CRIMES
DU FPR – DE 1990 A AUJOURD’HUI :
L’ARGUMENT EN FAVEUR
DES POURSUITES JUDICIAIRES LONGTEMPS ATTENDUES
« La justice doit être impartiale. Elle doit être faite et perçue comme
étant faite pour tous, indépendamment des victimes et des auteurs. Une véritable
réconciliation au Rwanda doit notamment pouvoir montrer que la primauté du
droit ne discrimine contre ni en faveur de personne. L’action du tribunal
devrait servir à contribuer à ce processus »
(Amnesty International – International Criminal
Tribunal for Rwanda – Trials and Tribulations, April 1998)
I. INTRODUCTION
- Le 8 novembre 1994, le Conseil de Sécurité des Nations
Unies a adopté la Résolution 955 portant création du Tribunal Pénal
International sur le Rwanda (TPIR) chargé de « poursuivre les
personnes responsables de génocide et d’autres violations graves du droit
humanitaire international commis en territoire rwandais et les citoyens
rwandais responsables de génocide et de crimes similaires dans les pays
environnants entre le 1er janvier et le 31 décembre 1994 »
[ICTR Statute as adopted
by UN Security Council
Resolution S/RES/955 (1994) of 8 November 1994] . Il faisait suite au rapport de la
Commission des Experts mise sur pied par le Secrétaire Général des Nations
Unies qui avait conclu que « des éléments issus des deux
camps du conflit armé avaient perpétré de sérieuses entraves au droit
humanitaire international et des crimes contre l’humanité » (The United Nations and Rwanda, 1993-1996, p.64).
- La création du TPIR avait suscité l’enthousiasme du
Peuple Rwandais, des autres peuples des pays des Grands Lacs
Africains et de toutes les personnes éprises de paix et de justice qui
espéraient voir la fin de l’impunité pour les auteurs de ces horribles
crimes. Malheureusement, douze ans après, force est de remarquer que tous
ces espoirs ont été déçus. En effet, alors que plusieurs membres de
l’ancien gouvernement soupçonnés d’avoir commis des crimes de guerre, des
crimes de génocides et des crimes contre l’humanité ont été arrêtés, aucun
membre du Front Patriotique Rwandais (FPR) soupçonné d’avoir commis ces
mêmes crimes n’a été poursuivi. Entre temps, le fonctionnement du TPIR a
coûté à la communauté internationale une bagatelle de 1,5 milliards de
dollars.
- Cette situation est d’autant plus incompréhensible que
plusieurs sources attestent que le TPIR est au courant d’horribles crimes
commis par le FPR et qui entrent complètement dans ses compétences. À
titre illustratif, Amnesty International affirme
que « les crimes commis par le FPR en 1994 ont été portés à la
connaissance du bureau du procureur soit en privé à travers des
informations confidentielles, soit à travers des publications des
organisations non gouvernementales et autres, ainsi qu’à travers ses
propres témoins experts à Arusha » (Amnesty
International, International Criminal
Tribunal for Rwanda- Trials and Tribulations, April 1998, p.17).
- Certains prétendent que le gouvernement rwandais
devrait être autorisé à poursuivre les membres du FPR soupçonnés d’avoir
commis des crimes de guerre, des crimes de génocide et des crimes contre
l’humanité. Cette option est inacceptable pour plusieurs raisons.
D’une part elle serait contraire aux fondements même du droit parce qu’il
serait alors permis au FPR d’être à la fois juge et partie. D’autre part,
elle serait discriminatoire pour le peuple rwandais, étant donné qu’il
serait le seul à subir un tel traitement parmi les autres peuples qui ont
connu des drames similaires et pour lesquels l’ONU a mis en place des
tribunaux pour juger les criminels. À titre illustratif, pour l’ancienne
Yougoslavie, le tribunal de La Haye a jugé les
Serbes, les Croates, les Musulmans et les Albanais, et n’a laissé à aucun
groupe le soin de juger lui-même des présumés criminels en son sein.
- Le fait que des présumés criminels au sein du FPR n’ont
pas été poursuivis jusqu’à présent est lourd de conséquences parce
que, comme l’a fait remarqué Mme Louise Arbour,
ancienne Procureur du TPIR lors de la conférence de commémoration du 50ième
anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme, à
Montréal le 7 décembre 1998 « l’impunité en matière pénale est
particulièrement choquante car elle rend la justice illusoire et par
conséquent incite à la répétition des même crimes ». Le peuple
Rwandais et les autres peuples des Grands Lacs africains ont déjà payé un lourd tribu de cette impunité à travers les
horribles crimes que l’armée du FPR ne cesse de commettre.
- Le présent document fait état de certains crimes commis
par des éléments du FPR que plusieurs observateurs et organisations de
défense des droits de la personne ont qualifié de crimes de guerre, de
crimes de génocide et de crimes contre l’humanité. Il est constitué comme
suit : D’abord, il présente les crimes de masse en trois
parties, la première portant sur les crimes commis sur la période couverte
par le mandat du TPIR c’est-à-dire. du 1er janvier au 31
décembre 1994, la deuxième faisant état de crimes commis entre le 1er
Octobre 1990 et le 31 décembre 1993, et la troisième portant sur des
crimes commis depuis le 1er janvier 1995 jusqu’à date. Ensuite,
il présente d’autres types de crimes perpétrés par le FPR tels que des
traitements inhumains et dégradants, l’élimination des opposants à
l’extérieur etc. Enfin, il se termine par des observations finales et une
conclusion générale qui traduisent notre ferme volonté de tout mettre en
œuvre pour que justice soit enfin rendue à toutes les victimes du drame
rwandais.
II. CRIMES DU FPR DU 1er JANVIER
1994 AU 31 DÉCEMBRE 1994
Les éléments qui suivent ne sont que quelques faits et témoignages au sujet des
crimes et des atrocités commis par le FPR du 1er Janvier 1994 au 31 Décembre
1994. Une enquête complète et indépendante sous l’égide des Nations-Unies est absolument nécessaire en vue de
constituer une liste exhaustive des crimes du FPR et en poursuivre les auteurs.
La communauté internationale a l’obligation morale de faire enquête sur ces
crimes et sur beaucoup d’autres qui ont été commis durant cette période (ainsi
que sur la période d’avant et d’après 1994), et d’en punir les auteurs de façon
exemplaire étant donné leur gravité en tant que crimes de guerre, crimes contre
l’humanité et crimes de génocide. Des témoins encore en vie à l’intérieur et à
l’extérieur du Rwanda sont prêts à témoigner et à confirmer l’authenticité des
faits.
CRIMES DE GUERRE, CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ ET
CRIMES DE GÉNOCIDE COMMIS PAR LE FPR (1er Janvier 1994 - 31 Décembre
1994) :
- Assassinat politique du 21 Février 1994 : Un grand leader politique
originaire de Butare dans la région Sud et
également Secrétaire Général du Parti PSD, Félicien Gatabazi,
a été assassiné après être tombé dans une embuscade alors qu’il
rentrait le soir d’une réunion avec d’autres leaders politiques. Cet acte
criminel hautement irresponsable était de nature à embraser le pays
et à provoquer de violents affrontements entre les opposants et les
supporteurs de Gatabazi au moment où le climat
politique était extrêmement tendu et très volatil. Il est rapporté que,
pendant qu’ils fêtaient dans des bars à Kigali dans les jours qui ont
suivi la prise de la capitale, des agents du FPR racontaient
publiquement, en guise d’actes de bravoure, des crimes qu’ils avaient
commis dans leur lutte contre le gouvernement, y compris l’assassinat de Gatabazi, et qui avaient semé la terreur dans
tout le pays. (Témoignages recueillis auprès de témoins encore en vie;
Abdul J. Ruzibiza, l’Histoire secrète, 2005).
- Assassinat politique du 23 Février 1994 : Un autre grand leader politique
originaire de Cyangugu dans le Sud du Pays et
président du parti CDR, Martin Bucyana, a été
tué par une bande de jeunes du parti PSD enragés par la mort de Gatabazi. Les preuves factuelles et testimoniales
disponibles montrent que cet assassinat serait l’acte des éléments
des escadrons de la mort du FPR qui avaient infiltré ces jeunes. Une
enquête s’impose pour connaître toute la vérité à ce sujet. (Abdul J. Ruzibiza, l’Histoire secrète, 2005).
