La vraie identité de Paul Kagame,
"l'homme de terreur" du Rwanda
Extrait de Gaspard MUSABYIMANA, La vraie nature du FPR/APR
d'Ouganda en Rwanda, Paris: L'Harmattan, 2003, pp. 60-67
Kagame est né le 23 octobre 1957 sur la colline de Nyarutovu dans la commune
Tambwe, Préfecture de Gitarama, près du centre de Ruhango. Il est fils de
Rutagambwa, du clan des Bega [Voici la généalogie simplifié de Kagame: Kagame-
Rutagambwa- Kampayana- Cyigenza (frère de la reine Kanjogera épouse du Roi
Rwabugiri et mère du roi Musinga)- Rwakagara (père de la reine Kanjogera)-
Gaga- Mutezintare -Buhura- Sesonga- Makara alias Rwangabami- Kiramira- Mucuzi-
Nyantabana- Bugirande-Ngoga- Gihinira- Makara alias Muziwabega]. Sa mère est la
sœur de Rosalie Gicanda, épouse du Roi Mutara Rudahigwa mort en 1959. De par
cette double appartenance, Kagame est très proche de la lignée royale portée au
pouvoir par le coup d'Etat sanglant de Rucunshu et au cours duquel les
Abanyiginya, dont le roi Rutalindwa et sa famille, furent exterminés par les
Abega. L'opposition entre les Abega et les Banyiginya, depuis ces temps
reculés, revient au grand jour avec le réveil de l'ex-roi Kigeri du clan
Abanyiginya qui, de son exil aux Etats-Unis d'Amérique, revendique sa
légitimité à la place Kagame du clan des Abega.
Kagame partit avec ses parents en exil en 1961 en Uganda, à
Gahunge, dans le district de Toro. Son père y est mort quelques années après.
Sa maman a fait appel à l'aide des amis et des parentés pour pouvoir élever ses
enfants. Parmi ses bienfaiteurs, la plus importante fut Rosalie Gicanda,
ex-Reine du Rwanda, morte dans le génocide rwandais de 1994 à Butare. Le nommé
Benzinge Boniface, actuel secrétaire de Kigeli en Amérique, prit Kagame chez
lui pour diminuer la charge familiale. De Chez Benzinge, Kagame allait passer
quelques jours chez Kigeri, le dernier roi du Rwanda, dans sa résidence de
Kampala. En Uganda, Kagame fit des études secondaires infructueuses
successivement à la Ntare School de Mbarara au sud de l'Uganda et à la Old
Kampala School de Kampala de 1972 à 1976. A Kigali, en privé, on le surnomme
siniya fo (senior four) pour dire qu'il a fait quatre ans post-primaires. A
l'école secondaire, Kagame était connu pour son cynisme et son esprit
revanchard qu'il avait le surnom de Kagome (le méchant). Renvoyé de l'école,
Kagame est devenu un enfant de la rue (street child) comme on en rencontre dans
bon nombre de villes africaines. Il se débrouillait en vendant des arachides
grillées aux passants ou des œufs à la coque connus sous le nom d'ebimeneka
(qui peut se casser). Il s'est livré par après à des opérations de change, en
écoulant de faux shillings ugandais. Pour ce faire, il effectuait beaucoup de
navettes entre Kampala et Naïrobi au Kenya.
Quand Museveni prit le maquis en 1981 après avoir été battu dans
des élections, il partit avec quelques jeunes rwandais dont Rwigema Fred. Le
recrutement continua et Rwigema dut se souvenir de son ami d'enfance. C'est
ainsi qu'il alla chercher Kagame. Dans le maquis, Kagame fut très maladif. Il
avait notamment un ulcère d'estomac et une grande déficience visuelle. Rwigema
plaida en sa faveur et Kagame fut affecté à la récolte des informations, pour
lui éviter les dures campagnes militaires.
A la victoire de Museveni en janvier 1986, Kagame est nommé chef
des Services de Renseignements militaires de l'Armée ugandaise, la DMI
(Directorate Military Intelligence), la même qu'on retrouve aujourd'hui au
Rwanda, avec pour chef Jacques Nkurunziza, alias Jackson Nziza, ugandais de
souche et ex-adjoint de Kagame à la DMI ugandaise. Nziza est de la province du
Bufumbira, non loin de la frontière, du côté de la préfecture Ruhengeri. Son
frère fut longtemps Directeur de l'Office des Cafés en Uganda A la tête des
renseignements militaires, Kagame a été caractérisé par une méchanceté
indescriptible qui lui a valu le nom de PILATO, comparaison à Ponce Pilate qui
a ordonné la mort de Jésus Christ. Ceux qui le connaissent rapportent qu'il
enfermait ses prisonniers dans des containers et jetait les clés. Il employait
des militaires sous ses ordres pour piller et lui rapporter le butin. On
rapporte qu'un jour, un de ses militaires est allé voler avec son arme dans
Mulago Village à Kampala. Il fut attrapé et révéla qu'il était envoyé par
Kagame. Celui-ci le convoqua et le mit à mort. Au sujet de cette méchanceté
extrême, il est connu que ses interrogatoires étaient toujours musclés. E.
