Sous le Muhabura: un mythe qui ne veut pas mourir.

 

05-04-2008 -

source:www.gomafocus.org)

 

LE HUTU INCAPABLE DE DIRIGER.

 

Quand les Blancs arrivent au Rwanda, ils ont bien vu que le Nord étaient bel et bien dirigé par les chefs Hutus et les Tutsi n’avaient pas pu mettre pied dans ce territoire, car les hutu savaient se défendre. Que les Blancs aient trouvé que les Hutus ne savaient pas diriger leurs congénères à l’occidental n’avait rien de surprenant. Les Tutsi eux-mêmes ne le savaient pas. La preuve en est que les blancs ont du en démettre pas mal. Mais ce qui est une malhonnêteté intellectuelle, c’est de mettre les Tutsi à l’école des fils de chefs pour leur apprendre à diriger à l’occidental et laisser les hutu à leur triste sort et conclure après que le hutu est incapable de diriger. S’ils avaient donné la même chance à tous les deux et puis juger après, cela aurait été correct et plus loyal.

 

« But only in 1929, with the creation of the Ecole des Frères de la Charité (better known as the Groupe Scolaire ) in Astrida (now Butare) was e special effort made to recruit students from among the sons of Tutsi chiefs and to tailor the curriculum to the functions and skills expected of a chief. In subsequent years the Groupe Scolaire became the gracegraving institution through which the Tutsi elites managed to perpetuate themselves in the seats of power, though which they gained the technical skills and training necessary for the preservation of their traditional claims to supremacy. P. 75. In 1925, the Nyanza Ecole pour Fils de chefs had 349 stundents, all of tutsi origin…

 

Ce sont les tutsi eux-mêmes qui ont induit les Blancs en erreur, en se présentant à eux comme supérieurs aux autres, au hutu notamment qu’ils avaient exclus de la vie politique surtout. Imaginez-vous que même là où il y avait une forte concentration des hutu le roi les faisait gouverner par un chef tutsi, parce qu’il pensait que le hutu était incapable de commander. Mais il y avait une raison plus fondamentale, il avait peur que le chef hutu ne révolte sa population contre le roi. Il lui fallait un chef fidèle, et un tutsi faisait l’affaire puisqu’il venait souvent de la cour royale.

 

Les blancs se sont laissés prendre à cette fourberie et ont vu, convaincu par les tutsi, que le hutu était réellement inférieur au tutsi. Ceci avait comme conséquence pernicieuse de dire que le hutu était incapable de gouverner.

Un exemple : entre 1937 et 1954 a eu lieu l’opération M.I.B. (Migration des Indigènes Banyarwanda). Elle consistait à transférer des hutu du Rwanda au Congo Belge dans le lopin de terre, Gishari, qui fut acheté par les Belges aux chefs coutumiers hunde du Congo. Comme la Belgique était une autorité de tutelle pour le Congo et le Rwanda, elle s’est autorisée à

le faire, non sans poser de problèmes ardus après.

 

Pour gouverner ces hutu, car il s’agissait d’un territoire autonome, les Belges, sous l’instigation des tutsi, ont choisi des chefs tutsi pour cela, alors qu’il s’agissait des hutu presque entièrement, car le hutu était incapable de diriger ses congénères. Il y a eu d’abord BIDERI, puis BUCYANAYANDI, comme chef pour gouverner les hutu de la MIB. Et qui plus est, sur les collines, ce sont bien des tutsi qui étaient des notables : NYARAMBA, GATAMBIYE, NKOROTA, RWASAMANZI, CYUBAHIRO, et tant d’autres….

““The persistence of stereotyped conceptions of inferiority among Hutu of Rwanda goes far in explaining their general reluctance to even consider the possibility of changing the status quo – in short their long-lasting political apathy. Since the Tutsi were culturally defined as highly intelligent, refined and courageous, and the Hutu as dim-witted, gross and cowardly, the corollary proposition was that the Tutsi were born to rule and the Hutu to be ruled. And because many of Hutu actually saw themselves with the eyes of the Tutsi, they had understandably little incentive to compete with their overlords. Hence the attitude of sullen resignation which long characterised the Hutu of Rwanda, and which gave currency to the stereotype that “like almost all negro peoples they have the natural desire to serve and be subjected to a strong and leading hand”[xlv].

One of the most arduosus tasks facing the Hutu intelligentsia on the eve of independence was to break this habit of passive obedience which even then continued to paralyse political initiative. What made this task so difficult was not only that it violated some basic cultural norms, but that the breaking of these norms released tremendous psychological insecurities among the Hutu peasantry. As the were suddenly asked to turn against the men and institutions which for centuries had been their sole guarantee of security, many Hutu felt hapless and bewildered. Even those who had nothing but genuine contempt and hatred for the old regime displayed an almost pathological fear of being outsmarted every turn by Tutsi, as if the latter had been endowed by nature with superior gifts of shrewdness, treachery and cunning ».

 

La zébrure du zèbre est un don du Bon Dieu ; mais le zèbre a-t-il une autorité quelconque sur l’antilope. Elle a aussi une peau belle en son genre. Ce n’est pas parce que le zèbre a une peau zébrée qu’il devient chef des antilopes. L’antilope a aussi une peau qu’une pluie de la saison ne peut enlever.

Il en est de même des hutu et de tutsi. Le tutsi n’est pas un chef naturel des hutu. Ce tutsi natus ad imperium est d’ordre mythique. Il ne tient qu’à l’imagination des tutsi. Les tutsi ont conquis les hutu ; c’est une erreur historique, ce n’était pas un fait naturel. La nature elle, se répète.
Actuellement il faut la « perestroika et le glasnost ». Mikhaïl Gorbatchev, c’est un monsieur ! Il faut promouvoir le droit de chacun. Chacun doit avoir son du : voilà le principe d’une bonne théorie de la justice.

Les urnes ! Voilà le premier principe de la démocratie qui amène à la bonne gouvernance. L’élu du peuple doit interpeller le gouvernant. Autrement il n’y a pas de république. Si vous trouvez que les urnes sont injustes, inventez un autre moyen pour que chacun trouve son dû. Mais la force et l’intimidation ne sont plus à la mode. Elles sont révolues.

 

LA MEME CULTURE.

 

J’ai entendu un blanc dire ceci un jour à la radio : « Je ne comprends pas les Rwandais. Ils ont la même culture, c’est-à-dire le même pays, la même langue, la même religion. Pourquoi se battent-ils ? » Ces assertions se retrouvent aussi chez certains hutu modérés

(c’est-à-dire naïfs) et chez certains tutsi fourbes, car ce mensonge leur a rendu service.

L’acception ci-dessus de la culture est trop pauvre et par conséquent tendancieuse, car même ayant ces éléments en commun, hutu et tutsi n’ont pas la même culture. D’abord le pays n’est pas un élément qui détermine une culture. Dans un même pays, on peut avoir plusieurs cultures. Ce sont les blancs qui ont démantelé les cultures d’Afrique et ils ont créé des pays ayant plusieurs cultures. Par ailleurs, est-ce que les blancs qui ont vécu au Rwanda avaient-ils la même culture que les rwandais ? Et les Rwandais qui vivent en Europe ont-ils la culture européenne ?

 

Le pays.

 

Après tant de migrations en Afrique de l’Est, on ne peut pas dire que telle culture appartient à tel pays. Si non les Africains auront tous la même culture. Le Rwanda était au départ une forêt, tout le monde peut se l’imaginer, écrit Alexis Kagame. (Ubwa mbere na mbere, u Rwanda rwahoze ali ishyamba : ibyo ntawe utabyibwira) [xlvi]. Ce sont les Batwa, les Impunyu, qui sont arrivés les premiers au Rwanda. (Abo bavuga babanje kugera mu Rwanda, ni Abatwa, aba b’Impunyu). On dit que ce sont les Bahutu qui sont arrivés au Rwanda après les Batwa et ce sont eux qui ont défriché la forêt. (Abahutu ni bo bavuga badutse mu Rwanda hanyuma y’abatwa, aba ali bo bakonda ishyamba)[xlvii] . Puisqu’il ne reste que les Tutsi, ce sont eux qui sont arrivés après les autres. D’où venaient-ils ?