- Le double assassinat des présidents du Rwanda et du
Burundi le 6 avril 1994 :
Dans la soirée de cette journée fatidique, l’avion présidentiel a été
abattu alors qu’il se préparait à atterrir sur l’aéroport de Kigali. Tous
ceux qui étaient à bord ont été tués. Il s’agit du Président Juvenal Habyarimana du Rwanda; du Président Cyprien Ntaryamira du Burundi; du Général Major Déogratias Nsabimana , Chef
d’état major de l’armée Rwandaise; des ministres burundais Cyriaque Simbizi et Bernard Ciza; du
Colonel Elie Sagatwa, conseiller spécial du
Président Habyarimana; du Major Thaddée Bagaragaza,
conseiller du Président Habyarimana; du Dr. Emmanuel Akingeneye,
médecin personnel du président Habyarimana; de l’Ambassadeur Juvenal Renzaho, conseiller
du président Habyarimana ainsi que de trois membres d’équipage
français : Jean-Pierre Minaberry, Jacky Heraud et Jean-Marie Perrine. Cet assassinat
représentait la décapitation du gouvernement et de l’armée Rwandais, ainsi
que celle du gouvernement Burundais. Les preuves disponibles, dont les
informations des témoins, indiquent clairement que cet attentat terroriste
a été l’œuvre du groupe rebelle FPR. Personne ne
comprend pourquoi les Nations-Unies n’ont jamais
commandé d’enquête sur cet attentat contre l’avion présidentiel pour
en connaître l’auteur, d’autant plus que tout le monde s’accorde à dire
qu’il a été l’élément déclencheur des crimes de masse communément
qualifiés de « génocide rwandais de 1994 ».
Lorsque l’ancien Premier Ministre libanais Rafic Hariri a été tué le 14 février
2005, il est apparu que la paix et la stabilité politique du Liban étaient
sérieusement menacées et le Conseil de Sécurité a immédiatement ordonné
une enquête sur cet assassinat. Pourtant, l’impact de cet acte terroriste n’a
été en rien comparable à celui du double assassinat des Président Habyarimana
et Ntaryamira - jusqu’à présent non élucidé – aussi
bien au niveau des pertes en vies humaines qu’à celui des conséquences
politiques à l’intérieur du pays et sur le plan régional.
Il est important de souligner que l’attentat au missile contre l’avion
présidentiel fut jusque là l’acte criminel le plus téméraire dans le conflit
rwandais, étant donné qu’il a ciblé et tué le Président lui-même. Il a aussi
coûté la vie au Président Burundais, six mois seulement après qu’un autre
Président Burundais, Melchior Ndadaye, eu été
assassiné par l’armée burundaise Tutsi (le 21 octobre 1993). Le Président Ndadaye a été en fonction pendant seulement 4 mois, après
être élu démocratiquement en juin et assermenté le 10 juillet 1993.
En un rien de temps, après seulement quelques 6 mois, tout le leadership
politique Hutu du Rwanda et du Burundi, deux pays voisins avec une même
composition ethnique, était décimé sans aucune conséquence pour les auteurs de
ces crimes. Il est important de souligner que les violences interethniques qui
ont éclaté après l’assassinat du Président Ndadaye
ont emporté 200.000 victimes civiles alors que le pays était en paix au moment
de l’assassinat.
Par conséquent, n’est-il pas possible que celui qui a assassiné le Président du
Rwanda alors que le pays était en guerre savait exactement
le genre de catastrophe qui allait suivre? Est-il possible que la mort du
président Hutu avec les membres de son entourage, deux mois seulement après
l’assassinat de deux autres leaders Hutu, ait poussé certains Hutu rwandais
dans une folie meurtrière contre les Tutsi? La réponse à ces deux questions est
vraisemblablement oui. Dès lors, il est incompréhensible qu’aucune enquête
indépendante n’ait été réalisée jusqu’à présent alors qu’elle permettrait de
dégager des réponses à toutes ces questions clés et que ses conclusions
pourraient être très éclairantes au sujet de la tragédie rwandaise.
En effet, selon Carla Del Ponte, ancienne
procureur du TPIR, « s’il s’avérait que c’est le FPR qui a abattu
l’avion, l’histoire du génocide devra être réécrite. Bien que cette situation
n’atténue en rien la responsabilité des extrémistes Hutu dans la mort de
centaines de milliers de personnes, elle ferait apparaître le FPR sous un jour
nouveau. Le FPR a été jusque là considéré en Occident comme victime et comme celui
qui a mis fin au génocide » (Déclarations Publiques de Carla Del Ponte le 17 avril 2000 telles que rapportées par
Charles Onana in Silence sur un attentat: Le scandale
du génocide rwandais, 2003, p.77).
- Le massacre de Byumba,
fin Avril 1994 :
Il
est rapporté que pendant cette période, le FPR aurait massacré 20.000
civils innocents dans les secteurs Nyabisiga, Birenga, Zoko, et Gitumba de la commune Buyoga,
dans la commune voisine de Giti dans la
préfecture de Byumba, ainsi que dans les
communes Rutongo et Mugambazi
de la préfecture de Kigali. À l’école primaire de Shagasha
près de la paroisse de Muhazi se trouve une
fosse commune qui contiendrait 500 cadavres de civils innocents qui ont
été massacré et y ont été jetés par le FPR. Non
loin de là, derrière la maison d’un certain Burasiyo,
se trouve un terrain plat sur lequel le FPR a rassemblé les habitants des
villages environnants soi-disant « pour une réunion de sécurité et de
distribution de vivres » pour ensuite leur lancer des grenades et
leur tirer dessus, tuant toutes les 80 personnes qui s’étaient présentées.
Elles ont été enterrées là-bas dans une fosse commune, et ceux qui ont
creusé cette fosse commune ont à leur tour été tués. (Témoignages
recueillis auprès des témoins encore en vie).
- Le massacre sélectif des
intellectuels le 7 Avril 1994 : Dans le secteur Remera de la
ville de Kigali, le FPR a tué de façon sélective 121 personnes,
majoritairement des intellectuels Hutu ainsi que leurs familles entières,
sur base d’une liste préétablie. Parmi ces victimes se trouve l’ancien
préfet de Kigali, Claudien Habarushaka; l’ancien
préfet de Ruhengeri, Sylvestre Bariyanga et toute sa famille; Emile Nyungura et presque toute sa famille (son fils, le
chanteur Corneille, qui vit actuellement au Canada, est le seul
survivant); Emmanuel Bahigiki et toute sa
famille; Iréné Kayibanda,
fils de l’ancien Président Grégoire Kayibanda; Muhamud Rahamatar, Félicien Mbanzarugamba; l’ancien ministre Benoît Ntigurirwa et beaucoup d’autres. (Péan, Pierre, Noires
fureurs, blancs menteurs : Rwanda 1990-1994, 2005, p.249)
- Le massacre ciblé de jeunes à Kabuye en Avril 1994 : Il est rapporté que, à Kabuye près de la ville de Kigali, une équipe de
tueurs du FPR a massacré plus de 3.000 jeunes dans le seul mois d’avril 1994.
Les jeunes étaient recrutés par équipes successives dans l’armée du FPR. Aussitôt qu’on terminait de massacrer une équipe,
on en recrutait une autre et on disait aux jeunes que leurs prédécesseurs
avaient été promus et envoyés au front, ainsi de suite. (Abdul J. Ruzibiza, Rwanda, l’histoire secrète, 2005,
p.261)
- La boucherie de Kiziguro
en Avril 1994 :
À la paroisse de Kiziguro (préfecture de Kibungo à l’est du Rwanda), les miliciens Interahamwe ont massacré près de 1.000 Tutsi qui y
avaient trouvé refuge. Plus tard, l’armée Tutsi du FPR est arrivée et a
tué près de 10.000 Hutu qui s’étaient réfugiés dans les locaux de la
paroisse. (Péan, Pierre, Noires fureurs, blancs menteurs : Rwanda
1990-1994, 2005, p.263)
- Les corps flottants du mois de Mai 1994 : La plupart des cadavres qui
s’échouaient dans le Lac Victoria n’étaient pas ceux de Tutsi victimes des
Interahamwe, mais plutôt ceux de Hutu victimes
des soldats du FPR. Les personnes qui n’étaient
pas parvenues à fuir en Tanzanie avant l’arrivée de l’armée du FPR ainsi
que les réfugiés qui fuyaient l’avancée des rebelles et ceux qui étaient
terrorisés par le bruit des armes et une odeur insolite et nauséabonde de
corps brûlés, étaient tous raflés et tués au fusil, à la grenade ou au
moyen d’une petite houe usagée (« agafuni »
en Kinyarwanda) . Ensuite, leurs corps étaient,
soit empilés et brûlés, soit jetés dans la rivière Akagera.