Ndahayo (2000, p. 89), un des ses connaisseurs (il a été Directeur de cabinet
du Ministre de l'information dans le Gouvernement du FPR, entre juillet 1994 et
août 1995) souligne : les prouesses de délinquant du jeune Kagame et de ses
pairs dans les milieux du vol et crime organisé de Kampala et de Naïrobi, et de
son parcours de tortionnaire au sein des services de securité ougandais. Mr N.,
un ex-militant du PSD (Parti Social Démocrate), m'a décrit Kagame presque dans
les mêmes termes. Leur rencontre à Kampala en 1991 lui a donné l'impression de
quelqu'un qui a reçu une éducation de la rue. Il m'a dit: «Kagame s'embarrasse
pas mal du savoir-vivre. Ntabwo yarezwe: il n'a pas reçu une bonne éducation»
(Entretien avec N. à Bruxelles en novembre 2001). Un autre témoignage sur
Kagame soulignant son caractère «méchant» nous vient de Uganda Democratic
Coalition (janvier 1993), un mouvement d'opposition au pouvoir de Yoweri
Museveni ayant son siège aux Etats-Unis d'Amérique. Pour ce Mouvement, Kagame a
été caractérisé, dans ses fonctions de Chef de Renseignements militaires
ugandais, par des tortures atroces qu'il infligeait à ces victimes, comme par
exemple: asphyxier la victime en couvrant sa tête d'un papier en plastique,
serré autour du cou par une corde jusqu'à ce que mort s'en suive; mettre des
décharges électriques sur les organes génitaux de ses victimes; attacher une
grosse pierre sur des organes génitaux jusqu'à ce que la victime s'évanouisse,
ce qui provoquait la mort ou de graves séquelles psychologiques ou
physiologiques; lier les bras et les jambes derrière le dos: la victime,
devenue comme une boule, mourrait par éclatement. La torture est connue sous le
terme ougandais de akandooya.
Kagame s'est marié en 1989 à Kampala à Jeannette Murefu, fille de
Murefu, ex-tenancier du café Eden Garden à Kigali au Rwanda et appartenant à
l'ex-Président du MRND, Matthieu Ngirumpatse. Murefu venait de rentrer de son
exil du Burundi. Parti pour les cérémonies de mariage de sa fille à Kampala, il
ne reviendra plus au Rwanda et s'installera à Jinja avec sa famille, prévenu
probablement de l'attaque imminente du Rwanda. Avant son mariage, Madame
Jeannette Kagame a vécu avec ses parents à Bujumbura puis elle est allée à
Naïrobi au Kenya où ses études étaient financées par l'homme d'affaires H. M.,
grand frère de Robert Kajuga, Président de la milice Interahamwe. Jeannette
Kagame a travaillé, pendant un petit temps, dans la société Spie Batignolles à
Naïrobi pour rejoindre finalement Kampala où elle a travaillé avant de se
marier. Après son mariage, Kagame fut envoyé, en juin 1990, aux Etats-Unis
d'Amérique pour un stage de commandement militaire (Command Staff) à Fort
Leaven Worth au Kansas. Après quelques 3 mois, Kagame interrompit son stage et
arriva au front le 14/10/1990 pour remplacer Fred Gisa Rwigema à la tête du
FPR-Inkotanyi.
De retour donc des USA, Kagame réorganisa son armée qui avait été
refoulée hors du territoire rwandais le 30/10/1990. Celle-ci gagna la guerre en
juillet 1994 après avoir défait les Forces Armées Rwandaises (FAR). Le FPR
s'empara du pouvoir et forma son Gouvernement le 19/07/1994 dans lequel Kagame
fut Vice-Président et Ministre de la Défense Nationale. Il fut également élu
chef du Parti FPR. A la démission du Président Pasteur Bizimungu, Kagame fut
investi comme Président et Commandant Suprême (High Commander) de l'Armée
Patriotique Rwandaise (APR).