« Les Batutsi, quand ils sont arrivés au Rwanda, ressemblaient à leurs frères du Nord. Les us et coutumes des Abagalla de l’Abyssinie, des Massai du Kenya, des Bahima de Ndorwa et de Nkole, tout cela me montre comment vivaient les Batutsi : ils sont venus ici en transhumance avec leurs vaches ; le fait de s’attacher à la terre, ils l’ont appris des Bahutu qu’ils ont trouvés sur place »[xlviii].

Les hutu et les tutsi ont des origines différentes, ils ne peuvent pas avoir la même culture, parce qu’ils occupent le même pays pour le moment. Le mythe nous a montré qu’il n’y avait pas de la part des tutsi de volonté d’intégrer la culture des autres. Ils l’ont fait, mais pas suffisamment pour que leurs cultures soit une.

 

La langue.

 

Les Tutsi sont des Nilotiques, comme les Abagalla, les Massaï, les Bahima, différents des bantu, de soudanais, … Or au Rwanda, ils parlent une langue bantu. Comment un Nilotique peut-il parler une langue bantu ; il n’y a qu’une explication : le vainqueur a du adopter la langue du vaincu, ici à cause de nombre de ce dernier. Le tutsi a dont appris la langue des hutu, qu’on appelle improprement le kinyarwanda ; en effet dans la zone bantu, la langue est nommé à partie du nom de l’ethnie. Ainsi, le muyombe parlera kiyombe, le mutetela parlera kitetela, le muyaka parlera le kiyaka, le muhunde parlera le kihunde, le mushi parlera le mashi, le mulega parlera le kilega, le munande parlera le kinande, le musonge parlera le kisonge (le Congo est riche en peuple et en langues !), il n’y a que le muhutu qui parle le kinyawarwanda. Pourquoi lui, ne parlerait-il pas le kihutu, à la manière des autres bantu. Comme le tutsi a perdu sa langue, il ne pouvait pas dire, par orgueil, qu’il parlait le kihutu, qu’il a du adopter et adapter malgré lui, alors il a rebaptisé d’autorité cette langue le kinyarwanda. Le tutsi enrichira cette langue par un vocabulaire le concernant d’abord, à cause de la vache notamment et tout ce qui a trait à la vache. Quant au terme mwami, il n’est pas d’invention tutsi, car c’est un vocable bantu de l’Afrique des Grands Lacs (cf. les rega, les bashi, le bahunde, les bahavu, les nande,…).

 

Il n’y a rien d’étonnant dans ce phénomène, il y a dans l’histoire un grand vainqueur qui a du apprendre malgré lui la langue du vaincu. C’est le romain. Les romains ont du apprendre le grec et le parler effectivement. César succombant aux couteaux des conjurés dit à l’un d’eux, Brutus, son fils adoptif en grec : και συ τεκνον (tu quoque, fili mi). Les romains vont d’ailleurs copier la culture grecque sans vergogne.

Donc il ne suffit pas de parler la même langue pour qu’on ait la même culture. Je ne vois pas un hutu s’appeler Kayitare, Kayiranga, Kayitaba, Kayitesi, Kayirebga, Iliza, Kantarama, Murebgayire, Kageyo… sinon par imitation, ou par dédicace.

 Le Président Chirac a trouvé à Mayotte un petit Jacques Chirac de 6 ans, lors de son dernier voyage dans cette île africaine française. Il y était passé il y avait six ans quand le petit naissait et on lui a donné le nom de l’illustre hôte.

Prenons un cas simple : comment justifier qu’un hutu puissent s’appeler Muzinge. D’où vient ce nom ? Sa provenance nous montrera qu’un hutu peut avoir un ancêtre tusti ou par l’effet de voisinage, un hutu peut donner un nom tutsi à son enfant. Ce nom se rapporte aux poèmes dédiés à la plus belle vache (indatwa) des troupeaux (inyambo) de la cour royal. Alexis Kagame nous informe que :

a) « A l’églogue primitive jadis consacrée à la vache devenue « indatwa », le compositeur ajoutera d’autres chants, dits imivugo (déclamations). Dans ce cas, l’églogue primitive cesse de se nommer « incutso » (sevrage) et devient « impamagazo » (signe d’appel ».
c) Le poème ainsi prolongé s’appelle « umuzinge » (pli ou torsade) [xlix]».

 

Les caractères physiques.

 

Nos deux ethnies en question n’ont pas les mêmes caractères physiques. Nous nous sommes étonnés déjà de la non-intégration des tutsi et nous avons expliqué cela par la volonté de garder leur race pure. Le mythe dont nous avons parlé les y a aidé. Et nous avons dit aussi que les blancs ne sont pas à la base de ce clivage ; ils l’ont trouvé et ils en ont usé pour leurs fins coloniales.

Il y a en a qui disent qu’il est difficile de distinguer un hutu d’un tutsi. Et de fait avant que les tutsi ne portent la guerre au Congo jusqu’à l’Atlantique, le gros des congolais ne les distinguaient pas, surtout que jusque là on les appelait tous des rwandais. Mais les blancs qui sont arrivés au Rwanda à la fin du 19e siècle ne les ont pas confondus. Voici comment le Père Pages dresse le portrait des uns et des autres :

« Les Batutsi ont des membres bien proportionnés, les traits réguliers, le nez droit, les lèvres fines et présentent des ressemblances avec les pharaons d’Egypte. Comme les Ethiopiens, les Batutsi sont caractérisés par leur teint brun avec un reflet rougeâtre, au moins chez certains types, et par leur visage allongé un peu ovale. Généralement, ils sont d’un abord facile et en imposent aux autres par leur allure noble, un peu hautaine, mais correcte. Alors que la taille moyenne des Batutsi est estimé à 1m 79, celle des Bahutu s’élève à 1m 67. Ceux-ci sont plus trapus et plus courts, et leurs traits sont moins réguliers. Leur force musculaire est supérieure à celle de leur maîtres, sans doute à cause des travaux pénibles auxquels ils se livrent. Les Bahutus sont en général moins séduisants, moins polis et plus timides que le Batutsi. Dans la colère, ils ne savent pas se dominer autant que ces derniers, mais, par contre, ils sont plus simples et de mœurs plus sévères »[l].

Voici d’autres témoignages :

“In both kingdoms the invading tribes were Tutsi or Hima pastoralists. Although their origins are not firmly established, their physical features suggest obvious ethnic affinities with the Galla tribes of southern Ethiopia. Commenting on their proverbial tallness and graceful stature, Mecklenburg observed : “There possess that same graceful indolence in gait which is peculiar to Oriental peoples, and their bronze-brown skin reminds me of the inhabitants of the more hilly parts of northern Africa. Unmistakable evidences of a foreign strain are betrayed in their high foreheads, the curve of their nostrils, and the fine, oval shape of their faces” [li].
Dr Richard Kandt, the first German Resident in Rwanda, was equally impressed by “their gigantic stature, the sublimity of their speech, the tasteful and unobtrusive way of their dress, their noble traits and their quiet, penetrating, often even witty and irritating eyes”. As they drifted southward into the plateau area they came in contact with the indigenous Hutu peasant populations. Generally short and stocky, the Hutu share the physical characteristics of other Bantu tribes of Central Africa. “They are medium-sized type of people, wrote Mecklenburg, whose ungainly figures betoken hand toil, and who patiently bow themselves in abject bondage to the later arrived yet ruling race, the Tutsi”[lii].

 

Il y en a qui disent que les termes tutsi et hutu ne désignent pas des races différentes, mais des rangs sociaux différents. Un riche qui a beaucoup de vaches, on l’appelle tutsi ; et celui qui n’a rien, on l’appelle hutu. Ce sont des tutsi fourbes qui disent cela et des hutu naïfs et ignorant qui le croient. Car comment peut-on soutenir une histoire de ce genre alors que les rwandais savent dire qui est tutsi et qui est hutu. Quand les émeutes éclatent, les uns et les autres se trompent pas de cible, je vous le garantis, et ce n’est pas nécessairement le riche qui est appelé tutsi, ni nécessairement le pauvre qui est appelé hutu. Il y a des erreurs, car les caractères physiques subissent des mutations que la conception culturelle ne sait pas suivre à temps, mais un tutsi reste un tutsi et un hutu reste un hutu, car ils sont différents. Prétendre qu’ils n’ont pas de différence c’est vouloir la bagarre, car ils craignent toujours que les autres n’en profitent pour faire de l’espionnage.