Le 22 mai 1994, le gouvernement ougandais a d’ailleurs déclaré
« zones sinistrées » toutes les régions entourant le Lac Victoria,
pour des raisons de santé publique. (Péan, Pierre, Noires fureurs, blancs
menteurs : Rwanda 1990-1994, 2005, p.265).
La communauté internationale ne doit jamais perdre de vue le fait que l’armée
du FPR contrôlait totalement la région nord-est du Rwanda dès le début des
massacres en avril 1994 étant donné que les troupes des FAR (l’armée nationale
rwandaise d’alors) avaient fui en catastrophe aux nouvelles de la mort de
Habyarimana. La rivière Akagera traverse l’est et le
nord-est du Rwanda avant d’atteindre l’Uganda. Il a été régulièrement remarqué
que les corps qui arrivaient dans le Lac Victoria avaient l’air
« frais », ce qui signifiait qu’il ne s’était pas passé beaucoup de
temps après la mort des victimes, et que la plupart étaient ligotés dans le
style « Akandoya » ( un
mot ougandais qui signifie lier fermement les deux bras de la victime en
arrière jusqu’à ce que les os de la poitrines éclatent) qui est un signalement
du FPR.
L’on doit aussi garder en mémoire que le FPR encadrait et surveillait tous les
mouvements des étrangers dans la zone sous son contrôle. Les journalistes et
les représentants des organisations humanitaires arrivaient rarement à parler
aux citoyens rwandais dans les zones contrôlées par le FPR sans la présence
d’un de ses cadres. C’est pourquoi la plupart des informations fournies aux
médias étrangers pendant la guerre étaient fausses ou biaisées. Ce que nous
savons tous, c’est que le FPR a été très efficace dans le camouflage de ses
crimes et dans la manipulation des médias étrangers à son plus grand avantage,
y compris les plus connus et les plus respectés.
- La décapitation de l’église
catholique le 5 juin 1995 :
À Kabgayi, dans la localité de Gakurazo, 3 évêques (l’Archevêque Vincent Nsengiyumva de Kigali, l’évêque Thadée
Nsengiyumva de Kabgayi,
et l’évêque Joseph Ruzindana de Byumba), Monseigneur Gasabwoya,
ainsi que 9 prêtres, 1 Frère et 3 Sœurs ont été fusillés par des
militaires du FPR sous les ordres de leurs supérieurs. Dans les jours qui
ont suivi, le FPR a liquidé méthodiquement, un à un, toutes les personnes
dans les environs susceptibles d’être au courant de l’extermination de ces
membres du clergé. Ainsi, après avoir décapité le gouvernement et l’armée
Rwandais le 6 Avril, le FPR venait aussi de réussir à décapiter l’église
catholique Rwandaise à travers cet assassinat. (Venuste
Linguyeneza, Témoignage du massacre des évêques
en 1994)
Un peu plus d’un mois avant, le 23 Avril 1994 pour être exact, le FPR
avait perpétré un massacre collectif similaire de membres du clergé qui
résidaient au Petit Séminaire de Rwesero, sur la
rive ouest du Lac Muhazi à Byumba.
La tuerie s’est déroulée à Karushya, près de Rwesero, où les prêtres avaient trouvé refuge. Parmi
les victimes figuraient l’abbé Joseph Hitimana,
recteur du séminaire, les abbés Christian Nkiriyehe,
ancien recteur, Athanase Nkundabanyanga, Alexis Havugimana, Faustin Mulindwa,
Fidèle Mulinda, Célestin Muhayimana,
Augustin Muhayimana et Gaspard Mudashimwa, ainsi que les Sœurs Annonciata
et Carolla, les professeurs Elie Hatungimana et toute sa famille, Augustin Hakizimana et beaucoup d’autres. La vie de 50
personnes innocentes, au total, a été brutalement fauchée dans ce
massacre. (Léonard Nduwayo, Giti
et le génocide rwandais, 2002, p.172-177).
- Le massacre sélectif d’une famille
entière Hutu à Nyanza en Juin 1994 : L’ancien homme d’affaires Josias Mwongereza et toute sa famille de 48 personnes
ont été décimés en Juin 1994. Ils faisaient partie d’un plus large
groupe qui avait été raflé par le FPR à Buhanda
dans la préfecture de Gitarama et amené à Nyanza. Par la suite, le FPR a séparé les Hutu et les
Tutsi et a procédé au massacre des Hutu en utilisant de petites houes
usagées. Parmi les victimes figuraient Josias Mwongereza,
son frère Emile Mwongereza, leur frère le Dr. Eliab, ainsi qu’un autre de leurs frères qui était
ingénieur. Furent également tués Josine Mukamanzi, la femme du Dr. Eliab
qui était enceinte de 4 mois, le père de Josias Mongereza,
Josias Mukwikwi. Les sœurs de Josias Mwongereza, Francine Uwimbabazi
et Angelique Umulisa
qui avait 16 ans ont été également tuées. La femme de Jonathan Mukwikwi, Mme Gloria, une Hutu aux traits Tutsi, a été
épargnée et prise comme concubine par un officier du FPR, mais n’a jamais
pu se remettre de la mort de son mari. Elle a fini par être tuée à son
tour, avec son petit garçon de 5 ans. Les Tutsi qui faisaient partie de ce
groupe et qui ont été séparés des Hutu sont encore en vie.
- L’odieux massacre sélectif des Hutu évacués vers la
ville de Byumba en Mai, Juin et Juillet
1994 : Pendant
que le FPR menait une guerre d’usure contre les forces gouvernementales
autour de Kigali, beaucoup de ses équipes étaient soit-disant
occupés à « évacuer les civils déplacés et pris au piège pour les
conduire dans des endroits sûrs sous contrôle du FPR ». Les gens
étaient même encouragés à fuir vers les zones sous contrôle du FPR pour
échapper aux tueries des Interahamwe. C’est de
cette façon que beaucoup de civils qui étaient massés sur le terrain de foot-ball au stade Amahoro
et sur le centre commercial de Kabuga ont été
induits en erreur et ont cru qu’ils étaient en train d’être éloignés et
mis en « sécurité » dans la ville de Byumba.
À leur arrivée, les Hutu et toutes les autres personnes gênantes ont été
séparés des Tutsi et ont été tués. Jean Sibomana,
un employé de l’hôtel des Mille Collines, a fui vers Kabuga
et a même été recruté par le FPR avant d’être exécuté quelques semaines
plus tard. Une fille connue sous l’appellation de « Jeanne de Nyamirambo » était également dans la foule qui a
quitté l’hôtel des Mille Collines vers Kabuga.
Elle a été tuée par le FPR. Léonard Rudasingwa, un cadre supérieur de BRALIRWA, a fui vers
les soi-disant « zones sûres » sous contrôle du FPR, mais il a
été tué à son arrivée. Parmi les autres victimes de cette opération
criminelle figure Seburikoko, un entrepreneur
Tutsi de renom qui a été tué parce qu’il était membre du parti au pouvoir
MRND et proche ami du Président Habyarimana. Ont
été également tués le juriste Grégoire Kayinamura
et sa fille Oda, ainsi que l’ancien joueur de foot-ball dans l’équipe de Kiyovu
surnommé Pilote. Ce dernier a d’abord été forcé de témoigner sur les ondes
de la radio Muhabura du FPR qu’il avait été
sauvé des Interahamwe, avant d’être tué par ce
même FPR. Au total, plus de 2.500 civils Hutu
ont péri dans la ville de Byumba pendant 3
mois de massacres sélectifs. (Témoignages recueillis auprès de témoins
encore en vie).
- Le massacre des membres de ma
famille début Juillet 1994 à Murama en
Préfecture de Gitarama : Mon petit frère cadet Emmanuel Gasana, ma grande sœur aînée Nyirakabwa,
mes 2 cousins paternels Ngezenubwo et son épouse
Marthe ainsi que Simon Ngayabarambirwa et son
fils Karambizi, ont été tous brûlés dans la
maison du voisin Salathiel Binenwa
chez qui ils s’étaient réfugiés, avec lui et tous les membres de sa
famille. Plusieurs personnes ont péri dans cet incendie criminel.
Dans la même période, mon beau-frère Benjamin Nkurikiyinka,
qui résidait à Nyanza mais qui avait fui les
combats et s’était réfugié dans notre région, a aussi été assassiné par
les militaires du FPR. Toujours dans la même
période, un autre beau-frère du nom d’Eliel Rwagasana, a été tué par le FPR à sa résidence à Rusatira, en préfecture de Butare,
avec son père Mahalaliel Nsozerumpa
et son petit frère Gérard. Tous ces crimes abominables du FPR doivent être
enquêtés pour que leurs auteurs soient punis.
