Les
grands absents du sommet de l‘UA
Le 31ème sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine s’achève ce lundi à Nouakchott, en Mauritanie. Seulement une vingtaine de chefs d’État sur les 55 ont fait le déplacement. Pourquoi ces absences?
En
plus du thème principal du sommet, la lutte contre la
corruption, il a été également
question de la réforme institutionnelle de
l’institution panafricaine pour lui garantir une autonomie
financière. Sur les
30 chefs d’État attendus, 25 ont fait le
déplacement de Nouakchott, soit moins
de la moitié des pays du continent. Parmi les grands
absents, l’Angolais João
Lourenço, qui selon nos informations est attendu
mardi (3 juillet) à
Strasbourg en France, Joseph Kabila de la RDC,
l’Égyptien Abdel Fattah al-Sissi,
ou l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara, qui a fort
à faire avec une situation
politique et sociale interne volatile, notamment avec la
série d’inondations
qu’a connue le pays.
Initialement
annoncé, le roi du Maroc, Mohammed VI était
également absent au Palais des congrès Al
Mourabitoune, où se tenait ce
sommet. Le Béninois Patrice Talon, peu coutumier de
ces grands-messes
depuis son accession au pouvoir en 2016, n’était
pas là non plus.
La
méthode Kagamé contestée ?
Selon,
Francis Laloupo, ces absences pourraient être
liées au président actuel de
l'UA, le chef de l'État rwandais. "Il
y a quand même un sentiment qui est très
présent depuis six mois au sein
de l'UA. C'est que Monsieur Kagamé ne fait pas
l'unanimité auprès des chefs
d'États africains estimant que c'est quelqu'un qui a un
comportement un peu
solitaire, n'est pas forcement à l'écoute de ses
pairs",
analyse t-il.
"Cela,
peut effectivement aussi créer quelques frictions.
On peut insister surtout sur cette autonomie financière que
recherche désormais
l'UA, notamment par la mise en place de cette fameuse taxe sur les
importations. D’autres sont encore réticents. Les
pays qui d'habitude
traînaient les pieds pour apporter leur contribution
obligatoire à l'UA seront
certainement les derniers à se rallier à
cette cause", ajoute
le journaliste et enseignant en géopolitique et
relations internationales.
Le
président rwandais, chargé par ses pairs de
piloter les
réformes de l’institution panafricaine, a
proposé des mesures fortes, lors de
ce sommet de Nouakchott. Paul Kagamé a
préconisé la prise de sanctions
immédiates contre les pays qui n’honoreraient pas
leur contribution.
Les
États sanctionnés verraient leur participation
aux sommets de l’UA suspendue et
ne seraient pas soutenus s'ils briguent un poste à
l’international. Ce qui, a
priori, ne devrait pas arriver au Rwanda, dont la chef de la diplomatie
est
candidate au secrétariat général de
l'OIF et a déjà obtenu le soutien de Paris.
À
Nouakchott, le président du Rwanda Paul Kagame a
sollicité le soutien de
ses homologues à la candidature de sa ministre des Affaires
étrangères, face à
la Canadienne Michaëlle Jean, en poste depuis quatre
et qui souhaite
briguer un autre mandat à la tête de l'OIF.
Le
budget de l’UA dépend à
plus de 50% des bailleurs de
fonds internationaux, et ses programmes sont financés
à près de 97% par des
donateurs extérieurs. C’est pourquoi la
réforme a prévu le
prélèvement
d’une taxe de 0,2% sur des importations de chacun des
États membres.
Zone
de libres échanges
Lancée
officiellement le 21 mars 2018 à Kigali, la
création d’une zone de
libre-échange a été au
cœur des débats. La ZLEC représente un
marché de
plus de 1,2 milliard de personnes en Afrique.
Depuis
son lancement, la zone de libre-échange a
été approuvée par 44 des 55 pays
membres de l’UA.
Dimanche,
cinq nouveaux pays y ont adhéré :
l'Afrique du Sud, la Sierra Leone, la Namibie, le Lesotho et le Burundi.
En
plus des quatre pays qui ont déjà
ratifié l'accord
(Ghana, Kenya, Rwanda, Niger), Tant disque deux autres ont
déposé leurs
instruments de ratification auprès de l'Union africaine. Il
s’agit du Tchad et
Eswatini (ex-Swaziland).
Pour
son entrée en vigueur, il faut qu’au moins
vingt-deux pays la ratifient.
Date 02.07.2018
Auteur Eric
Topona