Voici même une description des comportements et des attitudes:

 

The writings of early European visitor show a remarkable consensus about the individual deportment of Hutu and Tutsi as well as about their attitudes towards each other. They all seem to have been very forcefully impressed by the extreme reserve of the Tutsi, which seemed so strange when compared with the spontaneous effusions of other African tribes.
Of the Tutsi of Rwanda, Mecklenburg wrote that “one received the impression of being in the presence of an entirely different class of men, who had nothing further in common with the ‘niggers’ than their dark complexion”[liii] .


After his visit in Burundi, Hans Meyer commented in a // (p. 42) similar vein : “The longer one has travelled in negro countries, and the better one has got acquainted with the negro character, and the more one is impressed with the proud reserve of Tutsi. There is no restless curiosity, no noisy, partly fearful, partly good-hearted welcome, as with most other negroes. The tall fellows stand still and relaxed, leaning over their spears while watching the Europeans pass or approach, as if this unusual sight did not impress them in the least”[liv].
But Meyer also noted the reserve side of the picture, and in particular their laziness, opportunism and dissimulation: “The Tutsi never or only seldom says what he thinks; one has to guess it. Lying is not only customary with strangers but a permanent and deeply rooted defect”[lv].


He also noted that, for all their mendacity, the Tutsi never concealed the fact that they regarded as the salt of the earth : “The Tutsi consider themselves as the top of the creation from the stand point of intelligence and political genius”[lvi].
Summarising the Tutsi’s philosophy of life, Meyer concluded : “To be rich and powerful and to enjoy life by doing nothing is the symbol of all wisdom for the Tutsi, the ideal for which he strives with utmost shrewdness and unscrupulousness” [lvii].
By the contrast the Hutu seemed a singularly servile, boisterous and cowardly people, whose sense of dignity and amour propre had been dulled almost to extinction by centuries of bondage.
Of the Hutu of Burundi, Meyer wrote: “Due to four centuries of terroristic rule, they have become slaves in thinking and acting though no so slave – like in character as the Banyarwanda under their Hamitic despots”.
If this last qualifier sounds like an after-thought, subsequent observations show that this was not Meyer’s intention.
P. 43.
The persistence of stereotyped conceptions of inferiority among Hutu of Rwanda goes far in explaining their general reluctance to even consider the possibility of changing the status quo – in short their long-lasting political apathy. Since the Tutsi were culturally defined as highly intelligent, refined and courageous, and the Hutu as dim-witted, gross and cowardly, the corollary proposition was that the Tutsi were born to rule and the Hutu to be ruled. And because many of Hutu actually saw themselves with the eyes of the Tutsi, they had understandably little incentive to compete with their overlords. Hence the attitude of sullen resignation which long characterised the Hutu of Rwanda, and which gave currency to the stereotype that “like almost all negro peoples they have the natural desire to serve and be subjected to a strong and leading hand”[lviii].

 

Cette velléité de parler de classification sociale au lieu de différentiation de race ou des caractères physiques a été utilisée à dessin pendant la guerre civile commencée en 1990.

Mais nous en retrouvons déjà les traces dans le chef du roi Mutara III Rudahigwa en 1956. Monsieur A. Maus, membre du Conseil du Vice-Gouveneur général et colon au Rwanda, avait fait la proposition au sujet de la représentation des indigènes dans le futur Conseil réformé.

 
Il voulait qu’on réserve une sous-catégorie, composée de quatre membres autochtones et européens, pour la représentation distincte des Bahutu. C’est le Mwami lui même qui s’y opposa farouchement. Il disait qu’il n’y aurait « aucun critère pour différencier les termes mututsi et muhutu ». Et Maus écrivit une lettre le 25 avril 1956 au Vice-Gouveneur Général Jean Paul Harroy, en lui disant que c’est là une ahurissante affirmation que réfute toute la

 structure sociale du Rwanda-Urundi. Il avait l’impression que, dans cette session, qu’au lieu d’un débat de bonne foi, se basant sur la véracité des faits, il assistait à un habile étalage de contre-vérités et à une crainte générale des membres d’égratigner même légèrement le colosse mututsi [lix].

 

Un ecclésiastique a osé écrire cela d’ailleurs dans un livre fortement contesté. Il fallait diviser les hutu du Nord et ceux du Sud, ainsi les tutsi en étant alliés des hutu du Sud allaient combattre facilement les hutus du Nord pour se retourner finalement contre les hutus du Sud naïfs qu’ils auront été.

C’est aussi une stratégie sordide pour pouvoir échapper à une mort politique certaine au moment où le vent de la démocratie était entrain de souffler sur les pays africains. Puisque pour acquérir le pouvoir, il faut recourir aux urnes et non aux armes, il fallait amadouer les hutu, briser le mythe de la majorité ethnique, oublier un peu le mythe de la supériorité culturelle. Si on prend comme principe un homme une voix, aucun tutsi ne passera lors des élections puisque les hutu ne voteront que les hutu. Il fallait donc inventer une théorie permettant de fondre les tutsi dans les hutu pour qu’ils aient un espoir d’être élu un jour pour les différentes institutions. Voici d’ailleurs un exemple de chantage apparu dans un écrit à cette époque (Cf. Le Dialogue, n° 169, août 1993) :

« Quand un tutsi élit un tutsi : c’est la démocratie ;
Quand un hutu élit un tutsi : c’est la démocratie ;
Quand un hutu élit un hutu : c’est de l’ethnisme ;
Quand un tutsi élit un hutu : c’est la démence
».

 

Il fallait donc parer contre la mort politique du tutsi et l’on inventa cette stratégie.

Mais Kagame nous donne le vrai statut politique des rwandais dans le Rwanda pré-colonial.

A ce propos, il écrit ceci dans le Code des Institutions politiques du Rwanda pré-colonial :
« a) Tout Mututsi a droit à une parcelle de pâturages.
b) On appelle Mututsi en droit pastoral, quiconque possède plusieurs têtes de gros bétail, même s’il n’est pas de race hamite »[lx].

Ce code nous renseigne sur le vrai statut du tutsi et du hutu dans l’ancien Rwanda et surtout sur la possibilité de la dérive qui débouchera après l’arrivée des Blancs. En effet elle sera une conséquence de l’exploitation éhontée du hutu par le tutsi à travers le système du « Contrat de servage pastoral ».

Ce code nous apprend que le hutu n’existait pas juridiquement. Il devait exister dans un droit agricole, mais ce dernier n’existait pas, hélas !. Le hutu qui existait ainsi, c’est-à-dire ce qui était reconnu tutsi, est celui qui acquérait des vaches et avait ainsi le droit de posséder une parcelle de pâturages ? Un hutu pouvait acquérir seulement des vaches comme récompense du roi après un exploit guerrier. Ce qui signifie qu’il y avait très peu de hutu qui avaient une existence juridique, car très peu étaient enrôlés comme chefs des armées.

Il fallait qu’ils existent tout de même, qu’ils puissent être protégé par une loi au moins. Il ne leur restait que de faire allégeance à un seigneur tutsi dans le système de ‘’Contrat de servage pastoral’’. En faisant tous les travaux serviles de leur seigneur, ils pouvaient alors compter sur la protection de son suzerain.

Ce système rendait le hutu taillable et corvéable à merci. Tant que le suzerain était riche et avait des vaches et des biens, les hutu pouvaient souffrir moins. Mais à l’arrivée des Blancs, les guerres sont terminées ; or ce sont les guerres qui approvisionnaient les seigneurs en vaches et en biens pris comme butin. N’étant plus approvisionné s, ce sont les hutus qui payeront puisqu’il fallait qu’ils travaillent pour que le suzerain garde son standing malgré l’absence de guerre.

