Communiqué de presse

Le discours prononcé par le président de la République lors de la commémoration du génocide au Rwanda est un va-t-en-guerre déplacé.

Par ses violentes et impitoyables attaques contre l'opposition, le discours prononcé par le président de la République Paul Kagame lors de la commémoration du 16^ème  anniversaire du génocide rwandais, marque une escalade très dangereuse. Le président Kagame a manqué gravement à son devoir de réserve alors que la dignité de la fonction suprême qu’il exerce lui exige d'exprimer ses opinions avec retenue et de ne pas insulter ses adversaires politiques et militaires.

Cherchant à créer une ambiance survoltée, le président a accusé entre autres Mme Victoire Ingabire Umuhoza, présidente des Forces Démocratiques Unifiées - FDU-Inkingi, de «hooliganisme politique», avant d'appeler l'opposition «personnes sans importance». Dans une précédente allusion à l’opposition, il avait parlé de «tuer des mouches avec un marteau ». Le président est allé plus loin en mettant ses adversaires au défi de " se livrer bataille" et en leur proférant des menaces à plusieurs reprises. Puisant son discours dans un registre nostalgique d’encensement de la guerre et d’excitation des foules, le président semblait oublier le contexte de la journée.

 Ces paroles d'un chef de l'Etat, aspirant à un nouveau bail présidentiel sont très révélatrices du décalage entre l'agenda du président et les aspirations du peuple qu'il est censé diriger.

 Oui, un tel discours incendiaire à l’endroit de l’opposition et de la communauté internationale, de surcroît prononcé le jour de la commémoration d’une très triste période de notre histoire, est déplacé. Inciter à la violence et menacer de porter la guerre contre ses adversaires politiques sur le dos de la souffrance des survivants du génocide s’avère cynique et mauvaise politique.

La commémoration devrait être plutôt une occasion pour la cicatrisation des plaies, pour la réconciliation, pour l’appel à plus de tolérance, de respect et d'harmonie entre les Rwandais.

 
Ne porter aucune écoute aux critiques et traiter les adversaires politiques de tous les noms d’oiseaux, c’est faire montre d’un manque de vision et de sens politiques.

Pour les FDU-Inkingi, le vent du changement a commencé à souffler, il est en marche et aucune intimidation, de quelque nature qu’elle soit, ne l'arrêtera. Et il n'y a pas d'honneur pour un torrent de se vanter d'avoir emporté un roseau. Les FDU-Inkingi sont d'avis que l'appel à l’ouverture de l'espace politique, à davantage de liberté d'association et d'expression ne peut en aucune manière être taxé de hooliganisme politique.

L’allusion au hooliganisme politique constitue une manière erronée de considérer ses opposants, non comme des challengers, mais comme des ennemis. Le hooligan est l’adepte du sport utilisant la violence pour peser sur le sort d'un événement sportif. Qualifier ainsi des opposants quand on sait pertinemment que la violence n’est pas de notre côté et que le régime est jusqu’à présent seul à occuper le terrain politique est pour le moins inacceptable.

Le rôle de l'opposition est de s'opposer à une politique qui rejette le débat démocratique, marginalise les populations rurales et péri-urbaines, tronque dans la mémoire des victimes et ne dessine aucune perspective de cohésion nationale.

Fait à Kigali, le 8 avril 2010
FDU-Inkingi
Sylvain Sibomana
Secrétaire général