- Le massacre de sang-froid au mariage
de Mbazi le 1er Juillet 1994 : La famille de Mussa Kabwana du secteur Mwulire,
cellule Murambi, dans la commune de Mbazi de la préfecture Butare,
tenait une réception de mariage dans l’après-midi du 1er
juillet 1994 lorsque, entre 15h et 16h, une équipe avancée de soldats du
FPR conduite par un natif de la région (qui est actuellement un haut cadre
dans le gouvernement du FPR) est arrivée sur les lieux. Même le spectacle
jubilatoire des hôtes et des invités n’a pas pu venir à bout de la haine
et de la folie meurtrière des hommes du FPR : ils ont ouvert le feu
sur la foule, tuant sur le champ plus de 20 personnes innocentes avant de
regagner leur unité. Ce massacre a marqué le début d’une longue série de
vagues de répressions sévères et de tueries de vengeance à Mbazi et dans toute la préfecture de Butare. (André Guichaoua,
Rwanda 1994 : Les politiques du génocide à Butare,
2005, p.306)
- L’incendie sauvage de la résidence du sous-préfet
Placide Koloni et de sa famille à Ruhango vers la fin de 1994 : Dans les dernières semaines
de l’année 1994, l’armée du FPR a, au cours d’une nuit, encerclé la
résidence du sous-préfet Placide Koloni pendant
que toute la famille dormait, a répandu de l’essence partout, y a mis feu
et a monté la garde pour que personne ne puisse s’échapper, jusqu’à ce que
tout le monde, y compris les animaux domestiques, périsse dans les
flammes. Personne n’a été puni pour cet horrible crime.
- Beaucoup d’autres crimes : dont (1) l’élimination des
prisonniers de guerre, (2) la détention de personnes dans des containers
ou des maisons abandonnées, (3) l’enfouissement de gens dans des fosses
communes et la tenue de fours crématoires, (4) le largage de personnes
encore vivantes dans les trous de latrines, (5) la fusillade de civils non-armés au cours des réunions, des cérémonies de
mariage ou sur des places du marché et (6) l’utilisation de civils comme
boucliers humains ont été rapportés dans plusieurs zones que le FPR
occupait. Ils nécessitent tous une enquête complète et les auteurs doivent
être punis.
III. CRIMES DU FPR DU 1er
OCTOBRE 1990 AU 31 DÉCEMBRE 1993
Crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de génocide commis par
le FPR (du 1er Octobre 1990 au 31 Décembre 1993) :
- L’attaque contre la ville de Ruhengeri le 23 Janvier 1991 : Le FPR a lancé une attaque de nuit
contre la ville de Ruhengeri, occasionnant un
grand nombre de victimes et d’importants dégâts matériels. Le FPR a
ensuite ouvert les portes de la prison de Ruhengeri,
libérant plusieurs prisonniers et les enrôlant comme combattants dans ses
rangs. Il est également rapporté que durant la même attaque, le FPR s’est
livré à un important pillage de la ville et a jeté 400 personnes hors de
leur domicile, avant de les forcer à transporter le butin. Par la suite,
le FPR a procédé à l’élimination de ces 400 civils ainsi que de 100 autres
personnes autour de la ville pendant sa retraite vers la forêt
des volcans. (Abdul J. Ruzibiza, Rwanda,
L’histoire secrète, 2005, p. 132)
- Le massacre de Butaro
en Mai 1992 : À Rusasa, dans la commune de Butaro,
en préfecture de Ruhengeri, le FPR a attaqué à
des personnes déplacées sur une petite île, dans les marécages de Rugezi, détruisant leurs abris et tuant leurs chèvres
et leurs moutons. Au cours de cette attaque, 150 personnes auraient été
assassinées. (Témoignages recueillis auprès des témoins encore en vie)
- Les célèbres massacres de Ruhengeri et de Byumba le 8
Février 1993 :
Le FPR a lancé une attaque d’envergure dans plusieurs communes des
préfectures de Ruhengeri et de Byumba, tuant plusieurs personnes et causant des
dégâts considérables sur des biens publics et privés. Au cours de cette attaque,
le FPR a tué au total 24.400 personnes dans la préfecture de Ruhengeri et 15.800 personnes dans la préfecture de Byumba. (James K. Gasana,
Rwanda: du parti-État a l’État garnison, 2002,
p. 185)
- L’assassinat politique du 18 Mai 1993 : On rapporte que c’est le FPR qui
a assassiné Emmanuel Gapyisi, un éminent
dirigeant politique originaire du sud et vice-président du parti MDR. Il était l’un des leaders les plus clairvoyants
et les plus respectés du parti MDR. Son
assassinat a écarté un puissant opposant du FPR, car Gapyisi
était très critique des méthodes et des pratiques violentes de ce
mouvement rebelle. Par ailleurs, c’était un crime d’une témérité extrême,
capable de précipiter le pays dans une spirale de violence généralisée
entre les gens du sud et ceux du nord, surtout si les premiers venaient à
soupçonner ces derniers d’avoir tué leur homme. L’assassinat de Gapyisi fut parmi les premiers dans une vague
d’assassinats à travers tout le pays, visant des personnalités politiques
Hutu, dont des hommes d’affaires, des maires, des parlementaires, avant
d’aboutir à l’assassinat de Gatabazi et de
Bucyana, et culminant enfin par celui du
Président Habyarimana. Une enquête est indispensable pour faire la lumière
sur ces crimes une fois pour toutes.
- Autres crimes et actes
terroristes :
Au cours de l’année 1993, le Rwanda a connu une montée fulgurante d’actes
de banditisme armé, d’attaques à la grenade et d’explosions de taxis
minibus dans plusieurs régions du pays. D’après plusieurs témoins
crédibles, dont l’ancien officier du FPR le Lieutenant Abdul Rizibiza aujourd’hui exilé en Norvège, ces actes
étaient l’oeuvre de membres d’un commando et d’agents d’espionnage
appartenant tous au « réseau du FPR », qui n’avaient d’autre
mission que de semer la violence et l’insécurité dans le pays pour le
rendre ingouvernable, afin de renverser le gouvernement et de s’emparer du
pouvoir. (Abdul J. Ruzibiza, Testimony
of Abdul Ruzibiza, March 14, 2004)
IV. CRIMES DU FPR DU 1er JANVIER
1995 A AUJOURD’HUI (8 NOVEMBRE 2006)
Crimes de guerre, crimes contre l’humanité, et crimes de génocide du FPR (du
1er Janvier 1995 à aujourd’hui : 8 Novembre 2006) :
- L’effroyable massacre de Kibeho du 17 au 23 Avril 1995 : On estime à 4.000 le nombre total
des personnes massacrées sur les ordres du Général Major Paul Kagame quand les unités de son armée ont simultanément
ouvert le feu à tout hasard sur les hommes, les femmes, les enfants et les
vieillards, tous non-armés, dans le camp de Kibeho qui abritait quelques 100.000 déplacés internes.
Selon plusieurs rapports, Paul Kagame, alors
Vice Président et ministre de la défense, avait installé son quartier
général local dans Butare voisin en vue de
superviser de plus près les opérations de siège, puis de démantèlement
dudit camp. Il a fallu une nuit entière de travail ininterrompu pour
débarrasser les corps par camion en direction de la forêt de Nyungwe où ils ont été brûlés en masse (pour des
« raisons militaires et sécuritaires » plusieurs zones du site
avaient été entourées d’un cordon de sécurité) avant que les journalistes,
les observateurs indépendants ainsi que les moniteurs onusiens soient
autorisés par le FPR d’avoir accès au site. (Paul
Jordan, Witness to genocide – A Personal Account of the 1995 Kibeho
Massacre, 1998 ; Abdul J. Ruzibiza, Rwanda, L’Histoire Secrète, 2005)
Ce massacre fort médiatisé a été perpétré en toute effronterie par le
gouvernement du FRP, en présence du contingent zambien qui faisait partie du
personnel militaire onusien ainsi que des responsables de divers ONG venus
assister les déplacés, et plusieurs photos des massacres ont été prises et
rendues publiques. Dès lors, la simple question qui se pose est de savoir
pourquoi aucune enquête indépendante n’a été ouverte pour que les auteurs de ce
forfait soient officiellement identifiés et punis ?
