Judi
Rever :«Je ne
nie pas le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994»
Pour
l’audio, voici le lien:
http://m.rfi.fr/emission/20180625-judi-rever-rwanda-hutus-nie-pas-genocide-tutsis
25/06/2018
Judi River
« In
the praise of blood - The
crimes of the Rwandan Patriotic Front » -
« Eloge du sang -
Les crimes du Front patriotique rwandais »...
C'est le titre d'un
livre-enquête, publié en anglais aux
éditions Random House et qui fait
scandale. Son auteur, la journaliste canadienne Judi Rever, affirme
qu'à
l'époque du génocide des Tutsis au Rwanda,
quelque 500.000 Hutus ont été
massacrés par le FPR, le Front patriotique rwandais, et
qu'il s'agit, là aussi,
d'un génocide.. Judi Rever est-elle négationniste
? Elle s'en explique sur
RFI...
RFI :
Sur les crimes commis par le FPR quels sont
les éléments nouveaux que vous apportez ?
Judi
Rever : Les
éléments
nouveaux, j’explique que dans la capitale à Kigali
et dans d’autres régions,
les commandos du FPR ont infiltré dans les mois avant le
génocide les milices
Interahamwe et d’autres milices et [que ces commandos] ont
participé
directement au massacre des Tutsis. Ça c’est un
élément très nouveau et
choquant.
Vous
affirmez, en effet, que des
commandos du FPR, qu’on appelait des techniciens,
infiltraient les Interahamwe pour
participer au massacre de
leurs frères Tutsis. C’est une accusation
extrêmement grave. Sur quels
témoignages vous appuyez-vous ?
Les
témoignages, les informations sur l’infiltration
par le FPR des milices hutues sont documentés dans un
rapport confidentiel du
TPIR [Tribunal pénal international pour le Rwanda] par des
enquêteurs qui
travaillaient pour les enquêtes spéciales sous
Carla Del Ponte. Dans ce rapport
que j’ai – c’est un rapport qui
m’a été
« fuité » par des
sources du tribunal –, on nomme les techniciens qui
ont participé, qui ont
infiltré les milices hutues et qui ont participé
directement aux massacres aux
barrières, à Kigali et dans d’autres
endroits.
Mais
quelle est la preuve que ce fameux
rapport est authentique ?
C’est
authentique parce que je connais les principaux
enquêteurs qui ont travaillé dans les
enquêtes spéciales.
Ce
document, pourquoi ne le produisez-vous
pas à l’intérieur de votre livre ?
C’est
un peu difficile de le faire parce qu’il y a
déjà quelques informations identifiantes,
beaucoup de noms dans le document, il
y a aussi le nom des enquêteurs. Alors, connaissant la
manière dont le FPR, le
régime de Kigali, harcèle, intimide et cible les
témoins – ils ont aussi
ciblé les enquêteurs dans le
passé –, je n’ai pas vraiment
intérêt à
montrer les documents confidentiels dans mon livre. Mais je
n’exclus pas la
possibilité de montrer le document dans l’avenir,
si on peut assurer que les
gens qui sont cités dedans seront en
sécurité.
D’après
votre enquête, combien de Hutus
ont été massacrés ?
C’est
très difficile à estimer. Mais il y a beaucoup
de soldats et officiers qui m’ont dit qu’au moins
500 000 Hutus civils ont
été massacrés par les forces de
l’APR durant le génocide et les deux
années
après. Les 500 000 que je vous ai cités
comme estimation, ce sont des
victimes de l’APR au Rwanda.
Alors
pourquoi qualifiez-vous ces
massacres de génocide ?
Après
tant d’années de recherches, en regardant tous
ces témoignages, on voit la preuve, hors de tout doute
raisonnable, que l’APR
œuvrait à exterminer une partie de
l’ethnie hutue. Je montre dans mon livre
comment les forces mobiles de Paul Kagamé
– les escadrons de la mort du
FPR – ont œuvré
derrière le front. Ils ont utilisé les cadres
tutsis, les
civils, pour cibler d’abord les leaders de la
communauté hutue et ensuite ils
ont massacré les paysans. Soit en les acheminant dans des
camions vers la forêt
Akagera dans l’est [du Rwanda], où ils ont
fusillé et brûlé ces civils, soit en
massacrant les populations dans les réunions ou dans les
camps.
