La justice factice du TPIR
Dans une entrevue exclusive, Robin Philpot s’entretient avec Raphaël Constant à l’émission
L’effet versant, sur les ondes de CIBL, le 5 janvier 2009. Avocat martiniquais, Raphaël Constant a
défendu Théoneste Bagosora
devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Dans le jugement
du 18 décembre 2008, le TPIR a déclaré M. Bagosora
non coupable d’avoir planifié le génocide. Aucun des 40 supposés éléments
présentés par le procureur pour prouver la planification n’a été considéré
comme probant par les juges. Toutes les «preuves», recueillies ou fabriquées
essentiellement avec la complicité du FPR de Paul Kagame,
ont été rejetées par les juges. Bref, il n’y a pas eu de préparation du
génocide, conclut le TPIR après sept années de procédure. Malgré ce jugement, certains médias ont
continué de qualifier M. Bagosora de «cerveau du
génocide». Or, il a été condamné à l’emprisonnement à perpétuité strictement
pour des actes commis entre le 6 et le 9 avril 1994, non pas par lui,
mais par des gens qui étaient supposément sous ses ordres, ce que Raphaël
Constant conteste énergiquement. Raphaël Constant dénonce la justice factice du
TPIR, où aucun Tutsi, ni aucun sympathisant ou membre du FPR ne peut être
accusé, ni même contraint à témoigner, où la défense s’est vu interdire l’accès
aux dossiers de l’État rwandais et où de nombreux témoins sont tout simplement
des suppôts du FPR. Raphaël Constant n’a reçu aucune demande
d’entrevue de la part des médias québécois ou canadiens avant son entrevue avec
Robin Philpot. Entrevue avec Raphaël Constant Mon client a été arrêté en 1996 et
n’aura eu un jugement que douze ans après.
La défense s’est vu refuser le droit d’interroger un témoin important, Marcel
Gatsinzi, qui était alors le vrai responsable,
puisqu’il est entré en fonction le 7 avril 1994 en tant que chef
d’état-major de l’armée. Aujourd’hui, Marcel Gatsinzi
est ministre de
C’est complètement scandaleux. […] Le procureur devait
commencer son procès en 1997, mais il n’a été en état de formuler des éléments
de preuve, que je contestais, que sept ans plus tard. […] On
nous a ramené des témoins qui, très souvent, avaient été incarcérés au Rwanda
et avaient été libérés dans des conditions éminemment suspectes. Ils venaient
tenir des propos qui auparavant n’avaient jamais été entendus par quiconque. […] On a accusé par exemple le colonel Bagosora
d’avoir envoyé des télégrammes. Il était très simple de savoir s’il les avait
envoyés. Il suffisait d’avoir accès au service de transmission.
Nous n’avons jamais pu avoir accès au service de transmission. […] Hors de la chambre d’audience, il y avait une
disproportion des moyens entre, d’un côté, un procureur allié à un État et, de
l’autre côté, une équipe de défense de sept personnes. […] Nous
n’avons jamais pu avoir tous les moyens pour assurer la défense du colonel Bagosora.