 

Ce code nous prouve qu’être hutu et tutsi n’est pas occuper un rang social. Tutsi et hutu sont bel et bien des races différentes, qui en sont venu à cohabiter suite à une invasion conquérante des tutsi du pays des hutu. Les tutsi ont trouvé les hutu sur le terrain entrain de défricher les forêts et ils les ont soumis, d’abord suite aux victoires militaires et ensuite par la vache. Les tutsi sont parvenus à faire correspondre la possession des vaches à la richesse, au pouvoir et au savoir. Un hutu pouvait être reconnu comme tutsi ; mais un tutsi qui se mettait sous la protection d’un suzerain dans le Contrat de servage pastoral gardait son statut de tutsi et d’ailleurs, comme Kagame nous l’a dit plus haut, il était favorisé par rapport au hutu car il était exempté des travaux serviles. Donc le serviteur tutsi ne devenait pas pour autant un hutu.

S’ils étaient de la même race, A. Kagame qui est antérieur à toutes les élucubrations, n’aurait pas fait la distinction entre la race hamite en l’opposant à une autre. Et puis nous savons que le hutu n’a pas de vaches donc il ne peut pas réclamer un fief de pâturages. Même s’il en a, elles lui ont été offertes par le roi pour sa bravoure, mais il ne devient pas hamite pour autant. Juridiquement il peut l’être, peut être, comme Saint Paul, qui était juif et avait la citoyenneté romaine, il ne pouvait pas cependant nier d’être juif avec les juifs. Le zèbre ne peut pas devenir un cheval.

Ayant donc une provenance diverse, Tutsi et Hutu ne peuvent avoir la même culture. Il y a un d’entre eux qui a une culture d’emprunt. Ceci va se confirmer par la diversité des activités économiques, et plus spécifiquement la production des biens.

 

Activités économiques.

 

Cela a été dit : les hutu ont défriché la forêt ; c’était pour l’agriculture. C’est là l’activité principale des hutu. Un hutu est un laboureur. Sa machette sert à débroussailler, sa hache à coupe les arbres, sa houe à retourner la terre où il plante toute sorte de chose : haricots, petit pois, patates douces, pomme de terre, colocase, sorgho, bananier, courge, aubergine,… Il élève le petit bétail, essentiellement la chèvre, la poule, quelque fois le mouton (qu’il ne mange pas puisqu’il est réservé exclusivement aux twa) ; s’il est devenu éleveur des vaches, il a appris des tutsi, mais ce n’est pas son activité qui l’identifie.
Le tutsi, par contre, il est éleveur de vaches. Il vivait de lait et du sang des vaches. La vache est son occupation principale. Le tutsi qui cultive est devenu est pauvre. Il a du l’apprendre des hutu pour vivre. Il va sans dire que quand les pâturages deviennent étroits et que le tutsi doit paître des vaches à proximité des champs des hutu, les vaches peuvent faire irruption dans ces champs où les vaches peuvent y être conduites exprès et c’est la bagarre. Il n’est pas rare que cette bagarre réveille l’animosité d’antan et, au lieu d’une bagarre, c’est une bataille rangée qui s’engage.

 

Génocide ou guerre civile.

 

L’instance internationale est allée vite en besogne en déclarant que les massacres faits au Rwanda relevaient du génocide. Combien et comment faut-il tuer pour qu’il y ait génocide? Puisque sous d’autres cieux, nous avons des cas pires que ceux du Rwanda, et cette instance se tait.

Tout commence avec la guerre civile en 1990 et cette guerre continue sous d’autres cieux, au Congo-Kinshasa naturellement, ce sont les mêmes envahisseurs qui sont sur cette scène. Des instances internationales viennent de dénombrer presque trois millions de congolais tués dans cette guerre d’agression que ces mêmes protagonistes ont porté au Congo-Kinshasa depuis 1996 jusqu’en ces jours de 2001. Les tutsi disent qu’ils poursuivent des milices et des soldats genocidaires mais le résultat, ce sont trois millions de congolais tués. Or les congolais n’ont pas déclaré la guerre au Rwanda et à l’Ouganda.

Quand les hutu ont tué presque un million de tutsi et des hutu modérés, on a parlé de « génocide ». Retenons le mot « genus » et voyons à qui l’on applique ce vocabulaire. Mais quand les tutsi tuent le triple de ce nombre et dans un autre pays qui ne leur a pas déclaré la guerre, on ne parle pas de génocide. Pourquoi dénier aux congolais ce vocabulaire de « genus » puisqu’il est universel. Il n’y a que les tutsi qui formeraient le « genus » ? Quand les tutsi tuent les congolais, on a l ‘impression qu’ils tuent des singes, comme quand les conquistadores tuaient les nègres et les autochtones de l’Amérique du sud, ils tuaient des hommes qui n’avaient pas d’âmes.

Pourquoi cette absolution des tutsi ? Sont-ils des enfants de chœur ? Les Blancs auraient-il cru encore dans le mythe de la supériorité de la race tutsi sur les autres races ? Pourquoi cette considération prioritaire des victimes tutsi, puisque notre proche passé compte d’autres victimes. Et d’ailleurs, l’histoire nous apprend que les turcs ont massacré les Arméniens, on a jamais parlé de génocide. Les occidentaux ont exterminé les autochtones d’Amérique du Nord, et on a jamais parlé de génocide. Les conquistadores ont fait la même chose en Amérique latine, on a jamais parlé de génocide. Les Occidentaux ont tué, vendu des Nègres et on a jamais parlé de génocide.

 

On a parlé de génocide, quand les nazis ont programmé l’extermination des juifs en Occident. Ils en ont massacré plus de six millions. Or les juifs n’avaient pas attaqués les nazis. Si les nazis n’avaient pas été vaincu, ils auraient massacré plus de juifs, ensuite les arabes, ensuite les nègres, puisqu’ils voulaient faire la culture de la race pure, la race indo-aryenne. Si les occidentaux n’arrêtent pas leur soutien complice aux tutsi, ceux-ci extermineront les bantu de l’Afrique centrale.

Ce cas est similaire à celui des Serbes en Bosnie-Herzégovine et en Croatie. Ce sont les Serbes qui ont commencé la guerre et ils ont cessé la guerre sous la pression internationale. .
En comparant avec ce génocide avec celui dit du Rwanda, il y a eu une méprise. Ce sont les tutsi qui ont attaqué les hutu, car les tutsi ne pouvaient arriver au pouvoir autrement que par les armes. Entre 1990, ils ont fait beaucoup de morts au Nord et les rescapés de ces massacres étaient déplacés dans la pays entier. Et quand les tutsi ont tué le prétendu programmeur du génocide des tutsi, c’est à ce moment-là que le massacre des tutsi a commencé. S’il fallait attendre que le programmeur meurt pour que le plan puisse être mis en pratique, c’est qu’il n’y avait pas de plan. Ce n’est pas à la mort de Hitler que l’extermination des juifs a commencé. Ici, ce ne sont pas ceux qui sont présumés avoir programmé le génocide qui ont attaqué les premiers.

Comment se fait-il d’ailleurs que les Occidentaux qui ont su qu’il y avait un plan de massacre des tutsi et se sont tus ? Je me pose maintenant (en 2001) la question suivante : comment se fait-il que les Occidentaux qui savent que les tutsi ont tué déjà trois millions de congolais se taisent, laissant les congolais être massacrés par les tutsi et laissant ces derniers piller les richesses du Congo ? Les tutsi les pillent pour les occidentaux et ils ne veulent pas abandonner une marmite pleine de viande. Les Occidentaux auraient-ils encore mordu dans le mythe de la supériorité des tutsi sur les autres races ?

Je suis d’avis qu’en 1994, ce ne sont pas les tutsi qui devaient mourir, mais les hutus : voilà pourquoi les occidentaux n’ont rien dit. Ils ne croyaient pas aux rapports qu’on leur envoyaient. Le massacre des hutu était camouflé, mais les concernés le savaient et ils ont surpris les occidentaux et les tutsi eux-mêmes.