Oui,
mais le génocide, c’est
l’extermination de tout un peuple. Hommes, femmes et enfants.
Peut-on parler de
cela dans le cas de ces massacres ?
La
définition du génocide, c’est quand on
œuvre à
exterminer une partie ou la totalité de l’ethnie
ou d’une [groupe pour]
appartenance politique, etc.
Mais
avez-vous la preuve que le FPR a
voulu exterminer jusqu’aux enfants ?
Ah
oui, bien sûr. Beaucoup de témoins, des
ex-officiers et des ex-soldats [du FPR] m’ont dit que les
bébés, les enfants,
ont été massacrés avec leurs parents.
Est-ce
que vous niez l’existence du
génocide des Tutsis au Rwanda ?
Non.
Je sais que cette accusation de négationnisme
contre mon ouvrage est souvent
répétée. Mais cette accusation est
vide. Je ne
nie en aucune manière le génocide contre les
Tutsis. Je le reconnais dans
presque tous les chapitres de mon ouvrage.
Que
répondez-vous à ceux qui disent qu’en
parlant d’un génocide des Hutus vous voulez
banaliser le génocide des Tutsis ?
Je
ne pense pas que mon travail, le travail de Pierre
Péan, de Peter Verlinden, ou le
travail académique de Filip Reyntjens en
Belgique, cherche [à banaliser]. Je suis sûre que
leur travail ne minimise pas
le génocide contre les Tutsis. Ce sont des arguments
fallacieux et ce sont des
tactiques utilisées par les propagandistes du FPR et par les
membres du régime
à Kigali pour empêcher les gens de comprendre la
vérité.
En
qualifiant de génocide les massacres
de Hutus est-ce que vous ne cherchez pas à susciter le
scandale, comme dit la
chercheuse française Claudine Vidal ?
Je
ne cherche pas le scandale, mais c’est pour
établir
une vérité historique. Eventuellement pour la
promotion de la réconciliation.
« In
the praise of blood - The
crimes of the Rwandan Patriotic Front » -
« Eloge du sang -
Les crimes du Front patriotique rwandais »...
C'est le titre d'un
livre-enquête, publié en anglais aux
éditions Random House et qui fait
scandale. Son auteur, la journaliste canadienne Judi Rever, affirme
qu'à
l'époque du génocide des Tutsis au Rwanda,
quelque 500.000 Hutus ont été
massacrés par le FPR, le Front patriotique rwandais, et
qu'il s'agit, là aussi,
d'un génocide.. Judi Rever est-elle négationniste
? Elle s'en explique sur
RFI...
RFI :
Sur les crimes commis par le FPR quels sont
les éléments nouveaux que vous apportez ?
Judi
Rever : Les
éléments
nouveaux, j’explique que dans la capitale à Kigali
et dans d’autres régions,
les commandos du FPR ont infiltré dans les mois avant le
génocide les milices
Interahamwe et d’autres milices et [que ces commandos] ont
participé
directement au massacre des Tutsis. Ça c’est un
élément très nouveau et
choquant.
Vous
affirmez, en effet, que des
commandos du FPR, qu’on appelait des techniciens,
infiltraient les Interahamwe pour
participer au massacre de
leurs frères Tutsis. C’est une accusation
extrêmement grave. Sur quels
témoignages vous appuyez-vous ?
Les
témoignages, les informations sur l’infiltration
par le FPR des milices hutues sont documentés dans un
rapport confidentiel du
TPIR [Tribunal pénal international pour le Rwanda] par des
enquêteurs qui
travaillaient pour les enquêtes spéciales sous
Carla Del Ponte. Dans ce rapport
que j’ai – c’est un rapport qui
m’a été
« fuité » par des
sources du tribunal –, on nomme les techniciens qui
ont participé, qui ont
infiltré les milices hutues et qui ont participé
directement aux massacres aux
barrières, à Kigali et dans d’autres
endroits.
