Le message prémonitoire
des Indiens d'Amérique.
Le
destin des Indiens d'Amérique annonçait celui de l'ensemble des habitants de la
planète qui assistent impuissants à la destruction de leur environnement, après
la confiscation de leur espace et de leurs ressources.
Le
message des Indiens est aussi une source de sagesse, fondée sur le respect de
la nature et la compréhension de "l'Esprit qui est en toute chose"...
"Nous
avons toujours eu beaucoup; nos enfants n'ont jamais pleuré de faim, notre
peuple n'a jamais manqué de rien... Les rapides de Rock River nous
fournissaient un excellent poisson, et la terre très fertile a toujours porté
de bonnes récoltes de maïs, de haricots, ce citrouille,
de courges... Ici était notre village depuis plus de 100 ans pendant lesquels
nous avons tenu la vallée sans qu'elle nous fût jamais disputée. Si un prophète
était venu à notre village en ce temps-là nous prédire ce qui allait advenir,
et ce qui est advenu, personne dans le village ne l'aurait cru."
Black Hawk, chef indien
"Nous
aimons la tranquillité; nous laissons la souris jouer en paix; quand les bois
frémissent sous le vent, nous n'avons pas peur." Chef indien au gouverneur
de Pennsylvanie en 1796
"Nous le savons: la terre n'appartient pas à l'homme, c'est l'homme qui
appartient à la terre. Nous le savons: toutes choses sont liées. Tout ce qui
arrive à la terre arrive aux fils de la terre. L'homme n'a pas tissé la toile
de la vie, il n'est qu'un fil de tissu. Tout ce qu'il fait à la toile, il le
fait à lui-même." Seattle, chef indien Suquamish
"Le Lakota était empli de compassion et
d'amour pour la nature, et son attachement grandissait avec l'âge. (...) C'est
pourquoi les vieux Indiens se tenaient à même le sol plutôt que de rester
séparés des forces de vie. S'asseoir ou s'allonger ainsi leur permettait de
penser plus profondément, de sentir plus vivement. Ils contemplaient alors avec
une plus grande clarté les mystères de la vie et se sentaient plus proches de
toutes les forces vivantes qui les entouraient. Le vieux Lakota
était un sage. Il savait que le coeur de l'homme éloigné de la nature devient
dur. Il savait que l'oubli du respect dû à tout ce qui pousse et à ce qui vit
amène également à ne plus respecter l'homme. Aussi maintenait-il les jeunes
sous la douce influence de la nature." Standing Bear,
chef Lakota (Sioux)
"Nous
voyons la main du Grand Esprit dans presque tout: le soleil, la lune, les
arbres, le vent et les montagnes; parfois nous l'approchons par leur
intermédiaire. (...) Nous croyons en l'Etre Suprême, d'une foi bien plus forte
que celle de bien des Blancs qui nous ont traité de païens... Les Indiens
vivant près de la nature et du Maître de la nature ne vivent pas d'ans
l'obscurité. Saviez-vous que les arbres parlent? Ils le font pourtant ! Ils se
parlent entre eux et vous parleront si vous écoutez. L'ennui avec les Blancs,
c'est qu'ils n'écoutent pas ! Ils n'ont jamais écouté les Indiens, aussi je
suppose qu'ils n'écouteront pas non plus les autres voix de la nature.
Pourtant, les arbres m'ont beaucoup appris: tantôt sur le temps, tantôt sur les
animaux, tantôt sur le Grand Esprit." Tatanga
Mani (ou Walking Buffalo), indien Stoney (Canada)
"Les
Blancs se moquent de la terre, du daim ou de l'ours. Lorsque nous, Indiens,
cherchons les racines, nous faisons de petits trous. Lorsque nous édifions nos
tipis, nous faisons de petits trous. Nous n'utilisons que le bois mort. L'homme
blanc, lui, retourne le sol, abat les arbres, détruit tout. L'arbre dit «
Arrête, je suis blessé, ne me fais pas mal ». Mais il l'abat et le débite.