 

Ceci explique d’ailleurs pourquoi les tutsi ont massacré tranquillement et impunément les hutu réfugiés dans les forêts congolaises, en représailles. On a nié cela, mais on ne cesse de faire taire les témoins, d’autres subissent des menaces de mort. J’ai entendu un ecclésiastique branché sur les tutsi dire ceci : on dit les tutsi tuent les réfugiés hutu pour masquer le génocide que ces derniers ont perpétré en 1994 contre les tutsi.

Pourquoi avoir institué un T.P.I. pour les criminels d’une seule catégorie. Il y a des criminels qui sont supérieurs à d’autres ? Le mythe qui expliquerait cet état des choses n’a pas encore été inventé. A moins qu’on ne transpose le mythe qui nous a occupé plus haut.

La Fontaine avait raison de dire : « La raison du plus fort est la meilleure ». Et Seydou Kone (Alpha Blondy) de paraphraser : « la démocratie du plus fort est toujours la meilleure ».Une démocratie sans partis, comme celle de Museveni, c’est ce qu’il faut à l’Afrique, dixit Oncle Sam. Pour plus de justice, cherchons tous criminels du guerre des pays des Grands Lacs africains et jugeons-les. Si on continue à cultiver l’impunité dans notre sous-région, il n’y aura jamais de développement de l’Afrique.

 

Voilà le fond malsain sur lequel les présidents africains viennent de transformer l’O.U.A. en U.A. Ils voulaient créer une Union Africaine à l’instar de l’Union Européenne. A quoi bon singer les Occidentaux quand on sait qu’on n’a pas les mêmes conditions ? Je me rappelle que c’est quand Museveni était président en exercice de l’OUA que ses troupes ont envahi les Rwanda à coté du FPR. Alors qu’il devait respecter l’intangibilité des frontières. Si l’OUA n’a pas réussi parce que les chefs d’état africains s’en moquaient, quel sera le sort de l’U.A. Le O qu’on a enlevé est en train de dire Oh là !

L’OUA crève quand il y a la guerre entre les pays africains, l’UA naît avec les guerres. Où arrivera-t-elle ? Le singe n’a fait que la grimace !

 

Igor WABO MIHIGO

 

 

Tuer un homme en lui longeant une balle dans le cœur, ou en lui décapitant la tête par la lame tranchante d’une machette, ou l’empêcher de vivre dignement en lui interdisant tout épanouissement ou l’exclure de la communauté sous prétexte ethnique, confessionnel ou racial sont tous de même nature. Faudra-t-il toujours rappeler et même insister qu’avant tous droits, le plus urgent à instaurer c’est le droit à la vie, c’est-à-dire le droit à la nourriture saine et suffisante, le droit au travail raisonnablement rémunéré, le droit à une assistance médicale compétente, bref à une justice sociale qui assure la dignité et qui garantit l’égalité. Nous croyons qu’en appliquant rigoureusement, surtout en Afrique, les principes de ce droit le plus élémentaire, on pourrait éviter les conséquences désastreuses de tant d’autres problèmes. On ne change pas l’homme, il se change lui-même. Pour l’encourager à se changer il faut indubitablement changer sa vie. Ainsi on évite beaucoup de conflits et on met fin à des nombreuses guerres.

Il est vrai que le continent africain est en pleine effervescence politique, sociale, culturelle et surtout économique, mais malheureusement la guerre bat tous ses tambours presque partout : du Nord saharien au Sud natalien de l’Est somalien à l’Ouest casamançais. Quand au centre, n’en parlons pas. Comme celui de la Terre c’est un foyer ardent de confits sournois et un âtre embrasé de guerres stupides et d’agressions absurdes. On ne s’aventure dans les tourmentes d’une guerre que suite aux impulsions des grandes passions : la foi, l’amour, la haine, le pouvoir, l’argent, la dignité.

La foi, l’amour et la dignité déclenchent souvent une guerre défensive, une guerre légitime, une guerre qui se termine, grâce généralement à un coup de chance, par une solution nette et claire.


La haine, le pouvoir et l’argent sont à la base de toute guerre agressive, aveugle et aberrante. Elle n’aboutira jamais qu’à un compromis éphémère qui ne fait que plonger les peuples dans un circuit infernal de violence et de vengeance.

L’Afrique est malade de ses frontières où le virus « ethnie » sévit sur les lignes de démarcation politiques et contamine les lignes internes. Les peuples n’ont pas de frontières visibles. Les frontières qui les séparent et les distinguent même à l’intérieur d’un même pays sont des frontières culturelles. A l’intérieur de celles-ci, les peuples sont irréductibles. Ils deviennent intraitables en sachant qu’ils sont bel et bien assis sur un volcan qui peut se réveiller à tout moment, car quand on parvient au pouvoir par la violence, quel autre moyen se s’y maintenir qu’en régnant par la terreur ? On peut régner par la terreur quelques jours mais jamais pour toujours.

 

Les écrits des premiers visiteurs européens montrent un consensus remarquable tant au sujet du comportement individuel des Hutu et des Tutsi que de leurs attitudes vis-à-vis les uns des autres. Ils semblent tous avoir été impressionnés par l’extême reserve des tutsi qui semblaient trop étranges quand ils sont comparé avec l’expression spontanée des autres tribus africaines.
Mecklenburg écrivait à propos des Tutsi que l’on avait l’impression d’être en présence d’une autre classe d’hommes entièrement différente qui n’avait absolument rien de commun avec les ‘nègres’ que leur teint sombre (dark).

Après sa visite au Burundi, Hans Meyer commentait avec la même veine : ‘Le plus grand qui ait vecu dans les pays nègres, le meilleur qui soit connu avec des traits physiques nègres. On est plus impressionné par la discretion hautaine des Tutsi. Il n’a pas autant de curiosité éveillée, d’accueil brouillant, mi-timide, mi-chaleureux, comme la plupart des nègres. Les grands messieurs restent calmes et détendus, s’appuyant sur leurs lances quand ils observent les Européens passer ou s’apporcher, comme si ce fait insolite ne les impressionnait pas pour le moins ».

 

Mais Meyer a noté aussi le revers de cette description, et en particulier leur paresse, leur opportunisme et la dissimulation : ‘Les Tutsi disent rarement, pour ne pas dire jamais ce qu’ils pensent ; on doit le déviner. Le mensonge est non seulement un défaut habituel avec les étrangers, mais aussi un défaut permanent et profondément enraciné’.
Il a noté encore que sur tout ce mensonge, les Tutsi n’ont jamais caché le fait qu’ils se considèrent comme le sel de la terre. ‘Les Tutsi se considèrent eux-mêmes comme le sommet de la création au point de vue de l’intelligence et du génie politique’.
En résumant la philosophie de la vie des Tutsi, Meyer conclut : ‘Etre riche et puissant et jouir de la vie en ne faisant rien, c’est le symbole de toute sagesse pour les Tutsi, l’idéal pour lequel il lutte avec une extrême sagacité et sans scrupules’. Par contre, les Hutus semblaient un peuple servile, tumultueux et poltron, dont le sens de la dignité et de l'amour propre ont été émoussé presque à l’exctinction par des siècles d’esclavage.

R.B. p. 43. "La persistence des conceptions stéréotypées de l’infriorité des Hutu du Rwanda explique la répugnance générale à considérer éventuellement une possibilité de changer le statu quo, en bref leur permanente apathie politique. Depuis que les Tutsi étaient considérés culturellement comme très intelligents, distingués et courageux, et les Hutus comme stupides, grossiers et poltrons, ceci amenait à dire par voie de conséquence que les Tutsi étaient nés pour gouverner (nati ad imperium) et les Hutu pour être gouvernés. Et parce que beaucoup de hutu se considèrent actuellementavec les yeux des Tutsi, ils sont compréhensiblement poussés à se bagarrer avec les suzerains (overlords). Dorénavant, l’attitude d’une résignation morose qui a longtemps caractérisé les Hutu du Rwanda et qui a donné libre cours au stéréotype que comme presque tous les peuples nègres, ils ont le désir naturel de servir et d’être assujetti à une main forte et d’autorité ".

 

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Notes .

[xii] Ibid. p. 11-12 ; Cf. A. KAGAME, Le code des Institutions politiques du Rwanda pré-colonial, Bruxelles, Institut Royale Colonial Belge, 1952, art. 254, p. 96.