Mais
quelle est la preuve que ce fameux
rapport est authentique ?
C’est
authentique parce que je connais les principaux
enquêteurs qui ont travaillé dans les
enquêtes spéciales.
Ce
document, pourquoi ne le produisez-vous
pas à l’intérieur de votre livre ?
C’est
un peu difficile de le faire parce qu’il y a
déjà quelques informations identifiantes,
beaucoup de noms dans le document, il
y a aussi le nom des enquêteurs. Alors, connaissant la
manière dont le FPR, le
régime de Kigali, harcèle, intimide et cible les
témoins – ils ont aussi
ciblé les enquêteurs dans le
passé –, je n’ai pas vraiment
intérêt à
montrer les documents confidentiels dans mon livre. Mais je
n’exclus pas la
possibilité de montrer le document dans l’avenir,
si on peut assurer que les
gens qui sont cités dedans seront en
sécurité.
D’après
votre enquête, combien de Hutus
ont été massacrés ?
C’est
très difficile à estimer. Mais il y a beaucoup
de soldats et officiers qui m’ont dit qu’au moins
500 000 Hutus civils ont
été massacrés par les forces de
l’APR durant le génocide et les deux
années
après. Les 500 000 que je vous ai cités
comme estimation, ce sont des
victimes de l’APR au Rwanda.
Alors
pourquoi qualifiez-vous ces
massacres de génocide ?
Après
tant d’années de recherches, en regardant tous
ces témoignages, on voit la preuve, hors de tout doute
raisonnable, que l’APR
œuvrait à exterminer une partie de
l’ethnie hutue. Je montre dans mon livre
comment les forces mobiles de Paul Kagamé
– les escadrons de la mort du
FPR – ont œuvré
derrière le front. Ils ont utilisé les cadres
tutsis, les
civils, pour cibler d’abord les leaders de la
communauté hutue et ensuite ils
ont massacré les paysans. Soit en les acheminant dans des
camions vers la forêt
Akagera dans l’est [du Rwanda], où ils ont
fusillé et brûlé ces civils, soit en
massacrant les populations dans les réunions ou dans les
camps.
Oui,
mais le génocide, c’est
l’extermination de tout un peuple. Hommes, femmes et enfants.
Peut-on parler de
cela dans le cas de ces massacres ?
La
définition du génocide, c’est quand on
œuvre à
exterminer une partie ou la totalité de l’ethnie
ou d’une [groupe pour]
appartenance politique, etc.
Mais
avez-vous la preuve que le FPR a
voulu exterminer jusqu’aux enfants ?
Ah
oui, bien sûr. Beaucoup de témoins, des
ex-officiers et des ex-soldats [du FPR] m’ont dit que les
bébés, les enfants,
ont été massacrés avec leurs parents.
Est-ce
que vous niez l’existence du
génocide des Tutsis au Rwanda ?
Non.
Je sais que cette accusation de négationnisme
contre mon ouvrage est souvent
répétée. Mais cette accusation est
vide. Je ne
nie en aucune manière le génocide contre les
Tutsis. Je le reconnais dans
presque tous les chapitres de mon ouvrage.
Que
répondez-vous à ceux qui disent qu’en
parlant d’un génocide des Hutus vous voulez
banaliser le génocide des Tutsis ?
Je
ne pense pas que mon travail, le travail de Pierre
Péan, de Peter Verlinden, ou le
travail académique de Filip Reyntjens en
Belgique, cherche [à banaliser]. Je suis sûre que
leur travail ne minimise pas
le génocide contre les Tutsis. Ce sont des arguments
fallacieux et ce sont des
tactiques utilisées par les propagandistes du FPR et par les
membres du régime
à Kigali pour empêcher les gens de comprendre la
vérité.
En
qualifiant de génocide les massacres
de Hutus est-ce que vous ne cherchez pas à susciter le
scandale, comme dit la
chercheuse française Claudine Vidal ?
Je ne cherche pas le scandale, mais c’est pour établir une vérité historique. Eventuellement pour la promotion de la réconciliation.