- L’année 1996 : la plus meurtrière et celle des massacres tristement
célèbres des réfugiés rwandais au Zaïre (l’actuelle République
Démocratique du Congo) et de leur rapatriement forcé : L’Armée Patriotique Rwandaise (APR) a lancé l’opération
probablement la plus génocidaire et la plus brutale de l’histoire moderne
en attaquant les immenses camps de réfugiés à Goma
et à Bukavu au Zaïre, où 1 à 2 millions de réfugiés rwandais avaient élu
domicile. Il y a peu de doute qu’au sein de ces réfugiés se
trouvaient des gens ayant participé aux massacres ethniques au Rwanda 2
ans plus tôt. Mais l’Armée Patriotique Rwandaise, choisissant de mettre
coupables et innocents dans le même lot, a tiré au hasard sur les camps et
sur les foules de réfugiés non-armés en
débandade, surtout les femmes, les enfants et les vieillards qui étaient
les plus faibles et donc les moins à même de courir vite, traquant
plusieurs d’entre eux à l’intérieur de la forêt tropicale zaïroise comme
des bêtes sauvages, jusqu'aux villes lointaines de Tingi
Tingi et Mbandaka. De l’opinion générale, le
nombre des réfugiés rwandais qui ont péri dans toute cette opération est
estimé à 400.000. Parallèlement, l’Armée Patriotique Rwandaise a mis en
marche l’une des plus grandes opérations de rapatriement jamais
entreprises, en refoulant contre leur gré et par pont aérien, environs
700.000 réfugiés vers leurs communes d’origine à l’intérieur du Rwanda.
Ensuite, le FPR a procédé à une longue et criminelle campagne d’extermination
de ces rapatriés, au terme de laquelle à peu-près
50% d’entre eux ne sont plus de ce monde. Ces crimes affreux, au Zaïre
comme au Rwanda, ont été exécutés sur les ordres des chefs hiérarchiques
de l’armée du FPR. (Témoignages recueillis
auprès des témoins encore en vie ; Marie Béatrice Umutesi,
Fuir ou Mourir au Zaïre : Le vécu d’une réfugiée Rwandaise, 2000)
En
rapport avec ces massacres, le Centre International des Droits de la Personne
et du Développement Démocratique (CIDPDD) et l’Association Africaine pour la
Défense des Droits de l’homme en RDC (ASADHO), a tiré la conclusion
suivante : «Il apparaît de façon pertinente que le gouvernement
rwandais peut être tenu pour responsable des crimes de guerre, les crimes
contre l’humanité et les actes de génocide », dans un document
intitulé « rapport d’enquête de la commission internationale non-gouvernementale sur les violations des droits humains
en RDC (ex-Zaïre) 1996-1998 », 1998, p.78.
- Le carnage au mariage de Nyarutovu, la nuit du 18 au 19 Janvier 1997 : Dans la nuit du 18 au 19 janvier,
1997, l’armée du FPR a attaqué et tué tous les convives, y compris les
jeunes mariés et leurs parents, lors d’un mariage civil à Nyarutovu en préfecture de Ruhengeri
au nord, dans la résidence du Major Laurent Bizabarimana.
50 personnes ont été collectivement abattues cette nuit. Le Major Laurent Bizabarimana et sa famille n’étaient rentrés du Zaïre
que quelques mois auparavant lors du rapatriement forcé, et devenaient
ainsi victimes de la campagne brutale du FPR sur toute l’étendue nationale
visant l’élimination des «génocidaires » au sein des milliers de
rapatriés. (Témoignages recueillis auprès des témoins encore en vie)
- Les horreurs de la grotte de Nyakimana, du 23 au 28 Octobre, 1997 : Des rapports existent selon lesquels
les militaires de l’APR ont poursuivi et
massacré 8.000 civils non-armés, surtout des
femmes, des enfants, et des vieillards trop faibles pour courir, qui
s’étaient réfugiés dans la grotte de Nyakimana
en commune Kanama, pour se mettre à l’abri contre
une violente pluie de tirs et de bombardements aveugles de l’APR alors en cours dans la région. La réaction
immédiate de l’APR a été de larguer des grenades
ainsi que d’autres engins explosifs dans la grotte, avant de sceller
complètement son ouverture au moyen de rochers et de gravier pour que
personne ne puisse s’en échapper. (Amnesty
International, The dead can no longer be counted, report, December 1997)
- Le massacre des Hutu à Kayonza autour de Noël, du 23 au 25 Décembre
1998 : Dans
les heures du soir le 23 décembre 1998, un passager est sorti d’un taxi
minibus en provenance de Kigali près de la localité de Nyagatare,
et tout à coup il a sorti un fusil et a tiré plusieurs coups dans l’air
avant de disparaitre à toutes jambes dans les
collines avoisinantes de Ngarama. Le lendemain,
les populations locales se sont réveillées sur des barrières routières à Kayonza et à Musha, ainsi
que sur de grandes opérations de rafles militaires dans les communes
voisines de Ngarama, Muvumba,
Murambi, Kayonza, et Bicumbi. Tous les taxis en direction et en provenance
de Kigali étaient arrêtés et scrutés méthodiquement pour en sortir tous
les passagers Hutu, ensuite les taxis pouvaient alors reprendre le voyage.
Les malheureux Hutu étaient immédiatement exécutés sur place au moyen de
fusils ou de petites houes usagées, avant d’être chargés sur des camions à
destination du Mutara où des fours crématoires
fonctionnant à plein régime les attendaient. Plus tard, leurs cendres
étaient dispersées dans la forêt steppique du Parc National de l’Akagera. Les estimations portent à 5.000 le nombre
total des victimes innocentes exterminées au cours de cette opération
macabre de 2 jours, et parmi elles figurait le cousin direct d’un des
témoins. (Témoignages recueillis auprès des témoins encore en vie)
- Les campagnes de représailles
impitoyables contre Abacengezi (1997-2000), et
l’épuration ethnique de la région du Mutara
(1995 et après) :
A partir de 1997 jusqu’en 2000, le FPR a fait face à une flambée de raids
transfrontaliers en provenance de la RDC menés par les derniers éléments
de l’ancienne armée nationale s’identifiant sous le nom d’ « Abacengezi », c’est-à-dire « spécialistes en
incursions ». A chacune de leurs attaques, la réaction de l’APR était d’orchestrer une répression militaire
impitoyable sur les populations civiles, surtout dans les préfectures de Ruhengeri et de Gisenyi dans
le nord-ouest du pays, comme seul moyen de briser l’insurrection fortement
alimentée par beaucoup d’éléments originaires de ces régions. Au total, plus
de 50.000 personnes ont été massacrées dans plusieurs communes de ces 2
préfectures de 1997 à l’an 2000. En même temps, une partie des forces du
FPR s’est rabattue sur la région du Mutara au
nord-est pour parachever la sale besogne d’épuration ethnique des Hutu
entamée lors des campagnes précédentes. C’est ainsi donc que l’APR a décimé tous les Hutu natifs de la région, sans
épargner les autres Hutu qui avaient immigré en provenance d’autres
régions du pays à la recherche de nouvelles terres et de nouveaux emplois
dans les années 60, 70 et 80. La région du Mutara
en est devenue aujourd’hui le nouveau Tutsi-land
épuré du Rwanda, entièrement parsemé de fermes et de ranches à bovins
appartenant aux seuls éleveurs Tutsi. Plusieurs rapports indiquent qu’il
s’y est installé un élevage intensif caractérisé par une recherche
effrénée de pâturages, entraînant des activités d’empiètement grave
sur le Parc National de l’Akagera voisin,
et détruisant l’écosystème de la région ainsi que l’habitat naturel de
plusieurs espèces d’animaux sauvages. (Témoignages recueillis auprès des
témoins encore en vie)
V. AUTRES
CRIMES PRÉSUMÉS DU FPR
- Le crime de refuser aux malades le droit d’accès au
traitement médical à l’étranger : Depuis sa prise du pouvoir en juillet 1994, le FPR a
mis en place une politique criminelle de refuser systématiquement le visa
de sortie, en guise de punition, à toute personne jugée indésirable pour
plusieurs raisons, qui en a besoin pour un traitement médical à
l’étranger. Il s’agit essentiellement de gens qui ont osé critiquer soit
le gouvernement, soit l’armée, ou tout simplement ceux qui sont considérés
comme des opposants, etc. L’un des cas les plus frappants est celui de
Père André Sibomana, ancien rédacteur-en- chef
du journal indépendant Kinyamateka, et
ancien responsable intérimaire du diocèse de Kabgayi
après l’assassinat de son évêque Mgr Thaddée Nsengiyumva
en juin 1994. Il était défenseur invétéré de la justice sociale et
activiste des droits de l’homme, connu pour son éditorial qui dénonçait
toujours les abus du régime du FPR. Il ne lui a
jamais été permis d’aller se faire soigner auprès d’un expert médical à
l’étranger, et il a succombé au terme d’une longue maladie à son jeune âge
de 43 ans à Kabgayi le 7 mars 1998. Le Dr Jean Bagiramenshi, médecin vétérinaire qui avait travaillé
comme agent de l’Etat et plus tard comme expert consultant de la Banque
Mondiale, est une autre victime connue de cette politique du FPR. Il a souffert de multiples affections, y compris
le disfonctionnement des reins et la goutte, et aurait eu également des
problèmes de foie. A maintes reprises, il lui a été refusé d’aller se
faire soigner chez des experts médicaux en dehors du Rwanda à ses propres
frais, et lorsque sa dernière demande a été approuvée, c’était trop tard.