[xiii] Ibid. p. 165.
[xiv] I.K. p. 66
[xv] I.K. p. 66.

[xvi] R.B. p. 33 : « Selon un poème dynastique intitulé ‘ Le Mythe des Origines’,l’histoire du Rwanda commence avec le règne de Kigwa qui est descendu du ciel et engendra trois enfants, Gatwa, Gahutu et Gatutsi. Pour choisir son successeur, Kigwa décida de confier à chacun de ses fils un pot de lait à surveiller durant la nuit. Au point du jour, on trouva que Gatwa avait déjà bu son lait, que Gahutu est allé dormir et avait répendu son lait ; seul Gatutsi, le vigilant, avait veillé toute la nuit et avait gardé son lait. Pour Kigwa, il était très évident que c’est Gatutsi qui devait lui succéder et être toujours exempt des travaux serviles. Gahutu devait devenir son serviteur. Pour Gatwa qui ne s’est pas montré digne de confiance, sa position dans la société était d’être un paria ».


Ce mythe, comme le note Malinowski, n’était pour les Rwandais ni une histoire fictive ni un récit d’un passé révolu ; c’était une descrption d’une réalité très importante et particulièrement encore vivante… à travers leurs traditions, leurs lois et leur morale. Comme telle, il fournissait une justification morale pour le maintien d’un système dans lequel une minorité infime s’est assuré le statut d’une classe des fainéants pour exploiter les masses.
Bronislaw MALINOWSKY, Magic, Science and Religion and Others Essays, Doubleday, New-York, n.d., p. 146.

[xvii] Cf. R. P. PAGES, Un royaume hamite au centre de l’Afrique, (Sigle : R.H.C.A.)Institut Royal Colonial Belge, Bruxelles, Libr. Falk fils, 1933, p. 195-202.

[xviii] Ibid.. p. 218.
[xix] A. KAGAME, La poésie dynastique au Rwanda, Mémoire de l’Institut Royal Colonial Belge, Bruxelles, 1951, p. 48-49.

[xx] R.B. p. 149 : « Pour la première fois dans l’histoire du Rwanda, un groupe de neuf intellectuels Hutu, tous des anciens séminaristes, ont systématiquement mis en question chaque caractéristique concevable du système féodal. ‘Le fond du problème, disent-ils, réside dans le monopole politique d’une seule race, la race Tutsi, qui, étant donné le présent cadre structurel, devient un monopole social et économique’.Aprè s avoir cité des exemples spécififiques d’injustices politiques, sociales et culturelles, ils concluaient : ‘A partir de ceci à un état de guerre civile froide et à la xénophobie, il n’y a qu’un pas. De tout ceci à la propagation des idées communistes, il n’y a qu’un pas’. Pour rémedier à la situation, ils proposaient des sérieuses mesures déstinées à achever une promotion intégrale et collective des Hutu », l’abandon des préjudices des castes, la reconnaissance d’une propriété foncière individuelle, la création du ‘Fonds de Crédit Rural’ pour promouvoir des initiatives agricoles, la codification des coutumes, la promotion des Hutu dans l’adminstration publique et l’accession aux facilités éducationnelles à tous les niveaux aux enfants Hutu. Jamais auparavant il n’y eut une telle critique dirigée contre l’ancien régime qui fut publiquement émise en face des protagonistes ».

[xxi] Ibid. p.153 : « Dans les esprits de l’élite Tutsi, une transformation sociale de l’échelle envisagée dans le ‘Manifeste’ etait inconcevable. Près et plein, ils jugèrent que ces demandes clamées par la direction des Hutu représentaient les vues d’une petite minorité insignifiante des quelques têtes brûlées, et tous ces troubles ont pour origine des erreurs faites par l’administration dans l’application ou dans la non application du gouvernement indirect ».

[xxii] Ibid. p. 154 : « A la montée croissante des attaques des Hutus, l’oligarchie régnante répondit en 1958 en durcissant ses positions sur l’issu des relations entre les races. En mai 1958, un groupe des ‘vieux’ Tutsi de la cour royale –ainsi nommé les bagaragu bakuru d’ibwami—les clients du roi, publièrent une déclaration dans laquelle ils disaient que l’ancêtre des Banyiginya, Kigwa, était arrivé au trône en réduisant les tribus indigènes des Hutu à un état d’esclavage et ainsi, il ne pouvait y avoir de base de fraternité entre les Hutu et les Tutsi. Et pour résumer l’argumentation : ‘Puisque notre roi a conquit le pays et les Hutu et a tué leurs roitelets, comment peuvent-ils se clamer nos frères ? » (Rwanda Politique, p. 35-36).

 

[xxiii] R.B. p. 145 :
[xxiv] Cf. J.-P. HARROY, Rwanda, dans Encyclopaedia Universalis, Paris, 1972, p. 561- 563.

[xxv] A. MBEMBE, Afriques indociles. Christianisme, Pouvoir et État en société post-coloniale, Paris, Karthala, 1988, p. 34.

[xxvi] Historique et Chronologie du Rwanda, o. c. p. 128.

[xxvii] R.B. p. 73 : « Comme résultat des efforts belges pour étendre la domination Tutsi dans le Nord du Rwanda, un nombre des chefs Hutu (bahinza) furent relevés sommairement de leurs fonctions dans les années 1920 et remplacés par des Tutsi choisis par l’administration. Cette politique trouva son aplication la plus systmatique dans les régions de Ndorwa, de Mutara et de Mulera au Nord (correspondandant approximativement à la sphère d’influence du fameux Ndungutse) et dans les régions de Busozo, Bukinzi et de Bushiru dans le Nord-Ouest. Ce parachutage des chefs Tutsi dans des aires à prédominence Hutu était cependant une continuation d’une tendance initié sous le protectorat allemand, mais il est aussi vrai que dans beaucoup d’endroits les Belges ont aidés à installer les premiers chefs Tutsi dans le pays, le Bahinza manquant de compétence pour appliquer les méthodes préconisées par l’autorité d’occupation (Historique et chronologi du Rwanda, o.c. p. 128). Ici comme ailleurs au Rwanda, les autorités belges étaient poussées à perpétuer et à systématiser les politiques initiées par leurs prédécesseurs ».

[xxviii] R.B. p. 73-74 : « Un événement important historiquement – très inquiétant en termes des objectifs globaux de la politique belge – fut la tentative concomittante faite par la Résidence de remplacer les chefs Tusti en poste par des chefs et des sous chefs Hutu, fait apparamment dicté par la resistence de certains chefs conservateurs à la Réforme de 1926. Toutefois, l’implication révolutionnaire de cette initiative occasiona des préssentiments graves parmi parmi les missionnaires Catholiques dont certains n’hésitèrent pas à exprimer leur indignation sur ‘la vacillation des autorités coloniales vis-à-vis de l’hégémonie traditionnelle des nobles (well-born) Tusti ».

 
Chanoine Louis DE LACGER, Le Ruanda : Aperçu historique, Kabgayi, 1939, p. 522.

[xxix] R.B. p. 73 : « En 1930 Mgr Classe publia une mise en garde catégorique à l’administration contre la tentative d’éliminer la caste Tutsi : ‘Une révolution d’une telle nature peut amener directement l’Etat entier dans une anarchie et à un communisme acerbe anti-européen. Car à partir des développement ultérieurs, elle annulerait l’action gouvernementale en se privant de ses auxiliaires qui sont, par naissance, capables de la comprendre et de la suivre. Ceci est la position et la conviction ferme de tous les supérieurs des missions du Rwanda sans aucune exception. D’une manière générale, nous n’avons pas de chefs qui sont plus qualifiés, plus intelligents, plus actifs, plus capables d’apprécier le progrès et plus acceptés complètement par le peuple que les Tutsi’ ».
DE LACGER, o. c. p. 524.

