heure, ou qui il a rencontré et
pourquoi. Nous devons préciser que
l’aéroport de Kanombe n’avait aucune
information sur l’heure d’arrivée du
président Habyarimana, puisque à
Dar-Es-Salam même, la réunion a
été retardée par
l’absence du Maréchal Mobutu jusque tard
dans l’après-midi, avant de se résigner
à commencer les débats. Le président
Habyarimana, qui craignait pour sa sécurité,
raison pour laquelle il avait
embarqué son chef d’État-major,
invité à partir avec lui à la
dernière minute
tenait à la présence
du Maréchal. Mais
le Maréchal Mobutu, à qui Habyarimana avait
demandé de passer le prendre à
Kigali, informé sans doute par ses sources d’une
possibilité d’attentat, refusa
d’aller en Tanzanie. Rappelons qu’un journal proche
du régime Habyarimana avait
annoncé depuis quelques mois que Habyarimana sera
tué au moins de mars par
un…Hutu. Micombero n’a rien dit sur la
deuxième sortie de la camionnette Toyota
Stout 2200 et du commando des tireurs de missiles. Et
pourtant cette étape, qui aurait conduit directement
à l’attentat,
constitue un élément crucial. Il est
impossible qu’un Micombero qui affirme
qu’il était entrain de travailler dans un bureau
près de l’entrée de
l’immeuble n’ait
pas pu voir ou savoir
que le commando repartait pour exécuter sa salle
bésogne. Rappelons
que le travail du service des
renseignements était davantage un travail de surveillance
des mouvements et de
collecte de l’information qui se faisait surtout en dehors
des bureaux. S’il ne dit rien
à ce sujet, c’est qu’il
n’y a rien à dire. C’est que la Toyota
Stout et son commando criminel n’ont pas
existé. Micombero comme témoin saute
cette étape fondamentale et arrive au
moment de l’explosion. Il déclare qu’il
s’entretenait avec le chef des
opérations et quelques civils au moment de
l’explosion. Il ne dit pas où se
tenait cet entretien, dans la cour en plein air ou dans un bureau.
Cette scène
est aussi invraisemblable. Si le FPR avait
dépêché un commando ce
soir-là pour
aller abattre l’avion, l’officier chargé
des opérations, 3ème dans
la hiérarchie du commandement du bataillon, après
le commandant du bataillon et
son second, et à ce titre principal responsable du montage
de l’opération, ne
serait pas là entrain de discuter avec un soldat au grade
subalterne et des
civils à un moment aussi important.
Micombero reconnaîtra lui-même que
cela n’est pas crédible. Il raconte
du n’importe quoi parce qu’il sait que ce
n’est pas la vérité.
En
entendant la forte explosion, il a aussitôt pensé
que l’avion de Habyarimana avait explosé
et il est parti prendre son arme. Nous devons dire ici que
les
explosions dans la ville de Kigali étaient devenues monnaie
courante depuis le
début de l’année 1994. Mais une
explosion à l’arme lourde était
inhabituelle.
Il s’est passé plusieurs minutes avant de
réaliser ce qui s’était
passé. Après
l’explosion à
l’arme lourde, le
commandant du bataillon a donné l’ordre de fermer
la cafétéria, permettant
ainsi aux visiteurs
externes qui étaient
au CND ce soir-là, de
quitter les lieux
et concentrer toute son attention sur la sécurité
du bataillon. Micombero
ajoute ceci’ : ‘’ Avec Tumwine
et Karamba, on s’est dit qu’il était
dangereux de laisser partir des employés
civils’’. Micombero
devrait se rappeler
qu’il n’y avait aucun employé civil au
CND.
Tout
ce qu’il y avait à faire
jusqu’à la cuisine était
fait par les membres bénévoles permanents du FPR
qui restaient sur place avec
le bataillon. Cette phrase est aussi un mensonge
supplémentaire et tendancieux
destiné à faire croire que le commandement du
bataillon était indifférent
envers la vie des civils présents au CND ce
soir-là. Nous pouvons aussi ajouter
qu’après l’explosion, Micombero déclare
qu’il est parti prendre son arme dans sa position dans les
tranchées, et pour
cette raison, il n’avait plus de contact avec les deux
officiers cités (Tumwine
et Karamba) avec lesquels l’écart
hiérarchique interdisait le frottement. La
tension et l’angoisse sont montées rapidement dans
toute la ville et autour du
CND. Les barrières ont été
immédiatement montées et renforcées.
Les militaires
et autres forces de patrouille se sont déversées
dans les rues. Plusieurs
personnes qui n’étaient pas encore
rentrées chez elles, se sont dirigées vers
l’hôtel
le plus proche.
Dans
ces conditions, Si le commando tireur de missile
était parti du CND où était
logé le 3ème bataillon du
FPR, Il aurait
été pratiquement impossible de se replier et
regagner son point de départ à
bord de la camionnette chargée de leur lance-missile.
Micombero
déclare qu’il a croisé plus tard dans
la
nuit l’un des tireurs qui lui a décrit les
détails de l’opération. Si cela
avait été le cas, Micombero aurait
précisé dans son témoignage comment le
commando à réussi à se replier et
gagner le siège du bataillon. Si cela n’a pas
été fait, c’est que
l’histoire de Micombero est tout simplement fausse comme
toutes celles qui l’ont
précédé.
Micombero
pousse l’invraisemblance jusqu’à dire
que ce
soir-là, pour la première fois, le commandant de
bataillon a autorisé la bière
sous-entendu après l’explosion pour faire la
fête en se félicitant de
l’exploit. Il est permis de se demander à qui
Micombero croit s’adresser pour
lui faire avaler de telles balivernes. Après
l’explosion à l’arme lourde, la
cafétéria où était servie
la bière a été aussitôt
fermée. Le
commandant du bataillon ne pouvait donc
pas autoriser la bière. En plus, toute la ville de Kigali
s’est enflammée
aussitôt, avec des tirs et des explosions des grenades dans
tous les coins de
la ville. En toute logique, le bataillon a été
placé en état d’alerte,
conscient qu’il peut être attaqué
à n’importe quel moment par la garde
présidentielle ou le bataillon para-commando de Kanombe. Ce
n’est pas dans un
moment pareil qu’un commandant de bataillon dont le
défi immédiat était de
survivre[1],
allait inviter ses soldats à boire et se soûler.
Je
préfère arrêter ici la
démonstration que je tenais
à faire pour prouver que le témoignage de
l’ancien Major Micombero est un impur
montage destiné à tromper la justice et imputer
la responsabilité
d’un crime aussi
grave à un groupe sans pour autant en
apporter la preuve convaincante. Comme les autres mensonges qui
l’ont précédé,
à l’instar de celui d’Abdul Ruzibiza,
cette histoire de Micombero n’a pas
résisté à l’analyse
d’un témoin oculaire des faits. Devant un
débat
contradictoire, Micombero n’apporte aucune preuve
crédible de l’accusation
extrêmement grave qu’il a lancée contre
une organisation et un groupe de
personnes. Il devrait même revenir sur son
témoignage et retirer son
accusation.
Nous demandons
à tous ceux qui auront ce document entre les mains
d’en informer le bureau du
juge anti-terroriste français Marc Trévidic.
Pierre-Amal
Kana
Ancien
journaliste, auteur et chercheur.
Dernier
livre publié : Afghanistan, Le rêve
pashtoun et la voie de la paix
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