Il est mort en Belgique en 2005. Des enquêtes doivent être menées pour
déterminer le nombre de personnes qui ont été victimes de cette politique
criminelle. (Témoignages recueillis auprès des témoins encore en
vie)
- Les escadrons de la mort du FPR à la
chasse aux opposants à l’intérieur et à l’extérieur du Rwanda : Le 5 mars 1998, Seth Sendashonga, ancien ministre rwandais de l’Intérieur a
été assassiné à Nairobi au Kenya; le 6 octobre 1996, le Colonel Théoneste Lizinde et
l’homme d’affaires Augustin Bugirimfura ont été
assassinés à Nairobi; dans la nuit du 14 au 15 février 1999, l’ancien
Directeur Général de la Banque Continentale Africaine au Rwanda
(BACAR), Pasteur Musabe, a été assassiné à
Yaoundé au Cameroun. A l’intérieur du Rwanda, l’ancien président du
Conseil d’Etat, Vincent Nsanzabaganwa, a été
assassiné le 14 février 1997. L’ancien conseiller à la
Présidence de la République, Assiel Kabera, a été abattu le 5 mars 2000. Le 7 avril 2003,
l’honorable député Léonard Hitimana a été assassiné,
et aucune enquête n’a été conduite. Deux semaines plus tard, le 23 avril
2003, le Colonel Augustin Cyiza a été kidnappé
et tué. Edouard Mutsinzi, ancien Rédacteur-en-
chef du journal Le Messager à Kigali a été kidnappé, et passé à
tabac. Ses côtes ont été brisées, ses yeux arrachés et son cerveau
sérieusement endommagé à telle enseigne qu’il mène une vie végétative en
Belgique. Toutes ces victimes, soit avaient critiqué le gouvernement, soit
étaient perçues comme des témoins potentiellement gênants en possession de
grands secrets d’Etat. Les rapports existant mettent tous ces crimes et
beaucoup d’autres encore sous la responsabilité des membres de l’escadron
de la mort du FPR dont la mission est de mener à bien la sale besogne
contre les opposants du FPR se trouvant dans les différentes capitales du
monde. Ces crimes doivent être soumis aux enquêtes et les responsables
doivent être traduits en justice.
- L’utilisation cruelle et inhumaine
des prisonniers dans les opérations de déminage : Il a été révélé que le FPR aurait
envoyé des prisonniers à une mort certaine en les forçant à courir dans
des zones soupçonnées d’être parsemées de mines anti-personnelles que ses
propres combattants ainsi que ceux de l’armée déchue ont laissées
derrière, spécialement dans la région du Bugesera.
Ces allégations doivent être soumises aux minutieuses enquêtes en vue
d’engager des poursuites judiciaires contre les responsables. (Témoignages
recueillis auprès des témoins encore en vie)
- Le traitement cruel et inhumain et
l’exploitation des prisonniers rwandais dans la guerre du Congo au profit
du Président Rwandais Paul Kagame : Pendant la guerre du Congo et l’occupation
par l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) de l’est de la République
Démocratique du Congo, il a été souvent rapporté que des prisonniers
rwandais étaient envoyés en première ligne du front d’une violente guerre
d’occupation et d’exploitation de la République Démocratique du
Congo. D’autres innombrables rapports ont fait état de centaines ou même
de milliers de prisonniers rwandais qui auraient été envoyés dans les
zones occupées par l’APR au Congo pour des
travaux forcés dans l’extraction de minerais, en l’occurrence le coltan, l’or et le diamant, pour le compte des cadres
supérieurs militaires de l’APR, en commençant
par le Président Paul Kagame lui-même. Il
s’agit là d’une violation flagrante des lois internationales en matière de
traitement des prisonniers et d’un acte ignoble de fouler aux pieds la
dignité humaine. Une investigation complète et une poursuite judiciaire
des auteurs de ces crimes s’avèrent légitimes. (Témoignages recueillis
auprès des témoins encore en vie)
VI. OBSERVATIONS FINALES
- A la sortie du présent condensé des crimes commis par
le Président du FPR et par des éléments de son armée, je m’attends à un
torrent d’accusations farfelues, sans aucune preuve, selon lesquelles je
suis « révisionniste et négationniste du génocide rwandais », et
«je fais la propagande du divisionnisme et de l’idéologie génocidaire». La
communauté internationale doit se pencher sérieusement sur la question
d’une pareille politique de diabolisation, qui dans plusieurs cas finit
par se transformer en persécution pure et simple, et qui vise tous
les opposants réels et supposés, les défenseurs de la justice sociale, et
ceux qui critiquent l’action du gouvernement du FPR en matière de droits
humains, et prendre des mesures appropriées.
- Le présent condensé a été conçu dans un effort de
documenter les crimes accablants les plus rapportés et d’autres qui le
sont moins, qui ont été perpétrés par l’organisation du FPR à la fois en
tant que groupe rebelle et gouvernement à dominance Tutsi, en vue de
souligner sa part de responsabilité dans toute la tragédie rwandaise. Même
s’il cherche à mettre l’accent sur les victimes Hutu apparemment jetées
dans les oubliettes, ce document n’a aucunement la moindre intention de
minimiser de quelque manière que ce soit les préjudices graves subis par
les victimes Tutsi et Twa du génocide rwandais. Tous les fils et filles du
Rwanda, voire les étrangers qui ont péri dans cette tragédie, ont été une
terrible perte pour l’humanité qui doit assumer à leur égard le même
devoir de deuil et de mémoire, quelle que soit leur appartenance ethnique
ou raciale. Nous avons besoin de savoir avec certitude qui a
massacré les populations du sous-clan Tutsi des Bagogwe de Gisenyi entre
1991 et 1992. Nous avons besoin de savoir avec certitude qui a massacré
les Tutsi Banyamulenge et les Tutsi Bagobwe qui
avaient trouvé refuge au camp de Mudende en
août, novembre et décembre 1997. Nous avons besoin de savoir avec
certitude qui a tué les touristes Américains, Britanniques, Australiens et
Nouvelle-Zélandais en 1999 au Park National de Bwindi en Uganda. Qui a tué les volontaires Espagnols
au Rwanda en 1997 et au Congo dans les années suivantes ; qui a
kidnappé, mutilé et tué l’ancien ministre rwandais Juvénal Uwiringiyimana au mois de décembre 2005 avant de
larguer son corps dans un canal de Bruxelles ? Etait-il ou non une
autre victime de l’escadron de la mort du FPR en Europe comme cela a
été l’objet de suspicion ? L’objectif général de ce document est de
faire dissiper le grand nuage de mystère et de secret qui enveloppe la
tragédie rwandaise. Il s’agit de combattre la culture de l’impunité et
ramener une justice équitable au Rwanda: quiconque a tué un Tutsi doit
payer le prix de son forfait ; quiconque a tué un Hutu,
également ; quiconque a tué un Twa, pareil ; il en est de même
pour celui qui a tué un étranger, il doit en payer le prix.
- L’actuel Président rwandais Paul Kagame
est généralement considéré comme étant derrière l’attentat mortel contre
l’avion du Président Juvénal Habyarimana dans la nuit fatidique du 6 avril
1994. A cet égard, il est suspecté d’être le déclencheur du génocide
rwandais de 1994 et l’architecte du génocide d’après 1994. Kagame rejette catégoriquement ces allégations.
Cependant, la meilleure façon de réfuter les charges qui pèsent contre lui
et blanchir son nom de tout soupçon une fois pour toutes serait de
permettre la mise en place d’une enquête indépendante pour faire toute la
lumière sur ces crimes. Il est bien évident que Kagame
ne demandera jamais qu’une telle enquête soit faite, puisqu’il sait très
bien qu’il est coupable. C’est pour cette raison que nous demandons aux
Nations Unies de mandater le Tribunal Pénal International sur le Rwanda
pour enquêter aussi sur les périodes non couvertes par le mandat
actuel.