 

[xxx]R.B. p. 73 : « En voyant l’attitude radicalement différente que l’Église catholique adoptera après la Seconde guerre mondiale, cette situation a une consonnance relative à elle. Mais dans le temps qui suivit, l’Église se posa souvent comme avocate très déterminée de la suprématie Tutsi dans les affaires politiques. Cette attention fut portée à la profession de foi de Mgr Classe qui était adoptée très visiblement à travrs la direction ultérieure de la politique belge. Non seulement les chefs et les sous chefs Hutu furent démis de leurs fonctions et remplacés par des Tutsi nobles, mais aussi un effort positif fut fait pour préserver l’hégémonie Tutsi dans chaque pas de la vie. Cette préservation – ou mieux cette consolidation – de la suprématie Tutsi fut menée à terme dans ces trois voies majeures et dans cet ordre chronologique : (i) en facilitant l’expansion territoriale de l’hégémonie politique Tutsi, (ii) par un rigoureux contrôle de toutes les opportunités éducationnelles, et (iii) en introduisant un mécanisme judiciaire destinée à perpétuer la soumission de la caste Hutu (aucun hutu ne devait avoir raison contre un tutsi ! n. a.)

 

[xxxi] A. Kagame, Le code des Institutions politiques du Rwanda pré-colonial, o.c. p. 18 note n° 1.

[xxxii] R.B. p. 106 : « Les insurgés pouvaient compter sur le soutien irresistible du clegré Catholique Européen et de l’administration européenne. Non seulement l’Église catholique fit acquérir aux Hutu christianisés une nouvelle perception d’eux-mêmes comme des êtres humains, les poussant à développer un sens de desaffection envers leurs maîtres, mais aussi elle leur fouri un stimulus psychologique et sûrement une arme politique pour ramener la réalité dans la ligne de leur désir.
L’attitude du clergé européen subit une réorientation rémarquable au milieu des années 50, partiellement comme un résultat des changements imminents dans la politique de l’administration, et aussi parce que les changements coïncident avec l’arrivée au Rwanda d’une nouvelle catégorie des missionnaires. Contrairement à leurs prédécesseurs, ces nouveaux venus étaient d’origine sociale relativement humble et donc prédisposés à s’identifier avec la condition des masses Hutu. Ils appartenaient à ce qui est connu en Belgique comme ‘le petit clergé’ et dans beaucoup de cas leur espérience antérieurs das conditions sociales et politiques dans les provinces francophone de Wallonie accrut leur sollicitude pour la cause des opprimés. Leur engagement émotionnel et psychologique dans les affaires du Rwanda révélait le sens de leur de l’engagement démocratique typique des Chrétiens de gauche, une tendance associée en Belgique avec le courent progressiste du Parti Social Chrétien (PSC). Mais le facteur réellement déterminant fut l’arrivée à Kabgayi en 1955 de Mgr Peraudin, de nationalité suisse, qui, peu après, devenait Vicaire apostolique du Rwanda. Que ce soit à cause de ses origines nationales ou à cause de ses propres prédispositions, les convictins démocratiques de Perraudin trouvaient l’expression dans ce qui peut être décrit comme une flagrante prise de parti pour les Hutu. Jusqu’en ces jours, le nom de Perraudin évoque, quoique diamétralement opposé et également émontionnel, des réactions des Hutu et Tutsi, étant vu par les premiers comme un sauveur et par les derniers comme un sycophante odieux, couapble de propagation de haine raciale et de violence au sein du peuple du Rwanda ».

 

[xxxiii] R.H.C.A. p. 380.
[xxxiv] R.H.C.A. p. 380

[xxxv] A. KAGAME, Le code des Institutions politiques du Rwanda pré-colonial, O.C. p. 7-8.
Il reconnaît que « sous les règnes de Yuhi V Musinga et son fils Mutara III Rudahigwa, aucune armée-bovine de la structure traditionnelle ne fut créée, du fait que la présence européenne avait modifiée les conceptions antérieures concernant les armées » (A. KAGAME, L’histoire des armées-bovines dans l’Ancien Rwanda, Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer, Classes des Sciences Morales et politiques, Bruxelles, Duculot, 1961, p. 116. Nous pouvons supposer que les grands seigneurs n’avaient plus de richesses données par le roi, ainsi ils étaient obligés d’exploiter le petit peuple, c’est-à-dire les hutu.

[xxxvi]R.B. p. 75 : « De même, ainsi que l’éducation des Tutsi était devenue une préoccupation spéciale des Résidants allemands sur la base qu’ils étaient des auxiliaires naturels du protectorat, ainsi depuis les débuts des années 30 et vers la fin de la deuxième guerre mondiale, l’unanimité d’opinions parmi les administrateurs belges considérait que les Tutsi pouvaient rester les seuls bénéficiaires de l’éducation de l’État et des missionnaires. Ainsi très tôt, les Ecoles de Nyanza, Ruhengeri, Gatsibu et Cyangugu étaient devenues des bases de formation exclusivement pour les Tutsi (fils de chefs comme ceux des tutsi ordinaires) qui serviraient plutard l’administration en qualité de secrétaires indigènes (i.e. interprètes, dactylographes, des collecteurs de taxes, etc.) Beaucoup de ces Tutsi ainsi formés étaient engagés comme des chefs et ils constituaient ainsi un embryon de la nouvelle catégorie de fonctionnaires que l’administration employait comme contre poids dans l’apathie ou la resistance de la vieille génération, comme un des administrateurs le déclare : ‘La masse des chefs et des sous chefs du Rwanda a été noyautée par des éléments valables, entrainées par nous et influencés par nos méthodes et nos idées… Un sens d’émulation a emergé graduellement parmi les leaders autochtones. Quant à ces notables que nous avons trouvés incapables ou ne voulant pas accepter nos idées, nous étions alors en mesure de les remplacer par certains de nos élèves . De cette façon, la mentalité d’opposition que Musinga lui-même a essayé d’entretenir dans la noblesse était tenu en échec. Grâce à l’école de Nyanza, nous étions en mesure de créer une élite de chefs intelligents, et spécialement dans les dernières années, d’enregistrer un progrès véritable dans le pays ». (Oger COUBEAU, Note au sujet des écoles du rwanda-Urundi, July 2 1933, in the Derscheib Collection).

 

[xxxvii] R.B. p. 75 : « Et auparavant en 1929, avec l a création de l’Ecole des Frères de la Charité (mieux connue sous le nom de Groupe Scolaire) à AstridaButare actuellement) , un effort spécial avait été fait pour recruter des élèvs prmi les enfants des chefs et pour faonner un programme d’études pour les fonctions et les capacités propres au chef. Dans les années ultérieures, devenait une intitution privilégiée à travers laquelle l’Elite Tutsi entreprit de se perpétuer eux-mêmes des postes de pouvoir à travers lesquels ils acquiraient de l’habiletés techniques et amenant nécessairement à la préservation de leurs révendication traditionnelles de la suprématie ».


[xxxviii] R.B. p. 75-76 : « En ces temps la politique adoptée au Congo fournissait un nouveau pôle d’attraction pour tester et trier les institutions indigènes. Ceci est bien illustré par l’introduction des ‘tribunaux indigènes’ en 1936. En dépit des résultats désastreux des expériences antérieures sur ces plans, il était supposé que dans le contexte du territoire sous mandat, les tribinaux indigènes pouvaient devenir l’instrument le plus efficace du gouvernement indirect. Dans l’esprit du Résident belge, le système d’une cour indigène pouvait fournir la clef passe-partout de tout problème de l’administration indigène. Le tribunaux indigène peuvent agir en meêm temps comme la ‘sauvegarde des traditions et un frein à leur évolution, comme un creuset (melting-pot) dans lequel les tendances passées et présentes pouvaient se fondre ‘, comme les moyens par lesquels une assimilation progressive et progressiste, jusqu’ici lente et douce, pouvait être obtenue ». (Résidence du Rwanda, Rapport annuel, Kigali, 1938).

 

[xxxix] R.B. p. 76 : « En fait, ces tribunaux devinrent des instruments par lesaules l’oligarchie Tutsi regante non seulement conserva mais aussi abusa des ses privilèges.Leur fonction n’était pas tant de distribuer la justice que de légitimer les abus et les infractions à la loi. Tant qu’ils étaient en tous les cas dirigés par des chefs Tutsi, il était difficile d’imaginer comment ils pouvaient servir à autre chose.Bien que le trinual du mwami était sensé servir comme une cour d’appel, les longs délais resultants de l’accumulation des litiges en instance se résumait souvent en un déni de justice. Ansi avec une moyenne de 60 cas seulement tranchés chaque ennée, en 1949 le tribunal du mwami faisait face à un arriéré de quelque neuf cents cas non tranchés, une situation décrite comme manifestement alarmante ». (Résidence du Rwanda, Rapport annuel, Kigali, 1949, p. 78).