Kagame est un homme qui ne supporte pas la contradiction. Le
capitaine Kayitare, à en croire des sources du FPR, serait mort pour cette
raison. Commando hors du commun qui a dirigé avec succès des opérations sur les
villes de Ruhengeri le 23/01/1991 et de Byumba le 5/06/1992, il était parvenu à
se faire une renommée parmi les membres du FPR. Lors d'une des exhibitions qui
avaient lieu à Mulindi pour un fund raising, la chanteuse Kamaliza venue de
Bujumbura lui dédia une chanson, séance tenante. Il le magnifiait en le
comparant au lion (la chanson est elle-même intitulée Intare c'est-à-dire le
lion) qui, par son courage, fait peur à ses ennemis (intare yaciye ibintu), au
bouclier qui remporte la victoire après avoir terrassé les ennemis (ngabo
itsinze, ihashya ababisha). Kagame ne digéra pas ce militaire qui lui faisait
ombrage. Car non seulement le lion est courageux mais aussi il est le roi de la
forêt. Le message était clair. Kayitare pouvait même supplanter Kagame à la
tête du FPR. Un jour qu'il était au sommet de la colline de Murore en commune
Cyumba où il supervisait une opération militaire fin 1992, Kayitare fut appelé
par radio pour une urgence dans leur état-major à Mulindi. Il devait descendre
la montagne de Murore, traverser la théiculture de la vallée de Ngondore et
monter vers Mulindi. C'est dans la théiculture qu'il a été arrosé de balles et
rendit l'âme. Sa mort provoqua la consternation dans les rangs du FPR mais
également les FAR n'en revenaient pas de façon que lors de son inhumation, le
Commandant des FAR à Byumba, le Colonel Bahufite, se rendit à la cérémonie car
il croyait en la paix avec les négociations d'Arusha.
Kagame ne cache jamais ses plans criminels car il sait que
personne ne peut y croire tellement leur réalisation est inimaginable pour un
homme normal. A Kibuye, en 1995, il a traité les réfugiés hutu de l'ex-Zaïre de
«chiens» et a juré de les poursuivre là où ils sont. Il a mis cette idée en
exécution en bombardant leurs camps en octobre 1996, en tuant au moins 200.000
d'entre eux et en achevant les rescapés arrivés à Tingi-Tingi et à Mbandaka. Le
Rapport Garreton, dans ses différentes versions, est éloquente à ce sujet.
Après qu'il ait dit, en août 1996, dans un meeting à Nyamirambo, qu'avec une
petite capsule ou une petite cuillère, on peut vider un tonneau, Kagame est
passé aux actes. Pour lui, le fait que les Hutu soient nombreux ne constitue
pas un problème. Cette métaphore donne une idée de l'ampleur de sa méchanceté
et de son ethnisme. Il suffit de tuer les Hutu, petit à petit, jusqu'à les
exterminer. A la manière d'une goutte d'eau qui tombe du tonneau sans
discontinuer. Le tonneau finira par se vider si le petit trou n'est pas
colmaté. Les événements passés et récents confirment cette politique
d'annihilation de l'ethnie hutu. En effet des tueries massives des Hutu ont eu
lieu surtout depuis 1994 : les massacres de Kibeho, le nettoyage du Nord du
pays, les camps de concentration et de crémation notamment dans le Parc
National de l'Akagera.
En calculateur avisé qu'il est, Kagame aurait toujours le
passeport diplomatique ugandais qu'il avait obtenu lorsqu'il était à la tête
des services secrets de l'armée ugandaise. En effet, sous le titre : Rwandese
leaders still hold ugandan passports (les dirigeants rwandais détiennent
toujours des passeports ugandais), le journal Sunday Vision du 8 janvier 1995
l'a confirmé et a même ajouté que le président Museveni lui-même a déclaré que
«son gouvernement ne s'est pas dérangé jusqu'ici pour demander à ces dirigeants
de les restituer» (government has up now not bothered to ask the rwandese
leaders to surrender the passports). Bien qu'il se soit investi Président
rwandais, la détention de ce passeport laisse croire qu'il n'a pas abandonné
son numéro de matricule dans l'armée ugandaise.
Le journal ugandais The Monitor du 26 au 28 octobre 1994, parle
lui aussi de 24,49 millions de shillings ugandais que Kagame devait à l'Uganda
Commercial Bank LTD (UCB). C'est un crédit douteux que tous les officiers
proches de Museveni ont pris après la victoire de la NRA en 1986. Fred Rwigema
est mort sans rembourser 20,28 millions de shillings ugandais à cette banque.
Un ancien ministre ugandais de la justice, John Mulenga, auquel l'ambassadeur
rwandais accrédité à Kampala faisait remarquer, après l'attaque du FPR en
octobre 1990, la nationalité ugandaise des attaquants notamment par la
détention de certains d'entre eux de passeports diplomatiques ugandais, faveur
qui ne peut être accordée à un réfugié, a répondu que la loi ugandaise était si
libérale qu'elle était muette sur la nationalité des personnes devant être
incorporées dans l'armée ugandaise. Même le Président Museveni déclara un jour
que l'un des membres de son cabinet, le Général Moses Ali était un soudanais
qui n'a régularisé sa nationalité ugandaise que sous son régime alors qu'il était
dans l'armée depuis les années 1960 (Bukeye, 1994).