- Les préfectures de Byumba et Ruhengeri n’ont pas connu les vagues de tueries
génocidaires qui ont engouffré le reste du pays en avril 1994,
puisqu’elles étaient déjà sous contrôle du FPR.
Pourtant, la grande majorité des familles qui habitent actuellement dans
ces régions (à peu près 80% de tous les habitants de ces régions) sont des
veuves et des orphelins, qui racontent des histoires accablantes de la
mort de leurs maris et de leurs pères tués par le FPR.
Le gouvernement du FPR a refusé aux Organismes Non-gouvernementaux
(ONG) l’entrée dans ces zones pour assister ces familles gérées par des
veuves à se relever, et à réparer le tissu nucléaire familial et le tissu
social qui ont été complètement détruits. Les familles de ces régions qui
avaient un membre dans l’armée du gouvernement déchu ont été ciblées de
façon spéciale et ont été les plus durement frappées par le FPR. La simple question qui se pose est
celle-ci : pourquoi la communauté internationale est-elle restée
jusqu’ici aveugle face à une telle brutalité flagrante contre la vie
humaine ? Depuis 1990 jusqu’en 1994, 400.000 personnes tuées ont été
recensées dans ces régions. Qui les a tuées ?
- Beaucoup de rapports ont largement circulé selon
lesquels les membres de l’aile extrémiste du FPR à Kigali et dans d’autres
grandes villes avaient de larges dépôts d’armes dans leurs résidences, et
avaient creusé des fosses très profondes dans leurs jardins quelques mois
avant le génocide. Quel était l’objet de ces dépôts d’armes et de ces
fosses ? Il a également été rapporté que durant la période de
cessez-le-feu d’avant avril 1994, beaucoup de jeunes miliciens du FPR ont
reçu un entraînement intensif sur le maniement des armes à feu dans les
enceintes de l’immeuble du Conseil National de Développement (CND) qui
abritait le bataillon du FPR, et au quartier général du FPR à Mulindi. Ce n’est un secret pour personne qu’au même
moment où le parti MRND avait les milices Interahamwe,
le parti MDR avait les milices JDR (la Jeunesse pour la Démocratie
Républicaine) et le parti PSD avait les milices Abakombozi,
de son coté le FPR entretenait sa propre milice qui a d’ailleurs causé
autant de dégâts que les autres milices. Une enquête indépendante est
nécessaire sur ces faits, et des témoins sont disponibles pour témoigner
ouvertement.
- Les massacres qui ont eu lieu au Rwanda en 1994 ont été
qualifiés de génocide. Aujourd’hui, au Darfur,
les tueries sont dénoncées comme étant des actes de génocide.
Pourtant, les tueries massives qui ont eu lieu au Zaïre depuis 1996
jusqu’en 2001, et qui ont emporté plus de 4 millions de vies humaines
innocentes, n’ont pu être qualifiées que de tueries, tout simplement. Où
est la logique des choses? Une partie des auteurs du génocide
rwandais ont été punis, et tout semble indiquer que les auteurs du
génocide du Darfur le seront également, puisque
la mise en place du Tribunal Pénal International pour le Darfur est en cours. C’est vraiment une bonne chose.
Mais quand aurons-nous le Tribunal Pénal International pour le
Congo ? Quand les responsables des massacres du Zaïre seront-ils
poursuivis ? A défaut de qualifier de génocide les massacres du
Zaïre, peut-on au moins punir leurs auteurs? Il existe des pays dont la
population totale n’atteint même pas 4 million
d’habitants. Comment donc peut-on massacrer un si grand nombre de
populations et continuer de vivre en toute liberté le reste de sa
vie ? Pour notre part, nous savons sans aucun doute que ce sont les
forces du FPR qui ont commis ces atrocités. Vous, la communauté
internationale, pouvez-vous nous révéler celui que vous tenez pour
responsable de ces massacres à grande échelle ? Aux mêmes maux, les
mêmes remèdes.
- Actuellement, plus de 50% des détenus au Rwanda n’ont
pas de dossier criminel à leur charge, mais continuent à croupir dans les
prisons, à l’écart de toute vie active. Le gouvernement maintient ces
détenus en vie au moyen de maigres rations qui nécessitent des provisions
complémentaires venues de leurs familles, sinon ils meurent de faim –
c’est-à-dire quand ils ne meurent pas de torture qui sévit sous plusieurs
formes à l’intérieur des centres de détention partout dans le pays et dans
plusieurs endroits cachés réservés à cet effet. Dans la plupart des cas,
les femmes, y compris celles qui sont hautement éduquées, ne sont plus
capables de garder leur emploi rémunéré, car elles ont besoin d‘au moins
deux à trois heures par jour pour nourrir leurs maris en détention. Aucun
employeur n’acceptera de leur accorder de telles absences journalières.
Cela veut dire que pour 100,000 hommes mariés et en prison, il y a 100,000
femmes sans emploi, ce qui équivaut à 200,000 personnes qui ne contribuent
plus activement au développement économique du pays. Avec en moyenne 4
enfants par foyer rwandais, il s’agit au total de 400,000 enfants au
niveau national, dépourvus de guide parental et sans éducation suite au
manque de frais de scolarité. Et tout d’un coup, l’image sinistre de
l’héritage du régime du FPR se profile avec netteté : la
paupérisation et l’illettrisme de toute une génération de Rwandais. Si
ceci ne constitue pas en soi un acte de génocide, alors le génocide
n’existe pas. A franchement parler, il y a cinq principaux facteurs de
génocide: un mauvais leadership, une mauvaise presse, la culture de
l’impunité, la pauvreté, et le manque d’éducation. Actuellement,
tous ces cinq facteurs de génocide sont en place au Rwanda. Bref, le
comble de l’injustice au Rwanda peut se résumer de cette manière: beaucoup
de civils innocents de l’ethnie Hutu sont en prison, au moment où tous les
éléments criminels du FPR sont en liberté. Devant une telle situation, où
sont les Nations Unies ? La réconciliation n’est possible dans aucune
nation où une partie de la population beigne dans l’opulence au détriment d’une autre complètement assujettie.
- Joseph Matata, un fervent
défenseur rwandais des droits de l’homme qui dirige le Centre de Lutte
Contre l’Impunité au Rwanda dont le siège est à Bruxelles, a annoncé
que près de 100 officiers militaires des ex-Forces Armées Rwandaises (FAR)
sont en détention dans la prison militaire de Kibungo
depuis avril 1999. A peu près 37 autres officiers militaires des ex-FAR sont portés
disparus, tandis que beaucoup de leurs camarades d’armes ont été exécutés
sommairement [Rapport du 14 avril 1999]. Les partis politiques
« officiellement » reconnus au Rwanda fonctionnent actuellement
sous la tutelle du fameux “Forum des Partis” où le FPR règne en maître absolu.
Dans cette optique, une question se pose : Les Accords de Paix
d’Arusha, pourtant accouchés dans la douleur en août 1993 entre les
rebelles du FPR et le gouvernement rwandais d’alors, et qui appelaient à
la fusion des armées des deux parties belligérantes et à la liberté de
l’activité politique, auraient-ils encore une quelconque
importance ?
- Contrairement aux assertions du FPR, il n’y a pas de
paix au Rwanda. Ceci explique pourquoi beaucoup trop de Rwandais
continuent de prendre le chemin de l’exil vers les pays étrangers,
et se voient octroyer sans difficulté le statut d’asile et de
réfugié. Jusqu’à quand le FPR utilisera-t- il le génocide comme prétexte
pour étouffer la démocratie et asseoir la dictature la plus prédatrice
jamais connue jusqu’ici ? L’opposition politique est complètement
muselée. Pour combien de temps encore le peuple rwandais acceptera-t- il
de subir silencieusement une mort lente ? L’ancien Président de la
République Pasteur Bizimungu et ses
collaborateurs, notamment Charles Ntakirutinka,
pourrissent en prison pour avoir créé un parti politique. En toute vérité,
les prisonniers politiques, les prisonniers d’opinion, les prisonniers de
la haine, les prisonniers de race, etc., sont légion au Rwanda. L’on peut
citer notamment le Colonel Stanislas Biseruka,
le journaliste Dominique Makeri, et le Colonel
Patrick Karegeya. Vous, le TPIR, dont le mandat
original était entre autres de réconcilier le peuple rwandais, quel sera
votre héritage pour le Rwanda à l’échéance de votre mandat ?