L'esprit de la terre le hait. Il arrache les arbres et les ébranle jusqu'à
leurs racines. Il scie les arbres. Cela leur fait mal. Les Indiens ne font
jamais de mal, alors que l'homme blanc démolit tout. Il fait exploser les
rochers et les laisse épars sur le sol. La roche dit « Arrête, tu me fais mal
». Mais l'homme blanc n'y fait pas attention. Quand les Indiens utilisent les
pierres, ils les prennent petites et rondes pour y faire leur feu... Comment
l'esprit de la terre pourrait-il aimer l'homme blanc?... Partout où il la
touche, il y laisse une plaie." Vieille sage Wintu
(Indiens de Californie)
"Je
peux me rappeler l'époque où les bisons étaient si nombreux qu'on ne pouvait
les compter, mais les Wasichus (hommes blancs) les
ont tués tant et tant qu'il ne reste que des carcasses là où ils venaient
paître auparavant. Les Wasichus ne les tuaient pas
pour manger; ils les tuaient pour le métal qui les rend fous et ils ne
gardaient que la peau pour la vendre. Parfois ils ne les dépeçaient même pas.
Ils ne prenaient que les langues et j'ai entendu parler de bateaux-de-feu
descendant le Missouri chargés de langues de bison séchées. Parfois ils ne
prenaient même pas les langues; ils les tuaient simplement pour le plaisir de
tuer. Ceux qui ont fait cela étaient des fous. Quand nous chassions le bison,
nous ne le faisions que selon nos besoins." Hehaka
Sapa, grand chef Sioux
"Vous avez remarqué
que toute chose faite par un indien est dans un cercle. Nos tipis étaient ronds
comme des nids d'oiseaux et toujours disposés en cercle. Il en est ainsi parce
que le pouvoir de l'Univers agit selon des cercles et que toute chose tend à être
ronde. Dans l'ancien temps, lorsque nous étions un peuple fort et heureux, tout
notre pouvoir venait du cercle sacré de la nation, et tant qu'il ne fut pas
brisé. Tout ce que fait le pouvoir de l'Univers se fait dans un cercle. Le ciel
est rond et j'ai entendu dire que la terre est ronde comme une balle et que
toutes les étoiles le sont aussi. Les oiseaux font leur nid en cercle parce
qu'ils ont la même religion que nous. Le soleil s'élève et redescend dans un
cercle, la lune fait de même, et tous deux sont rond. Même les saisons forment
un grand cercle dans leur changements et reviennent
toujours là où elles étaient. La vie de l'homme est dans un cercle de l'enfance
jusqu'à l'enfance, et ainsi en est-il pour chaque chose où l'énergie se
meut." Hehaka Sapa, ou Black Elk, indien Oglala, branche
des Dakotas (Sioux)
"La vie dans un tipi est bien
meilleure. Il est toujours propre, chaud en hiver, frais en été, et facile à
déplacer. L'homme blanc construit une grande maison, qui coûte beaucoup
d'argent, ressemble à une grande cage, ne laisse pas entrer le soleil, et ne
peut être déplacée; elle est toujours malsaine. Les Indiens et les animaux
savent mieux vivre que l'homme blanc. Personne ne peut être en bonne santé sans
avoir en permanence de l'air frais, du soleil, de la bonne eau. Si le Grand
Esprit avait voulu que les hommes restassent à un endroit, il aurait fait le
monde immobile; mais il a fait qu'il change toujours, afin que les oiseaux et
les animaux puissent se déplacer et trouver toujours de l'herbe verte et des
baies mures. L'homme blanc n'obéit pas au Grand
Esprit. C'est pourquoi nous ne pouvons être d'accord avec lui.
" Flying Hawk, chef Sioux du clan
des Oglalas
"Les
vastes plaines ouvertes, les belles collines et les eaux qui serpentent en
méandres compliqués n'étaient pas « sauvages » à nos yeux. Seul l'homme blanc
trouvait la nature sauvage, et pour lui seul la terre était « infestée »
d'animaux « sauvages » et de peuplades « sauvages ». A nous, la terre
paraissait douce, et nous vivions comblés des bienfaits du Grand Mystère. Elle
ne nous devint hostile qu'à l'arrivée de l'homme barbu de l'Est qui nous
accable d'injustices insensées et brutales.
" Standing Bear, chef Lakota (Sioux)
"Notre
terre vaut mieux que de l'argent. Elle sera toujours là. Elle ne périra pas,
même dans les flammes d'un feu. Aussi longtemps que le soleil brillera et que
l'eau coulera, cette terre sera ici pour donner vie aux hommes et aux animaux.