[xl] R.B. p. 76 : « Si on avait besoin de dissiper les illusions au sujet de la vraie nature du sytème de la cour Rwandaise, on peut citer la déclaration suivante d’un précédent fonctionnaire belge : ‘Les tribunaux indigènes n’ont jaais joué un rôle modérateur parce qu’il étaient intimément liés aux autorités politiques. Dans beaucoup de cas ces tribinaux étaient des organes utilisés par les Tutsi pour donner un semblant de légélité à leurs exactions. Le seul moyen de redresser ces injustices était de frapper de nullité les décisions iniques par le Parquet, mais le nombre d’application était tellement grand qu’il était impossible d’examiner chaque demande’ ». Ibid.

[xli]R.B. p. 81 : « Pour la première fois en 1952, on décida d’introduire une lueur de démocratie dans la sphère de l’administration indigène. Le 14 juillet 1952, un décret fut promulgée qui prévoyait l’établissement des organes représentatifs à caque degré de la pyramide de l’administration : des conseils consultatifs furent mis sur pied au niveau de la sous chefferie, de la chefferie, du territoire sous la forme des conseils de sous chefferie, conseils de chefferie, conseils de district, Conseil Supérieur du Pays (C.S.P.). Mais en dehors du fait que les pouvoirs dévolus à ces conseils restèrent strictement consultatifs, la procédure compliquée de désignation introduite par les Belges jeta des doutes immédiates sur la valeur de l’expérience. Comme le professeur Maquet le note : ‘ce système était non seulement très médiocrement electif et représentatif… à chaque niveau, il y avait des membres qui n’était pas des fonctionnaires, mais ils constituaient seulement une petite portion des membres du conseil et ils étaient élus (i.e. désignés) parmi les membres non fonctionnaires des conseils immédiatement inférieurs, ce qui signifie que le choix était très réduit’ ».J.J. MAQUET, The introduction of an electoral system for councils in a caste society, in Raymond Apthorpe, ed., From Tribale Rule to Modern Government, Lusaka, 1960, p ; 61.
See also, J.J. MAQUET AND M. d’HERTEFELT, Elections en Société Féodale, ARSC, Brussels, 1959, Vol. XXI, fasc. 2. « Que ce système soit très médiocrement représentatif, c’était manifestement évident lors de l’issue des élections de 1953. Les Tutsi contrôlaient 90.6 % des sièges dans le Conseil Supérieur du Pays du rwanda. Al’exception des conseils des sous chefferies réfletant daans chaque pays une majorité Hutu, en dernière analyse, la composition des Conseils Supérieurs continua à montrer une main mise de la majorité Tutsi ».

 

[xlii] R.B. p. 82 : Aloys MUNYANGAJU, L’Actualité Politique du Ruanda-Urundi, Brussels, 1959, p.20.

[xliii] Ibid. p. 64 : « Les espoirs suscités par ces premières réformes constitutionnelles et la déception amère causée par les developpements ultérieurs que cela pouvait lourdement porter atteinte à la caste privilégié du pouvoir, étaient des éléments cruciaux dans le contecte de la Révolution au Rwanda. Le processus électoral était introduit à un temps où l’élite Hutu évolué constituait une minorité très insignifiante et aund un petit changement fondamental était encore nécessaire dans la structure sociale traditionnelle. Aucun parti ,au sens moderne du terme, n’avait émergé ni au Rwanda ni au Burundi. Selon les propres mots de Maquet : ‘’un système électoral signifie donner au peuple de participer à leur propre gouvernement’’.

[xliv] Rwanda politique 1958 - 1960, Documents présentés par F. NKUNDABAGENZI, Bruxelles, Centre de Recherche et d’Informations Socio-Politiques, 1961, p. 44.

 

[xlv] R.L. / R.B. p. 43 : « La persitence des conceptions stéréotypées de l’infériorité parmi les Hutu du Rwanda amène à expliquer la répugnance générale éventuellement une possibilité de changer le statu quo, en bref leur permanente apathie politique. Dépuis que les Tutsi étaient considérés culturellement comme très intelligents, distingués, et courageux, et les Hutu comme stupides, grossiers et poltrons, ceci amenait à dire par voie de conséquence que les Tutsi étaient né pour gouverner et les Hutu pour être gouvernés. Et parce beaucoup de hutu se jugent actuellement avec les yeux des Tutsi , ils sont compréhensiblement poussés à se bagarrer avec les suzerains (overlords). Dorénavant, l’attitude d’une résignation morose qui a longtemps caractérisé les Hutu du Rwanda et qui a donné libre cours au stéréoptype que comme presque tous les peuples nègres, ils ont un désir naturel de servir et d’être assujetti à une mains forte et d’autorité ». (Ibid. p. 16).

[xlvi] I.K.. p. 23
[xlvii] I.K. p. 26.
[xlviii] I.K. p. 22.


[xlix] A. KAGAME, Le Code des institutions politiques du Rwanda pré-colonial, O.C. art. 327, p. 115.
[l] R.H.C.A. p. 29 ; Cf. J.P.HARROY, E.U. p. 561.

[li] R.B. p. 18 : « Dans les deux royaumes, les tribus envahisseurs étaient des pasteurs Tutsi ou Hima, bien que leurs origines ne soient pas établis avec précision, leurs aspects physiques suggérant sans acun doute des affinités ethniques avec les tribus Galla du Sud de l’Ethiopie. Commentant sur leur proverbial haute taille et leur gracieuse silhouette, Mecklenburg a noté :’Ils ont la même gracieuse indolence dans la marche qui est particulière aux peuples d’Orient et leur peau brune-bronzée me rappelle celle des habitants de parties les plus montagneuses du Nord de l’Afrique. Des évidences qui ne trompent pas pour une appréciation d’un étranger se révèlent dans la longueur de leurs fronts, la courbure de leur nez, et forme fine et ovale de leurs faces ».
Cf. J.J. MAQUET, La participation de la classe paysanne au mouvement d’indépendance au Rwanda, in Cahiers d’Études Africaines, Vol. 14 (1964), p. 557.

 

[lii] Ibid ; p. 18-19 : « Dr Richard Kandt, le premier résident allemand au Rwanda était également impressionné par leur taille géante, la finesse de leur langage, l’élégance et la discretion de leur habillment, leurs traits nobles et leur tranquille pénétration et souvent même spirituelle et leurs yeux d’initiés…. Comme ils se sont dirigés vers le sud, vers les terres des plateaux du sud, ils ont pris contact avec les payans indigènes des populations Hutu. Ces Hutu sont générallement courts et trapus ; ils partagent les caractéristiques physiques des autres tribus Bantu de l’Afrique centrale.Ils sont un peuple d’une taille moyenne,écrivait Mecklenburg, qui ont des figures gauches accusant des travaux durs et qui ont croupi patiemment eux-mêmes dans une servitude abjecte de la part des nouveaux maîtres venus d’une race des maîtres, les Tutsi ».

[liii] MECKLENBURG, In the Heart of Africa, p. 54.
[liv] Hans MEYER, Die Burundi, Otto Spamer, Leipzig, 1916, p. 14.
[lv] Ibid. p. 14.
[lvi] Ibid. p. 15.
[lvii] Ibid. p. 15.
[lviii] Ibid. p. 16.

 

[lix] Cf. Rwanda politique 1958 - 1960, o.c. p. 13.
Il ajoute : « Rentré chez-moi dimanche soir, je réunis mon conseil, non d’entreprise, mais de famille : le clerc de l’Union Eurafricaine, mon chauffeur, mes boys, tous batutsi. Je leur communiquais la déclaration du Mwami. Ce fut un éclat de rire général » (Ibid. p. 13).
[lx] A. Kagame, Le code des Institutions politiques du Rwanda pré-colonial, O.C. Art. n° 254, p.96.