- Le récent assassinat brutal de beaucoup d’hommes
d’affaires dont Fulgence Nsengiyumva de Gitarama, âgé de 49 ans, le 16 août 2006 par le
gouvernement du FPR, doit être condamné sans réserve. Sa femme est
persécutée pour avoir réclamé leur camion injustement confisqué, et leurs
cinq enfants innocents seront traumatisés pour le reste de leur vie. Les
récentes arrestations, les fouilles et les mises à nu incessantes de
vielles femmes en plein jour sur les places publiques par la police du FPR
comme une arme d’ humiliation en vue de forcer
toutes les femmes aux pieds nus de ne plus jamais pointer le pied dans un
marché public, sont odieux et doivent être condamnés avec la dernière
énergie. La campagne en cours visant l’expulsion des cyclistes et des
motards de toutes les villes, surtout Kigali, tout comme la campagne de
destruction de bananerais, constituent des actes de déprédation économique
contre le peuple rwandais par le gouvernement du FPR et ne mèneront qu’à
l’inanition certaine de la masse populaire. Ils doivent être condamnés
avec véhémence. La campagne en cours visant à expulser de la ville de
Kigali tous les pauvres, tous les orphelins du SIDA, toutes les veuves de
guerre et tous les invalides de guerre, est criminelle. Elle a d’abord
commencé comme un simple souci d’éloigner de la ville enfants de la rue
dont pourtant la plupart sont des orphelins de guerre et de génocide. Ce
fut ensuite le tour des va-nu-pieds, ensuite ceux qui portent des
sandales et des babouches, ensuite les piétons, ensuite les cyclistes, et
enfin les motards. Qui va suivre ? Il se dessine clairement un modèle
d’exclusion criminelle qu’il faut absolument condamner. Mais l’autre
vérité, c’est que cette campagne dissimule une tentative vide de sens des
dirigeants du FPR de faire miroiter aux yeux des visiteurs et des
donateurs l’image trompeuse selon laquelle le Rwanda en général et Kigali
en particulier seraient bien gérés pour mériter davantage de subsides
d’aide au développement. L’expulsion de ces pauvres gens de la ville sans
tenter d’extirper les causes premières de leur misère, trahit, non sans
ironie, une approche au développement qui évoque la notion classique
d’étalage en vitrines, de sépulcre blanchi, et de tirage de rideau sur des
questions pertinentes, sans que cela puisse en rien venir en aide à un
quelconque rwandais pauvre. Cela ne pourra pas duper non plus un seul pays
donateur étranger. La simple question à poser aux Nations Unies est donc
la suivante: pourquoi les Rwandais sont-ils pris pour des jouets,
persécutés et tués de la sorte par leur propre gouvernement et rien
n’est fait à cet égard ?
- Finalement, en quoi consiste l’immunité
présidentielle ? Elle semble consister en ceci qu’on peut tuer
tous les gens que l’on veut et à sa guise sans s’inquiéter le moindrement
du monde sur d’éventuelles conséquences, pour aussi longtemps qu’on est
président de tel ou tel autre pays ! Nous sommes bien au 21ème
siècle, et assurément l’humanité est capable de concevoir de
meilleures lois.
VII. CONCLUSION GÉNÉRALE
La présente
liste des crimes du FPR est loin d’être exhaustive. Il existe des rapports
faisant état de crimes innombrables du FPR avant l’année 1994, au cours de
l’année 1994, et après l’année 1994, tels qu’il n’a pas été possible de les
inventorier tous dans le présent document. A titre d’exemple, dans la petite
ville de Muhura à l’est du pays, alors que le FPR
venait d’entamer la marche finale sur Kigali au printemps de 1994, le Général
Paul Kagame aurait non seulement ordonné à ses hommes
de tirer sur des foules de populations déplacées par la guerre, mais les aurait
lui-même personnellement arrosées de balles à l’aide de sa mitrailleuse. Une
enquête sur ce massacre s’impose, et les témoins sont prêts à tout raconter.
Actuellement, il
se passe sur tout le territoire national un crime généralisé et sponsorisé par
le gouvernement du FPR contre une grande partie de la population rwandaise,
particulièrement les Hutu, sous la forme des fameux Tribunaux Gacaca. Il s’agit en réalité d’une tentative du
gouvernement du FPR d’incriminer le plus grand nombre possible de rwandais en
leur collant l’étiquette de « tueurs » ou de
« génocidaires », les reléguant ainsi au ban de la société en
en faisant une caste de citoyens de deuxième classe, autrement dit des
« intouchables ». Les procès Gacaca sont
une tradition rwandaise séculaire de l’ordre des délits mineurs dont le but
était justement de trancher de simples disputes comme des vols de vache(s), de
chèvre(s) ou de poule(s), ou alors de petits différends fonciers entre voisins.
Par sa nature, un procès Gacaca ne requiert pas que
juges et jurés aient une formation et des diplômes universitaires pour siéger
avec compétence, au-delà du simple bon sens. En revanche, le crime de génocide
dans sa nature est d’un degré de gravité tel qu’il ne peut pas être proprement
décidé dans un procès Gacaca par des juges et des
jurés à peine lettrés sans qu’il soit banalisé.
Le système
judiciaire en place au Rwanda veut que les détenus fassent un aveu d’homicide
en échange d’une libération éventuelle. Après la libération, les détenus
comparaissent devant un tribunal Gacaca de leur
ressort et doivent non seulement confesser et expliquer leurs crimes, mais
aussi dévoiler et dénoncer d’autres criminels. Sans quoi, leur déposition est
qualifiée de demi-confession inacceptable sanctionnée
par le retour en prison. Dans d’autres cas, on introduit comme par enchantement
des témoins à charge pour des crimes que les accusés n’ont jamais commis.
Manifestement, il y a, de la part du gouvernement du FPR, un effort indéniable
d’humilier et d’exterminer toute une race. Moi, Paul Rusesabagina,
je connais personnellement des cas précis où il en a été ainsi. La communauté
internationale est interpellée pour qu’elle condamne un tel système odieux et
exige son abolition immédiate.
En résumé, voici
la triste réalité du problème rwandais : le génocide et les autres crimes
commis à partir du 1er octobre 1990 jusqu’au 5 avril 1994, le
génocide et les autres crimes commis du 6 avril 1994 au 4 juillet 1994, et le
génocide et les autres crimes commis du 5 juillet 1994 à l’heure actuelle,
étaient et restent le résultat d’une confrontation féroce entre d’un coté les
extrémistes Hutu qui détestaient les Tutsi minoritaires et voulaient les
éliminer au moyen de machettes, lances et gourdins, grenades, et mitrailleuses,
et d’un autre coté l’armée du FPR qui détestait et déteste encore les Hutu, et
voulait et veut toujours les tuer en masse au moyen de mitrailleuses, grenades,
petites houes usagées, fosses communes, fours d’incinération, ligotages, et des
disparitions organisées. Alors que les meneurs du premier groupe ont été
arrêtés et poursuivis en justice par le TPIR, les barons du deuxième conservent
leur liberté et jouissent d’une impunité totale.
C’est là le
noyau de la triste réalité de la tragédie rwandaise, et tant qu’il n’y aura pas
de justice équitable pour résoudre ce différend fondamental, la paix et la
réconciliation entre rwandais resteront irréalisables pendant plusieurs années
encore.
La justice
équitable est une condition sine qua non de la réconciliation. Tous les
peuples du monde, les rwandais y compris, ont un droit inaliénable à la vie, à
la démocratie, et à la liberté. Tout effort visant à réconcilier le peuple
rwandais sans passer par un dialogue franc, honnête, et sincère aboutira
toujours au même résultat : les confrontations interethniques.
En dernière
analyse, les Nations Unies, le TPIR, et l’humanité toute entière, nous avons
tous ensemble écrit notre nom dans le recueil de l’histoire de la tragédie rwandaise.
Avant la colonisation, le Rwanda était divisé entre maîtres et esclaves. Après
la colonisation, le Rwanda s’est retrouvé plus divisé qu’avant. De 1990 à
l’heure actuelle, les divisions entre rwandais ont atteint leur comble. Dès
lors, où va la société rwandaise ? Sommes-nous vraiment sûrs d’avoir
épuisé toutes les possibilités de faire régner au Rwanda la paix et la réconciliation véritables, afin que l’histoire se montre
clémente à notre égard quand viendra l’heure des comptes ?
Rwanda-info. net