Nous ne pouvons vendre la vie des hommes et des animaux. C'est pourquoi nous ne
pouvons vendre cette terre. Elle fut placée ici par le Grand Esprit et nous ne
pouvons la vendre parce qu'elle ne nous appartient pas." Chef indien Blackfeet (Pieds-Noirs)
"Mes
jeunes gens ne travailleront jamais. Les hommes qui travaillent ne peuvent
rêver. Et la sagesse nous vient des rêves." Smohalla,
chef indien Sokulls
"Le
Grand Esprit nous a donné une vaste terre pour y vivre, et des bisons, des
daims, des antilopes et autres gibier. Mais vous êtes venus et vous m'avez volé
ma terre. Vous tuez mon gibier. Il devient dur alors pour nous de vivre.
Maintenant vous nous dites que pour vivre, il faut travailler. Or le Grand
Esprit ne nous a pas fait pour travailler, mais pour vivre de la chasse. Vous
autres, hommes blancs, vous pouvez travailler si vous le voulez. Nous ne vous
gênons nullement. Mais à nouveau vous nous dites « pourquoi ne devenez-vous pas
civilisés? » Nous ne voulons pas de votre civilisation ! Nous voulons vivre
comme le faisaient nos pères et leurs pères avant eux." Crazy Horse, grand chef Sioux du clan Oglalas.
"Vous
êtes déjà si misérables que vous ne pouvez le devenir plus. Quels
genre d'homme doivent être les Européens? Quelle espèce de créature
choisissent-ils d'être, forcés de faire le bien et n'ayant pour éviter le mal
d'autre inspiration que la peur de la punition? (...) L'homme n'est pas
seulement celui qui marche debout sur ses jambes, qui sait la lecture et l'écriture
et montrer mille exemples de son industrie ... En vérité mon cher frère, je te
plains du plus profond de mon âme. Suis mon conseil et devient Huron. Je vois
clairement la profonde différence entre ma condition et la tienne. Je suis le
maître de ma condition. Je suis le maître de mon corps, j'ai l'entière
disposition de moi-même, je fais ce qui me plaît, je suis le premier et le
dernier de ma nation, je ne crains absolument aucun homme, je dépends seulement
du Grand Esprit. Il n'en est pas de même pour toi. Ton corps aussi bien que ton
âme sont condamnés à dépendre de ton grand capitaine, ton vice-roi dispose de
toi. Tu n'as pas la liberté de faire ce que tu as dans l'esprit. Tu as peur des
voleurs, des assassins, des faux- témoins, etc. Et tu dépends d'une infinité de
personne dont la place est située au-dessus de la tienne. N'est-ce pas vrai
?" Kondiarionk, chef Huron,
s'adressant au baron de Lahontan, lieutenant français
en Terre-Neuve
"Les
hommes blancs annonçaient bien haut que leurs lois étaient faites pour tout le
monde, mais il devint tout de suite clair que, tout en espérant nous les faire
adopter, ils ne se gênaient pas pour les briser eux-mêmes. Leurs sages nous
conseillaient d'adopter leur religion mais nous découvrîmes vite qu'il en
existant un grand nombre. Nous ne pouvions les comprendre, et deux hommes
blancs étaient rarement d'accord sur celle qu'il fallait prendre. Cela nous
gêna beaucoup jusqu'au jour où nous comprîmes que l'homme blanc ne prenait pas
plus sa religion au sérieux que ses lois. Ils les gardait à portée de la main,
comme des instruments, pour les employer à sa guise dans ses rapports avec les
étrangers.
" Pachgantschilhilas, chef des Delawares
"Chaque
année notre envahisseur blanc devient plus avide, exigeant, oppressif et
autoritaire... La misère et l'oppression, tel est le lot qui nous échoit... Ne
sommes-nous pas dépouillés jour après jour du peu de liberté qui nous reste ? A
moins que les tribus ne se liguent unanimement pour modérer les ambitions et
l'avidité des Blancs, ils nous auront bientôt tous conquis et désunis, nous
serons chassés de notre pays natal et éparpillés comme les feuilles d'automne
par le vent.
" Tecumseh, chef Shawnee, en 1812
"Nous
ne voulons pas des chariots de feu qui font du bruit (trains à vapeur) sur les
terrains de chasse au bisons. Si les Visages Pâles s'avancent encore sur nos
terres, les scalps de vos frères seront dans les wigwams des Cheyennes. J'ai dit !" Roman Nose,
chef-guerrier des Cheyennes,
s'adressant au général Palmer en 1866 dans le Kansas
"Regardez
mes frères, le printemps est venu, la terre a reçu les baisers du soleil et
nous verrons bientôt les fruits de cet amour. Chaque graine est éveillée, et de
même, tout animal est en vie. C'est à ce pouvoir mystérieux que nous devons
nous aussi notre existence. C'est pourquoi nous concédons à nos voisins, même
nos voisins animaux, autant de droit qu'à nous d'habiter cette terre. Cependant
écoutez-moi mes frères, nous devons maintenant compter avec une autre race,
petite et faible quand nos pères l'ont rencontrée pour la première fois, mais
aujourd'hui, elle est devenue tyrannique. Fort étrangement, ils ont dans
l'esprit la volonté de cultiver le sol, et l'amour de posséder est chez eux une
maladie. Ce peuple a fait des lois que les riches peuvent briser mais non les
pauvres. Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles pour entretenir
les riches qui gouvernent. Ils revendiquent notre mère à tous,
la terre, pour eux seuls et ils
se barricadent contre leurs voisins. Ils défigurent la terre avec leurs
constructions et leurs rebuts. Cette nation est comme le torrent de neige
fondue qui sort de son lit et détruit tout sur son passage.
" Tatanka Yotanka,
ou Sitting Bull, grand chef Sioux
"Frère,
notre territoire était grand et le vôtre était petit. Vous êtes maintenant
devenus un grand peuple, et il nous reste à peine l'espace pour étendre nos
couvertures. Vous avez notre pays, mais cela ne vous suffit pas. Vous voulez
nous forcer à épouser votre religion. Frère, continue à écouter. Tu te dis envoyé ici pour nous apprendre à rendre le culte au Grand
Esprit d'une manière qui lui soit agréable. Et tu prétends que si nous
n'adoptons pas la religion que vous les Blancs vous prêchez, nous seront
malheureux ici-bas. Tu dis être dans le vrai et que nous sommes perdus. Comment
pourrions-nous vérifier la vérité de tes paroles? (...) Frère, tu dis qu'il n'y
a qu'une seule façon d'adorer et de servir le Grand Esprit. Si il n'y a qu'une
religion, pourquoi le peuple blanc est-il si partagé à ce sujet? Nous savons
que votre religion est écrite dans un livre. Pourquoi n'êtes-vous pas tous
d'accord, si vous pouvez tous lire le livre ? Frère, nous ne comprenons pas ces
choses. On nous dit que ta religion a été donnée à tes ancêtres, et s'est
transmise de père en fils. Nous aussi nous avons une religion que nos ancêtres
ont reçue et nous ont transmise, à nous, leurs enfants. Nous rendons le culte
de cette manière. Il nous apprend à être reconnaissants pour toutes les faveurs
que nous recevons, à nous aimer les uns les autres et à être unis. Nous ne nous
querellons jamais à propos de religion parce que c'est un sujet qui concerne
chaque homme devant le Grand Esprit." Sa-go-ye-wat-ha,
ou Red Jacket, chef Seneca
(Iroquois) et grand orateur des Six Nations
"J'assiste
avec tristesse au déclin de notre noble race. Nos pères étaient forts et leur
pouvoir s'étendait sur tout le continent américain. Mais nous avons été réduits
et brisés par la ruse et la rapacité de la race à peau blanche. Nous sommes
maintenant obligés de solliciter, comme une aumône, le droit de vivre sur notre
propre terre, de cultiver nos propres terres, de boire nos propres sources. Il
y a de nombreux hivers, nos sages ancêtres ont prédit qu'un grand monstre aux
yeux blancs viendrait de l'Est, et qu'eu fur et à mesure qu'il avancerait il
dévorerait la terre. Ce monstre, c'est la race blanche, et la prédiction est
proche de son accomplissement." O-no'-sa,
chef indien.
"Le
changement du costume tribal pour celui de l'homme blanc fut brutal. Les effets
sur la santé et le confort des enfants furent considérables. Notre premier
grief fut d'avoir les cheveux coupés. Les hommes Lakotas
ont toujours porté les cheveux longs. Plusieurs jours après avoir été tondus,
nous nous sommes sentis bizarres et mal à l'aise. Si l'argument avancé était
vrai, à savoir l'élimination des poux, pourquoi les filles n'avaient-elles pas
subi le même traitement que les garçons ? La vérité, c'est qu'ils voulaient
nous transformer. Les cheveux courts étant la marque distinctive de l'homme
blanc, on nous l'imposa, alors que lui-même conservait sa propre coutume de se
laisser pousser les poils du visage.
" Standing Bear, chef indien Lakota
"Les
Wasichus nous ont mis dans ces boites carrées
(maisons), notre pouvoir s'en est allé et nous allons mourir parce que le
pouvoir n'est plus en nous. Nous sommes des prisonniers de guerre tant que nous
attendons ici. Mais il y a un autre monde."Hehaka,
ou Black Elk (Wapiti Noir), indien Sioux
"Enfant,
je savais donner. J'ai perdu cette grâce en devenant civilisé. Je menais une
existence naturelle, alors qu'aujourd'hui je vis de l'artificiel. Le moindre
joli caillou avait de la valeur à mes yeux. Chaque arbre était un objet de
respect. Aujourd'hui, j'admire avec l'homme blanc un paysage peint dont la
valeur est exprimée en dollars !" Chiyesa,
écrivain indien contemporain.
"Je
suis allé à l'école des hommes blancs. J'y ai appris à lire leurs livres de
classe, les journaux et la bible. Mais j'ai découvert à temps que cela n'était
pas suffisant. Les peuples civilisés dépendent beaucoup trop de la page
imprimée. Je me tournai vers le livre du Grand Esprit qui est l'ensemble de sa
création. Vous pouvez lire une grande partie de ce livre en étudiant la nature.
Si vous preniez tous vos livres et les étendez sous le soleil, en laissant
pendant quelque temps la pluie, la neige et les insectes accomplir leur oeuvre,
il n'en restera plus rien. Mais le Grand Esprit nous a fourni la possibilité, à
vous et à moi, d'étudier à l'université de la nature les forêts, les rivières,
les montagnes, et les animaux dont nous faisons partie." Tatanga Mani (ou Walking
Buffalo), indien Stoney (Canada)
"L'homme blanc,
dans son indifférence pour la signification de la nature, a profané la face de
notre Mère la Terre. L'avance technologique de l'homme blanc s'est révélée
comme une conséquence de son manque d'intérêt pour la voie spirituelle, et pour
la signification de tout ce qui vit. L'appétit de l'homme blanc pour la
possession matérielle et le pouvoir l'a aveuglé sur le mal qu'il a causé à
notre Mère a Terre, dans sa recherche de ce qu'il
appelle les ressources naturelles. Et la voie du Grand Esprit est devenue
difficile à voir pour presque tous les hommes, et même pour beaucoup d'Indiens
qui ont choisi de suivre la voie de l'homme blanc. Aujourd'hui, les terres
sacrées où vivent les Hopis sont profanées par des hommes qui cherchent du
charbon et de l'eau dans notre sol, afin de créer plus d'énergie pour les
villes de l'homme blanc. On ne doit pas permettre que cela continue. Sans quoi
notre Mère, la Nature réagirait de telle manière que presque tous les hommes
auraient à subir la fin qui a déjà commencé. Le Grand Esprit a dit qu'on ne
devait pas laisser cela arriver, même si la prédiction en a été faite à nos
ancêtres. Le Grand Esprit a dit de ne pas prendre à la terre, de ne pas
détruire les choses vivantes. Aujourd'hui, presque toutes les prophéties se sont réalisées. Des routes grandes
comme des rivières traversent le paysage; l'homme parle à travers un réseau de
téléphone et il voyage dans le ciel avec ses avions. Deux grandes guerres ont
été faites par ceux qui arborent le swastika ou le soleil levant. Le Grand
Esprit a dit que si une gourde de cendres était renversée sur la terre,
beaucoup d'hommes mourraient, et que la fin de cette manière de vivre était proche.
Nous interprétons cela comme les bombes atomiques lancées sur Hiroshima et
Nagasaki. Nous ne voulons pas que cela se reproduise dans aucun autre pays pour
aucun autre peuple; cette énergie devrait servir à des fins pacifiques, non
pour la guerre. Nous, les chefs religieux et porte-parole légitimes du peuple
indépendant des Hopis, avons été chargés par le Grand Esprit d'envoyer au
président des Etats-Unis et à tous les chefs spirituels une invitation à nous
rencontrer pour discuter du salut de l'humanité, afin que la Paix, l'Unité et
la Fraternité règnent partout où il y a des hommes.
" Lettre des
Indiens Hopis au président Nixon en 1970 ".